![](./pubData/source/images/pages/page73.jpg)
!(‘ Jcnn (h‘ Greenoch , ('aj)itainc Pilrc Cioltiic, (jiii voiiaÎ!
(le Sin('a])om' ol reloiirnail en Angleterre. (!o naviie avait
jia.ssé (niai aiite-{|ualrejoiii's en mer, saii,s relâcher en aucun
port. Depuis deu.v semaines, retenu j>ar les calmes
entre le 3“ el le 4“ ilegrc de latitude Noi'd, il n’avait commencé
à sentir la hrise (pi’en apercevant /a Bonile., (pti
sendjlait arriver tout exj>rès pour voir la lin de .sa ca]Ui-
xité. Quand les deux hâtimenls se (l’Oitvèrenl â portée
de là voix, M. Vaillant, apiès les (pieslionsd’usage, demanda
au capitaine (¡oldic s’il voulait bien se chaiger
de scs lettres pour la Fi’ance ; sur sa réponse affirma-
live, il s’empressa de proiiter de l’occasion pour adresser
an ministie de la marine un rappoil succinct sur la
marclic de l’expédition jus(ju’à ce jour. En même tcmj)s
ofiiciers et ¡lassagers, heureux de trouver ce moyeu de
doimcr aussi un souvenir à leurs familles , terminaieot
de leur C()lé ces longues lettres (pi’ou lient toujours com-
mencc'csâ hord pour les expédier au momeni favoi able,
et (pii, grossissant tous les jours de (piel(pie fait nouveau,
forment bientôt un volumineux journal; journal
bien décousu, bien informe sans doute, mais dont la
lecture aura [)our une mère plus de charme (jue ii’cn
eut jamais celle des chefs-d’oeuvre de l’esprit humain; car
c’est riiisloire de sou lils, le miroir de ses pensées, le
reflet de sa vie dans ses plus petits détails.
En (piel(|ues instants toutes ces lettres étaient prêtes;
un canol de la corvette fut expédié pour les aller porter
à hord du Jean de Greenoch ; ce (pii demanda encoïc
assez de temps, parce cpie la mer était houleuse el (jue
rembarcaliou avançait avec peine. ! a i Bonite avait mis
en panne poui' attendre sou retour; M. Vaillant songea
a utiliser cet arrêt au milieu de l’océaii, eu faisant l’expérience
de l’appareil imaginé par M. Biot * pour puiser
à de grandes profondeurs l’eau des couches in('(!-
rieures de la mer. (iet essai fut iiifruclueux; deux fois
l’instrument descendit â (juatrc-viiigl-dix ¡tieds, mais les
lignes (jui le soiUoiiaieul j)ar ses deux extrémités s’étanl
euroubies, le mouvemeut de bascule (ju’elles devaient
lui imprimer eu rcmoiilaut ne s’opéra pas, et il fallut
renoncer ce jour-là au résultat (|u’on attendait de l’opération.
A une heure environ, le canot étant rentré à bord,
la Bonile se remit eu roule. Nos voyageurs, toul en
s’éloignant, suivaient encore des yeux le navire anglais
(jui remontait vers les jilages enrojtéennes. Bien des
jours devaient s’écouler avant (ju’il leur fût jTermis à
leur lour d’aller revoir leur beau pays de France, qu’on
ne quitte jamais sans regret, et donl jiendant l’absence
on ne saurait sans émoliiTii prononcer le mun ou raj)-
peler le souvenir. Vogue paisible, heureux navire! que
des vents favorables te conduisent rapidement au port!
conserve lidèlemenl le dépôt que nous t’avons confié,
car ces feuilles légères reçues jtar ceuxcpic nous aimons.
‘ Voir, pour la description cl la figure de I’apjiareil do M. B io t,
la p a n ic pliysiipie du voyage de la Boniic^ tome