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La journée du 8 février n’avança pas beaucoup le cbe-
inin de la corvette ; la direction du vent opposait à sa
marche un obstacle qu’elle avait peine à vaincre. La
houle qui s’éleva de nouveau dans la matinée rendait
surtout pénible pour nn équipage tout neuf le service
du bord. Cependant il. y avait encore beaucoup à faire,
ou plutôt tout était à refaire à bord de la Bonite; l’occupation
est d’ailleurs le meilleur moyen pour effacer
les dernières traces du mal qui venait d’éprouver le plus
grand nombre des matelots; M. Vaillant ne les laissa
pas oisifs, et dès ce jour les ouvrages de garniture et
d’installation intérieure furent repris avec activité.
Ce n’est pas sans beaucoup de soins et de peine qu’il
est possible de parvenir à organiser convenablement le
service d’un bâtiment de guerre, avec un personnel
composé comme celui de la Bonite. La 80“ compagnie,
embarquée sur cette corvette, était formée d’hommes
faibles ayant à peine navigué; un assez grand nombre
d’entre eux , incorporés tout récemment, voyaient la
mer pour la première fois. La seule ressource était dans
une douzaine de bons matelots provenant de l’inscription
maritime. Qu’on juge de l’embarras dans lequel on
se serait trouvé , si une série de mauvais temps, ou quelques
circonstances critiques exigeant le secours de tous
les bras, fussent survenues. C’était surtout dans la suppositiou
d’une guerre prochaine qu’il y avait sujet de s’inquiéter.
Les bruits qui s’étaieut répandus, au sujet d’une
rupture possible entre les États-Unis et la France , n’étaient
point sans doute de nature à alarmer le commandant
de la Bonite ; il savait à quoi s’en tenir sur les ressources
militaires de la marine américaine , dont les
organes d’une partie de la presse faisaient alors si grand
bruit. Toutefois, la piudence la moins ombrageuse lui
commandait de se mettre en mesure de soutenii' au
besoin riionneur du pavillon. Or, en jetant les yeux sur
son équipage, il y voyait en tout quatre hommes en état
de tirer un coup de canon : le maître canonnier, un
quartier-maître et deux matelots. Cet état de choses,
remarque M.Vaillant; est grave, et démontre la nécessité
d’organiser sans retard un personnel d’artilleurs marins
(|ui puisse fournir à chaque bâtiment armé un nombre
suffisant de chefs de pièce *.
En attendant la réalisation de cette institution utile,
il fallait aviser à tirer parti des éléments, quelque faibles
qu’ils fussent, qu’on avait mis à sa disposition ;
aussi, dès ce moment, commencèrent sur la Bonite
l’étude de la manoeuvre du canon, et tous les autres
exercices par lesquels peuvent se former de bons matelots
pour la guerre.
' L ’oi'donnance rovale <lii 21 octobre iSSy a réalisé cette insti-
tntioii.