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60 VOYAGE
prise par le calme ; enfin, sur les dix heures du soir ,
nn vent léger de l’E. N. E. permit de faire route directement
pour atteindre le cap de Gâte, qu’on aperçut
le lendemain à quinze milles de distance. Ce cap est
remarqualfie par une grande tache blanche qui se distingue
de loin , et qui ne ressemlîle pas mal à une voile
de bâtiment.
La route fut alors dirigée veis le milieu du détroit
de Gibraltar. M. Vaillant espérait le franchir, dans la
matinée du jour suivant, à l’aide d’une jolie brise
d’E. S. E. An coucher du soleil, le mont aux Singes
paraissait dans le N. O. ; mais en ce moment le vent,
jusqu’alors favorable , tomba tout à coup pour faire
place immédiatement après à une brise de S. O . , qui
vint pendant quelques heures ébranler la confiance du
commandant. Ce ne fut toutefois qu’une fausse alarme;
car, vers onze heures, la brise ayant repris sa première
direction , continua dès lors à souffler en augmentant
de force , et poussa rapidement ta Bonite vers l’embouchure
du détroit, où elle s’engagea le i4 février, à
dix heures du malin.
t'i fé v rie r. E n tré e d a n s le d é tro it de G ib ra lta r.
De nombreux exemples semblent justifier l ’opinion
assez généralement répandue, que mille difficultés attendent
â l’entrée du déli’oit les navires sortant de la
Yléditerranée. M. Vaillant ne se rajipelail pas sans inqiiiétilde
que la corvette LAstrolabe, quelques années plus
tôt, avait été l etenue cim|uante jours entiers dans la baie
d’Âlgésiras, avant que des vents favorables lui permissent
de franchir ce passage. La succession de calmes et
de brises contraires, qu’il éprouva d’abord liii-méme,
n’élait pas faite pour le rassurer contre les chances
d’nn pareil sort. Cependant l’événement démentit cette,
appréhension, et la Bonite offrit aux partisans de 1 opinion
contraire un exemjile â ajouter aux faits qu ils ont
coutume d’alléguer à leur tour, pour prouver que la
sortie de la Médilerraiiée n’est pas plus difficile que celle
de la Manche ou du golfe de Gascogne. Je n’examinerai
point ici quel est de ces deux sentiments celui qui mé-
l'ite la préférence; la question n’est pas de mon ressort.
Toutefois, comme on cite de part et d’autre a peu près
un égal nombre d’exemples contraires, je serais porté
à penser qu’on ne doit pas trop se préoccuper de la
difficulté de sortir de la Méditerranée ; mais que, prévenu
de rinconslance du temps et du vent dans cette partie,
un capitaine fera sagement de se tenir toujours prêt a
profiter des plus petites brises favorables; sans se décourager,
si parfois la direction du vent tourne momentanément
contre lui.
Si les navigateurs diffèrent d’avis sur le plus ou moins
de facilité à franchir le détroit de Gibraltar, il est un
point sur lequel ils s’accordent tous : je veux parler de
l ’agitation à peu près constante des flots dans cet étroit
passage. La Bonite, le franchit avec rapidité, mais non