Il est bien difficile ((ue, dans une longue campagne,
an milieu des ennuis, des souffrances el des dangers qui
aigrissent les caractères les plus doux, il iie résulte pas
de graves inconvénients du contact incessant d’un si
giand nombre de personnes étr angères entre elles, d’ha-
bitiides et de moeurs différentes. Ce qu’un peu de réflexion
pouvait faire pressentir, l’expérience l’a trop
souvent vérifié. Combien d’expéditions ont dû à cette
cause les désordres qui les ont signalées, et la stérilité
de leurs résultats !
Lorsque ensuite il s’agissait de publier les matériaux
recueillis pendant la campagne, la division qui s’était
établie à bord se représentait, et donnait lieu à des publications
partielles, tronquées, exécutées sans ensemble
sons les auspices de plusieurs ministères différents.
11 est tel de ces ouvrages, assez récent cependant, dont
la bibliothèque du Dépôt de la marine ne possède pas
même un exemplaire complet, bien que la partie nautique
ait été publiée aux frais du département de là
liiarine.
Aujourd’hui, plus de personnes étrangères à la marine,
plus de division dans la publication des diverses
parties qui forment l’ensemble d’un voyage.
Ce qu’on a gagné à ces dispositions est, en premier
lieu, de rendre plus faciles et plus fréquentes les expéditions
utiles au progrès des sciences; car il n’est plus
nécessaire d’en préparer de longue main les éléments
spéciaux ; tous les bâtiments expédiés au loin, dans un
UE EA liONtTE. I.Y
but plus général, peuvent fournir l’occasion de faire
des observations précieuses; d’un autre côté, le département
de la marine héritant du fruit des travaux accomplis
par des hommes qui dépendent de lu i , peut tirer
parti de tout, diriger avec ensemble la pulilication de
l’ouvrage complet qui en résulte, en conserver les exemplaires
intacts, pour en faire plus lard iin utile usage,
et pour en enricliir les bibliothèques publiques , tout en
veillant à ce que les éditions de ceux qui sont le plus
recliercbés ne s’épuisent pas.
Ce syslème, adopté pour la première fois à l’occasion
du voyage de ia Cotiuille, a constamment été suivi de-
|)uis, avec un avantage signalé.
On remarque, d’ailleurs, à la louange des officiers
des divers corps de la marine, que les voyages accom-
■ plis par eux, sans le concours de savants étrangers, sont
les plus riches, non pas seulement en travaux hydrographiques,
mais aussi en observations de tout genre.
Il suffit, pour établir ce fait, d’en citer quelques-uns,
que tout le monde connaît, et qu’à dessein je choisis
parmi les plus récents ; le voyage de la Coquille, par
M. Duperrey, dont les résultats hydrographiques, foi t
précieux, ont dû surprendre beaucoup moins que les
innombrables collections d’histoire naturelle dont il a
enriclii la science, mais surtout remarquable par la
.savante théorie que l’auteur a su déduire des phénomènes
magnétiques dont l’oliservation l’a principalement
occupé ; le voyage de l’Astrolabe, encore plus riche en ob