])liis agréable si chaque dauseurpouvail avoir quelqu’une
de ces cbai iuautes danseuses, que je vois si souvent dans
le monde abandonnées sur leurs banqueües pour une
partie de boiiillote ou d’écarié. Mais comment faites-
vous dans ce dernier cas, mes jolies lectrices? Ne vous
ai-je pas vues aussi danser entre vous, plutôt que de
rester inactives, quand les sons cadencés du piano faisaient
vibrer votre âme et tressaillir vos petits pieds?
il est vrai que vous aviez de séduisantes grâces à déployer,
que la galerie applaudissait et vous trouvait
belles, que des propos flatteurs caressaient agréablement
vos oreilles! et puis, convenez-en, la danse toute seule
est encore nu plaisir; elle eut de tout temps et dans
tous les pays le privilège d’amuser et de plaire. Depuis
David qui dansait devant l ’arche, jusqu’au sauvage de
la Nouvelle-Zélande qui danse autour du prisonnier prêt
â subir un triste sor t , je vois partout cet exercice en
honneur. Eh bien , le matelot l’aime peut-être plus que
tout autre; il semble en sautant secouer ses ennuis; il
se donne des grâces aussi, le pauvre marin; il met de
l’amour-propre à se faire applaudir de ses compagnons.
Parfois même, pour ajouter aux plaisirs réels les plaisirs
d’une douce illusion , il emprunte à votre sexe la seule
cbose, bêlas! qu’il puisse s’approprier, il se pare de vos
vêtements, el plus d’un fi ipier voit, à la veille d’un long
voyage, la bourse du matelot passer dans son coffre, en
échange de quelques nippes destinées à figurer dans les
fêtes improvisées du bord. C’est naturellement aux plus
jeunes que ce rôle est dévolu. Vous trouveriez vous-
mêmesqu’ils ne s’en acquittent pas trop mal , et cpi’uue
figure de jeune mousse, fraîche et potelée, rappelle
passablement, sous les pompons et les rubans, le sou-
venir de celte moitié du genre humain pour laquelle il
n’est point réservé de place sur nn rôle d’équipage.
Qu’importe d’ailleurs le plus ou moins de vraisemblance?
Les bals de bord sont des bals masqués; on s’y
amuse comme nous nous amusons, el le travestissement
le plus grotesque est ordinairement celui qui réussit le
mieux.
Ainsi arrivait-il à bord de la Bonite ; tout le monde
heureux et content jouissait du bien présent sans se
tourmenter d’inutiles regrets; la journée du dimancbe
faisait oublier les fatigues de la semaine ; et quandl’ beure
de la retraite avait rappelé dans leurs liamacs les acteurs
des diverses scènes que j ’ai essayé de crayonner, leur
sommeil n’était troublé par aucune des sombres images
qu’enfante le cerveau malade de l’homme oisif et paresseux.
5 m a rs ; u n n a v ire e u vu e.
Le 5 mars au malin , tandis que la Bonite approchait
de l’équateur, on aperçut à grande distance, en avant
de la corvette, un brick qui paraissait d’abord immobile,
mais qui bientôt sembla se rapprocher, à mesure qu’on
avançait vers lui. C’était, comme on l’apprit ensuite,
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