tenant dans un ciel sans nuages, et sa blanche lumière
se l éflécbissait sur la sui face unie de la mer. La corvette,
(le m anière à confirm er la haute opinion que j ’en avais déjà conçue,
et ne fit pas la plus légère avarie.
«Ce gros tem ps a duré toute la jo urn ée du i8 ; m ais vers le soir, le
vent ayant beaucoup p erd u de sa fo rc e, nous avons pu faire rou te
p o u m o n s élever dans le N ord et dans l’O iiest,de sorte que, le 19, nous
étions par 58" 24' de latitu de et 77° 3o' de longitude. Les vents avaient
alors passé au N. O. en grande brise ; nous cinglions, les am ures à
trib o rd , lorsque le 20, au jo u r, nous efimes connaissance d ’une île de
glace très-éten du e et d’une grande élév atio n , nous restant à u n mille
et demi environ sous lè v e n t; d 'au tres, m oins considérables, s’apercevaient
devant nous et à l’horizon du vent. L a b ord ée de l’O. S. O.
étant avantageuse, puisque la rou te nous valait l’O uest, je ne crus
pas devoir v irer de b o rd ; je continuai donc, et nous laissâmes ces
îles de glace d errière nous. Il ventait alors grande brise de N. 0 . et N.
N. O. D ans la n u it nous laissâm es a rriv er p ou r plusieurs îles de glace.
«Le lendem ain, 21, nous en rencontrâm es un assez bon n om b re ,
mais dans ia m atinée seulem ent, et cela fort h eureusem ent p o u r nous,
car les vents, ayant passé du N. N . O. au N ord , ne tard èren t pas à
souffler en coup de v en t, el le tem ps devint très-obscur. L a m er, soulevée
p ar la violence du v en t, était devenue presque instantaném ent
énorm e. Le v en t s’étant m odéré la nuit su iv ante, le 22, au jo u r, nous
aperçûm es des îles et des bancs de glace en plus g ran d nom bre que
pendant les jo urn ées précédentes : toute la jo u rn ée et ia n uit suivante,
l>ar une jolie brise de N . N . O ., je fis gou verner au m ilieu de ces re doutables
d an g ers, loffant p o u r l’un , a rriv an t p o u r l’autre.
«L e 2? au m atin, le nom b re des îles el bancs de glace qui nous en to
uraien t ayan t encore augm enté, n otre position devint fort critique.
J aurais p u , les vents étan t au N. O ., cherch er à m ’cloigner de cet
donl une brise légère enflait inégalement les voiles, semblait
être à l’ancre, tant ses mouvements étaient doux.
archipel dangereux en p ren an t la bordée du N. E . ; mais outre
que j ’aurais alors p erd u ce que j ’avais eu tan t de .peine à gagner dans
l’O uest, j ’avais Tespoir, en continuan t à m ’avancer dans le Sud et dans
l’O u e st, que les vents cesseraient enfin de souffler de la p artie du
N . et passeraient au S. S. O. A lors, me trou v an t plus au veut et p ou vant
faire du chem in au N ord et à l’O uest, j ’avais encore la chance de
faire u ne courte trav e rsé e , to ut en m ’éloignant de ces redoutables
bancs de glace. C ette considération m ajeure m’em pêcha donc de
changer d’am ures.
« L e 23, les vents soufflèrent encore du N. O. en forte b rise, et
toute la jo urn ée je chenalai au miKeu de toutes ces îles de glace.
A u com m encem ent de la n u it, je réfléchissais à la position dangereuse
dans laquelle nous nous trouvions, considérant notre p erte comme
certaine, si un coup de vent sem blable à ceux des i 3, 18 et 21, venait
à se d é c la re r, parce q u ’alors il m’eû t été im possible, avec un vent
aussi im pétueux et p a r une m er aussi m onstrueuse, de m anoe uvrer
assez p rom ptem ent la corvette p o u r éviter ces redoutables écueils,
q u ’avec les nuits obscures de ces parages on ne p eu t apercevoir q u ’à
de très-p etites distances. Mais les vents, en passant presque subitem ent
du N . 0 . au S. S. O ., v in ren t m e tirer de m on anx iété; je fis aussitôt
changer d’am ures et gouverner au N. O . Je passai péniblem ent la nuit
du 23 au 2 4 , qui fut rendue très som bre p a r de fréquentes et très-
fortes ondées île n eig e , à faire gouverner p o u r éviter les îles et bancs
de glace, qu’à chaque in stan t nous découvrions sur l’avan t à nous ;
nous fûmes assez h eu reux p o u r n’en a b o rd er aucun ; et lo rsqu’au jo u r
nous vîm es la q uan tité considérable d ’îles et de bancs de glace qui
nous environnaient de toutes p a rts, nous pûm es ju g er du danger que
nous avions c o u ru , et com bien il était m iraculeux que, p ar une nuit
18.