à midi, la péninsule de Saint-Joseph était à 55 lieues
dans ro . i/a N. de la corvette. Dans ces parages, les
oiseaux , jnsqne-Ià fidèles compagnons de nos voyageurs,
disparurent entièrement; deux baleines étaient
venues à leur place escortei' la Bonite; on les vit pendant
quelque temps se jouer en avant à petite distance,
comme pour la défier à la course, puis disparaître dans
le lointain.
Le 5 mai, les damiers étaient revenus, mais les damiers
seulement; plusieurs furent pris à la ligne. On
se trouvait alors à 6o lieues dans l’O. 1/2 S. du port
Désiré. En cet endroit la mer était couverte de longs
rameaux de fucus giganteus, dont un fragment put être
saisi; il était émaillé d’une multitude de mollusques
polyvalves, dont les coquilles blanches ressemblaient à
autant de fleurs épanouies sur cette plante marine.
Cependant le baromètre baissait et présageait déjà le
retour des tempêtes. Le vent augmenta de force dans la
nuit du 5 au 6 mai; la mer commençait à grossir; d’épais
nuages noiis, s’élex-ant de l’horizon du côté du N. O.,
cachèrent bientôt le ciel, et ne permirent pas ce jour-là
de vérifiei' par des observations méridiennes la position
de la corvette. L’approche des Malouines aurait pourtant
rendu ces observations précieuses, car les courants,
dont l’action élait chaque jour révélée par la différence
remarquée entre la marcbe estimée et la position réelle,
pouvaient rejeter la Bonite sur les Malouines, au moment
où on les supposerait loin dans l’Est. M. Vaillant,
pour prévenir ce mécompte, avait du reste pris soin
de diriger sa route de manière à passer à 2Ô lieues an
moins en dedans de ces îles , et cela lui réussit.
A v arie su rv e u u e a u sillom ètre.
Le sillomètre, qui jusque-là avait servi à eslimei’, concurremment
avec le loch, la marcbe du bâtiment, fut
trouvé en très-mauvais état quand on le i-etira de lean
à midi. Une pièce essentielle de son mécanismeavait disparu
; en sorte qu’il fallut renoncer à l’usage de cet
instrument, dont an surplus les indications s’étaient
trouvées presque toujours inférieures à ce que le locb
accusait.
L e fro id c om in eu ce à se fa ire s e u tir.
La température , assez douce jusqua ce moment,
commença à baisser d’une manière assez sensible,
quand on atteignit les environs du 5o® degré de latitude ;
l’équipage souffrit un peu de ces premiers froids, qui
lui valurent cependant un supplément de vivres, accordé
conformément aux règlements pour tout le temps
que/a Bonite devait passer dans les latitudes élevées où
fou entrait alors.