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sans taliguei' beaucoup, l.e vent soufflait avec violence;
la ruer, très-grosse, se soulevait eu lanie.s énormes; la
corvette, bien cpi’allégée (rime partie de ses voiles,
semblait jiartager l’impatience de ceux qui la conduisaient,
et fiiii- devant le temps plutôt que de subir son
impulsion. Sa vitesse déjiassait dix milles. Aussi se
. trouva-t-elle, après deux heures de marche, dans les
flots de l’Océan, faisant route pour Cadix , où elle devait
relâcher.
C o u p (l’oe il s u r l’K spagtic.
Laissons-la poursuivre sa course, et jetons en passant
un regard sur ces côtes d’Espagne, dont le panorama
se déroule rapidement à nos yeux. Je n’ai pas
l’intentiorr de décrire ici ni Gibraltar, ce roc sirperbe
oîi le lion anglais esl venu se poser à la garde du détroit;
ni Algésiras qui l’avoisine, et (pii conserve encore
le souvenir du combat des frégates françaises la Guerrière
el la Galatée; ni Tarifa, jadis célèbre par ses salines,
el toujours remarquable comme le point le plus méridional
des côtes de la Péninsule. Je ne veux pas non
plus raconter les événements importants que rappellent
ces lieux, encore moins aborder les considérations politiques
qui s’y l’attachent. Mais est-il possible de fermer
les yeux, en franchissant, fùl-ce avec la rapidité de la
flèche, ces anciennes limites du monde? de rester fioid
au spectacle imposant ipi’elles présenteut au navigateur,
aux souvenirs ([u’elles réveillent?
Dès qu’on signala sur la Houitc la cime du rocher qui
fut jadis une des colonnes d’Hercule, officiers et passagers
se pressèrent à l ’envi sur le pont de la corvette.
Les uns, armés de leurs crayons, se disputaient le plaisir
de reproduire par le dessin l’image si souvent tracée de
ses flancs, taillés à pic par la nature, crénelés par la
main de l’iiomme, et transformés ainsi en un vaste front
de forteresse, hérissé de nombreux canons. D’autre.s
rappelaient les grandes révolutions dont ce géant de
pierre fut l’impassible témoin : la domination des Maures,
dont l ’image est restée gravée sur les monuments,
moins encore penl-êlre que daus les moeurs des habitants
de celte partie de l’Espagne; les exploits des roi.s
chevaliers, qui purgèrent le sol de Flbérie des derniers
débris de l’islamisme , et poursuivirent jusque sur la
côte d’Afrique la puissance du croissant, désormais exclue
pour toujours de la patrie du Cid; l’extension du
pouvoir de l’Église, rival du pouvoir des rois et dominant
par l ’inquisition sui- nue population superstitieuse;
la politique de I.ouis XIV , raltacbaut, par un traité habilement
préparé, l’Espagne à la couronne de France;
le glaive de Napoléon, asservissant ce royaume an sceptre
improvisé de son frère; Ferdinand, recouvrant en
i8i4 un trône désormais moins solide et déjà miné par
les id(^es d’indépendance qu’avaient semees en se retirant
les armées françaises ; ces germes fermentant etpro