décidément la route pour passer au large. A midi , il
s’estimait à 12 milles environ à l’Est du cap Saint-Jean ;
il pleuvait constamment, et ce ne fut que vers trois et
quatre lieures du soir, qu’on put distinguer de nouveau
la terre, qui fuyait alors dans le N. O. Le vent
soufflait précisément de cette direction, et il continua
ainsi avec des alternatives de calme jusqu’au 19 mai.
Pendant ces trois jours , 011 eut à lutter contre des rafales
très-pesantes, qui forçaient à chaque instant de
diminuer la voilure. Cependant les courants portant
dans le S u d , la Bonite dépassa rapidement la latitude
du cap Horn.
i 3 m a i; tem p ê te .
Elle était parvenue dans la matinée du i 3 à une assez
grande distance dans le S. S. E. de ce cap. Le ciel
était clair , mais un fort vent d’Ouest soulevait une mer
très-forte. A une heure après midi , une vapeur blanchâtre
parut à l’horizon , et s’avança rapidement, aplanissant
sur son passage la mer qui se couvrit en même
temps d’écumes blanches : c ’était une tempête qui se
déclarait. La corvette était à la cape sous le tourmentin
les amures à tribord; en un instant le vent se déchaîna
avec une impétuosité jusqu’alors inconnue à nos voyageurs.
La mer bouleversée se soulevait en lames monstrueuses,
et venait se briser contre les flancs de la
Bonite, qui se comportait-d’ailleurs à merveille. La tourmente
dura jusqu’à si.\ heures du soir, et se calma
ensuite peu à peu sans avoir fait essuyer au bâtiment
d’autres pertes que celle de ses caillebotis de grands
porte-hanbans, de la lisse des grands bastingages, et de
ses girouettes qui furent arrachées par le vent.
14 e t i 5 m ai.
Le i 4 au matin, la brise tourna au S. S. O. On se
trouvait alors par 58° de latitude et 68» de longitude.
I.e i5, dans la soirée, le calme survint, annonçant un
nouveau changement de temps.
L a B o n ite c o u p e , le l6 m a i, le m é rid ie n d u c a p H o ru .
Les vents en effet passèrent encore au N. O., et au
N. N. O., et ce fut avec ces vents qu’on coupa, le 16, le
méridien du cap Horn. Mais la brise varia pendant les
journées suivantes, el le 18 un nouveau coup de vent
de S. O. vint encore éprouver la corvette, qui cette
fois s’en tira sans avaries.
In flu e n c e tlu m auvais tem p s s u r la sa n té e t le m o ra l d e s hom m es.
Les manoeuvres fatigantes qu’exigeait cette succession
de gros temps, commençaient à devenir très-pénibles
pour l’équipage. Le nombre des malades augmentait.
Le froid devenait plus rude el annonçait l’approche des
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