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(|uelqiie cliose d’imposaiU ipii saisit l’âme d’im senti-
ment ineiTable d’admiration et de respect , que nulle
description ne saurait produire.
El quel e s t , en effet, le récit qui ue semblerait pâle
et glacé au voyageur arrivant le soir sur celte rade de
dix lieues d’étendue, quand, sur le fond d’un ciel pur ,
légèrement coloré d’orange et de rose par les rayons du
soleil coucbaut, il voit se dessiner dans des flots de lumière
les gracieuses ondulations des montagnes élevées
(pii forment son enceinte?
Quelle plume aurait pu lui peindre la ricbesse velou-
t(-e des immenses forêts étendues sur cette terre fertile ,
comme un manteau, tombant en larges plis des plus
liantes cimes jusqu’au rivage de la mer ? et , sur un des
pans de ce manteau superbe, qu’émaillent, comme autant
de perles, une foule de cbarmantes villas : la cité
favorite de Sainl-Sébastien , pareille à une jeune baigneuse
blancbe et coquette, mirant ses cbarmes dans
le cristal limpide de la baie? et les mystérieuses profondeurs
de ces bois aux tiges gigantesques? et les mille
détours des lianes fleuries, suspendues en guirlandes
aux brandies des palmiers? et les îles sans nombre dont
la rade est semée ; fraîches retraites qu’une main amie semble
avoir embellies â plaisir, pour attirer les promeneurs,
dont les barques légères sillonnent cet immense lac?
Loin de moi la prétention de décrire toutes ces beautés,
encore moins de rendre l’effet qui résulte de leur
ensemble.
Demandez aux jeunes voyageurs, que la portait
pour la première fois sur les plages dn Ib é s i l , quelles
furent leurs impressions, en apercevant ces côtes favorisées
du ciel. Us avaient admiré, avant de partir, la
rade de Toulon , belle aussi par son étendue, par sou
lieau ciel de Provence, par ses nombreux vaisseaux, par
l’aspect pittoresque de ses côtes rocheuses ; mais quelle
différence entre ces deux beautés ! L ’une fière et orgueilleuse
des ouvrages de l’iiomme, étalant ses forts et ses
arsenaux sur les flancs rougeâtres de roches arides; l ’autre
brillante et joyeuse , toute parée des dons de la nature,
et laissant à peine entrevoir les oeuvresde l’iiomme,
an milieu du luxe splendide d’une végétation inconnue
dans nos climats.
Il n’en faut pas tant pour charmer des yeux fatigués
de la longue monotonie d’une traversée de trente-sept
jours; la vue de la terre, quelle qu’elle soit, est toujours
agréable dans ces circonstances; car , après le
plaisir de partir, il n’en est pas de plus doux pour le
voyageur que celui d’arriver. Pas de fatigues qu’il ne
fasse oublier. Aussi voyez quelle impatience d’obtenir
du commandant l’autorisation de débarquer! cbacuii
brûle de se trouver à terre; mais il y a d’abord des devoirs
à remplir.
I.a ra d e .
La corveUe â [leiiie mouillée, .M. Vaillant, accoiiqia