trelien. Chacun regagna sa chambre; bientôt après,
le plus profond silence régnait à bord de la Bonite.
V a lp a r a i so au Min i s t r e su r la n a v ig a t io n d e la Bonite
d e p u i s M o n t e v id e o . Il étai t d é jà ta rd q u a n d il p o s a la
Le c o m m a n d a n t p ro fite des p rem ie rs m om en ts de b e a u tem p s p o u r p ré p a re r u n ra p p o rt
au M in istre s u r les c irc o n sta n c e s d e sa tra v e rsé e .
C’était l’heure où le commandant, retiré dans sa galerie,
s occupait à résumer sommairement les événements
de la journée et les remarques qu’il avait eu occasion
de faire, ou bien encore à rédiger sa correspondance
officielle. Cette tâcbe quotidienne n’était pas toujours
agréable. Plus d’une fois, pendant les gros temps
des mers glaciales , tandis que le froid engourdissait ses
mains, et que les violents roulis du navire le forçaient
à se cramponner à sa table, il eût voulu pouvoir s’en
dispenser. « C’est vraiment un supplice (dit-il en plusieurs
endroits de son journal particulier') que d’être
obligé d’écrire par un temps pareil. »
Mais ce soir-la la mer était tranquille, le bâtiment
glissait doucement sur les flots, et le calme de la nature
favorisait le travail de la pensée. M. Vaillant en profita
pour commencer le rapport ' qu’il comptait envoyer de
Ce rapport, contenant toutes les observations nautiques auxquelles
la traversée donna lieu , je crois devoir le transcrire ici textuellement,
en supprimant seulement les passages qui ne se rapportent pas à la
navigation.
« Le 28 avril, de grand matin, les vents .ayant varié à TOiiest, j ’en
ai profité pour mettre sous voiles en même temps que la corvette
la Thisbé, qui se rendait à Rio-Janeiro. Dans la journée, les venls
ayant fraîchi en variant du S. O. au S. S. O., je forçai de voiles et lis
gouverner au S. E., afin de m’éloigner promptement des abords de la
Plata, toujours à redouter à cause de ses p.amperos, dont j ’avais
éprouvé la violence dans les deux coups de vent de S. 0. que nous
avions reçus avant d’entrer dans ce fleuve.
« Jusqu’au 3o, les vents continuèrent à souffler du S. O. au ,S. S. O .
( nous nous trouvions alors à 55 lieues dans l’Est dos côtes de la république
de Buenos-Ayres). Mais dans la nuit du 3o, les veuts ayant
passé au S. E., je lis changer d’amures pour nous rapprocher des côtes
de Patagonie, mon intention étant de les prolonger pour passer pdr le
détroit de Lemaire. En cas de vents contraires, je devais diriger ma
route entre les Malouines et l’île des États, étant bien décidé à lutter
contre des vents de S. O. à l’Ouest, pendant plusieurs jours s’il le
fallait, pour passer dans l’Ouest des premières de ces îles. Je pensais
alors, et c’est ma conviction intime maintenant, qu’il est d’une grande
importance pour les bâtiments allant doubler le cap Horn, de ne
point passer dans l’Est des Malouines; la raison en est qu’ils doivent
s’attendre à y trouver une mer énormément grosse, avec les vents du
S. O.auS. S. O qui les auront empêchés d’en passer dans l’Ouest, surtout
si ces vents ayant quelque durée, ils se trouvent dans l’obligation
de prolonger la bordée du S. E. De plus, si l’on considère que daus
ces parages tempétueux, où .1 est si diflioile de faire du chemin à
l’Ouest, ils auront perdu au moins en longitude, on sera
convain’cu du grand avantage de passer entre les Malouines et la
terre des États.
. Jusqu’au 8 mai, les vents ayant régné en forte brise du S. E. à
l’Ouest en passant par le Nord, nous avons pu prolonger, avec des