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\mlo a u s s i lô l a p r è s q u e le salut a u r a i t oTé lait et r e n d u .
I,e plus a im a b l e accueil attendait, chez M. de Mornard,
le commandant de ta Bonite. Rieu ne fut épargné pour
l’engager à prolonger de quelques jours sa relâche à
Cadix ; et l’on peut bien penser que, parmi les raisons
alléguées pour le retenir, les prérogatives du mardi gras
ne furent pas oubliées. Madame de Mornard , et sa fille,
¡eune demoiselle aussi distinguée par son esprit que par
les grâces de sa personne , s’étaient chargées de plaider
la cause du plaisir : jouissant d’avance sans doute de
celui qu’elles se promettaient de procurer aux officiers
de l’expédition. La résolution de partir dans deux heures
, ipieM. 'Vaillant leur communiqua, parut vivement
les contrarier. « Songez, Monsieur, lui disaient-elles, que
tout le monde est en fête à Cadix ; vainement voudriez-
vous mettre à la voile, votre patente de santé ne pourra
être signée dans la journée. Vous avez bien d’autres choses
sans doute à régler ici avant le départ; attendez du
moins juscpi’à demain ; que peut faire au succès de votre
mission un retard de quelques heures? Il faut bien que
vous accordiez quelque chose à la circonstance. Et ne
devez-vous rien à des compatriotes exilés qui se sont
fait d’avance un plaisir de vous recevoir ? Une loge est
retenue pour vous au Théâtre-Italien; nous aurons ensuite
un bal masqué , qui ue peut manquer d amuser les
officiers de la Bonite ; vous ne sauriez leur refuser cette
distraction, qu’ils rachèteront assez par les fatigues d’un
long voyage. »
De si aimables instances étaient bien faites pour ébranler
la plus ferme résolution. M. Vaillant se plaignait en
secret de n’y pouvoir répondre , mais le devoir lui prescrivait
de faire taire son inclination. Il remercia madame
de Mornard et sa fille , et les pria de fexcuser s’il persistait
à regret dans son refus de rester plus longtemps.
Prenant ensuite congé de ces dames, il sortit avec M. de
Mornard pour visiter la ville.
É ta t des affaires à C adix.
Cadix avait ses habits de fête; mais sous le voile de
la joie perçaient, malgré la circonstance, la gêne et la misère,
tristes compagnes des troubles qui désolaient alors
fEspagne. Les malheurs du pays n’avaient pu qu’influer
sensiblement sur la situation de cette cité commerçante.
Du haut des remparts de la ville, on voyait la rade déserte.
Au lieu des nombreux navires de toute nation qui
jadis fréquentaient le port , quelques rares caboteurs
espagnols paraissaient seuls aujourd’hui dans la vaste
baie, comme ces naufragés dont parle Virgile, pour attester
les effets de la tempête politique qui avait ruiné
le commerce. Aussi les habitants de cette ville populeuse
étaient loin de jouir d’un sort heureux , et les éclats
d’une joie factice contrastaient péniblement avec les teintes
sombres de leur position réelle.
Ces réflexions, que je trouve tout au long dans le
journal du commandant de la Bonite, n’étonneront per