Votre rehiclie en cette île ne devra pas se prolonger au delà
du temps nécessaire pour taire reposer votre ('(piipage et remettre
le bâtiment en état de continuer sa roule. Vous ferez
alors voile pour la France, et vous conduirez la Bonite à
Brest, oil vous serez probablement rendu dans le cours du
mois d’octobre.
Durant ce long voyage, vous visiterez un grand nombre de
points sur lesquels le pavillon national ne paraît qu’à de longs
intervalles. Vous sentirez, Monsieur, combien il est intéressant
de s’enquérir de la situation de notre commerce dans ces parages
éloignés, de recueillir tous les renseignements propres à
faire connaître les avantages et les dangers que peuvent offrir
à nos négociants des expéditions qui auraient cette destination,
le geni'e de protection qui peut leur être nécessaire, les dispositions
des autorités locales et des habitants à l’égard des Français,
les chances de la navigation près des côtes, etc., etc.
C’est surtout aux îles Sandwich, à Manille, à Canton et à
Macao, que vous devez vous livrer à ces observations, afin de
compléter les renseignements recueillis par les capitaines français
qui ont, avant vous, visité ces divers points, de signaler
les changements que le temps a pu amener, et de donner des
indications précises sur l’état actuel de ces contrées sous le
double rapport politique et commercial.
Vous vous attacherez particulièrement à recueillir les notions
réclamées par M. le Ministre des affaires étrangères dans la note
ci-jointe, que je recommande à toute votre attention.
Vous agirez de même sur les côtes de la Cochinchine.
En descendant le détroit de Malacca, vous vous arrêterez, si
l’occasion s’en présente, soit à Malacca, soit surtout au bel
élahlissemciil anglai.s de Pulo Péiiang, d’où vous irez montrer
le pavillon du Boi à l’entrée du Cange; vous communiquerez
ensuite avec les autorités anglaises à Calcutta, ainsi qu’avec le
chef de l’établissement français de Chandernagor, et c’est dans
le même but que vous relâcherez à Pondichéry avant de vous
rendre à Bourbon.
Vous éviterez de toucher à l’île Maurice, à moins d’une nécessité
absolue.
Partout où vous aborderez, vous devrez saisir toutes les
occasions qui s’offriront à vous de rendre aux capitaines de
navires et aux négociants français les services qui dépendront
de vous; vous accueillerez leurs réclamations toutes les fois
qu’elles vous paraîtront justes, et , partout où ils pourront
manquer de protection, vous lâcherez de suppléer à 1 absence
d’une station permanente ou d’uu agent consulaire,
en vous efforçant d’obtenir réparation des torts qu’ils auraient
pu souffrir. En un mot, vous vous conduirez de
manière à donner une juste idée de la puissance de la France,
et de la vigilante sollicitude de son gouvernement à fégard
des sujets du Roi qui font le commerce sur les divers points
du globe.
Vous vous appliquerez aussi, Monsieur, à étendre les relations
amicales, établies déjà dans les pays que vous parcourrez,
et à en former de nouvelles. Le pavillon français doit partout
être vu comme un pavillon ami, et s’il importe que notre nation
paraisse en tous lieux forte et puissante, il n est pas moins
essentiel qu’elle soit aussi connue par sa bienveillance à 1 égard
de ceux qui recherchent son amitié.
Afin de faciliter l’accomplissement de votre mission, il vous
sera remis un assortiment d’objets propres à être offerts en
présent aux autorités des pays que vous visiterez et aux per