loiiré de son état-major, paraît alors sui' le gaillard
d’arrière d elà corvette. Sou air imposant el sévère répond
aux sentiments (pii, daus ce moment solennel,
maîtrisent tous les coeurs.
11 fait un signe : aussitôt le liruit du canon retentit
, et attire l’attention de toute la rade sur la scène
qui va commencer à bord de la Bonite.
k un second signal, les cordes se tendent sous l’effort
de vingt bras vigoureux; les deux condamnés sont
enlevés jusqu’aux extrémités de la grande vergue, et
pendant que tous les yeux se fixent sur eux, on les
laisse tornlter tout à coup dans les flots, où ils restent
un moment abîmés.
Ce cbâtiment, le plus terrible de lous ceux en usage
dansla marine (la mort seule exceptée), se répète plusieurs
fois de suite , selon l’impoiTance du délit à punir.
11 frappe toujours d’éjiouvante ceux qui en sont témoins.
J’ai vu , dans un port de mer , toute une population
révoltée contre le capitaine d’un Itâtiment de
guerre, à l’occasiou d’une exécution de ce genre; et
cependant ceux qu’intéressait le sort du condamné
auraient dù bénir sa clémence; cardans cette circonstance,
comme dans la plupart de celles où la cale est
infligée, c’élait pour sauver la vie du coupable, que la
loi militaire aurait puni de mort, si elle avait été littéralement
appliquée.
11 serait difficile de peindre l’effet que produisit sur
les deux matelots révoltés du Narval, le spectacle qu’ils
B onite. — R elation du v o ya ge . 22