plume pour aller donner un coup d’oeil à ce qui se passait
sur le pont.
alternatives de beaux et de mauvais temps, les côtes de Patagonie, en
nous dirigeant sur le détroit de Lemaire, dont nous nous trouvions,
le 8, à midi, à 3o lieues dans le N. N. 0.
« Dans la nuit du 7 , les baromètres étant descendus à 2 7 P 51, nous
avons reçu , le 8 au matin, de fortes ondées de pluie de neige fondue,
mêlée de grêle, et le vent a varié à l’O. S. O., en soufflant avec une
grande violence; dès ce moment a commencé la série de très-gros
temps, de coups de vent extrêmement impétueux, avec lesquels
cependant nous avons doublé le cap Horn.
« Nous passâmes forcément la journée du 8 au 9 à la cape tribord
amures, avec un coup de veut de S. O. très-fort, accompagné de
rafales des pins pesantes et de grains de grêle; la mer était fort
grosse (aussi avons-nous beaucoup dérivé dans le S. E.), de sorte que,
le 9 , à midi, le détroit de Lemaire nous restait à ii5 milles dans
le S. O.
« Dansla journée d u g ,le vent ayantperdu de sa grande impétuosité
en variant an 0. S. 0 ., je dns renoncer, avec les vents régnants, à
passer par le détroit de Lemaire; je fis donc route, serrant le vent
tribord amures, pour aller prendre connaissance du cap Saint-Jean
(île des iitats). Les vents passèrent à l’O. N. O. dans la nuit, de sorte
<|ue, le 10 au matin, par un temps très-pluvienx et des plus obscurs,
nous aperçûmes confusément et pendant un instant nn morne de la
terre des États. Bien qu’il ventât très-grande brise d’O. N. O., j’avais
fait serrer le vent pour me rapprocher davantage de la terre, afin de
mieux la reconnaître; mais l’excessive obscurité du ciel rendit ma
tentative inutile. Jusqu’au i3 ,je conservai les amures à tribord, en
manoeuvrant constamment pour m’élcver dans l’Ouest, avec des vents
variables de l’O. N. O. au S. O., et la plupart du temps souffla.it avec
La .petite' pluie fine sui veiuie après le coucher du soleil
, n’avait pas duré longtemps. La lune brillait mainiine
grande violence; nous avions aussi constamment à lutter contre
une mer très-grosse et parfois énorme.
« Le i3 au matin,le vent étant à l’Ouest, le ciel s’est éclairci, cLvers
midi, il ventait de cette partie en coup de vont très-vioIcnt; la mer
était monstrueuse. Lorsqu’à une heure, une vapeur blanchâtre qui se
distinguait à l’horizon se rapprocha de nous avec une grande vitesse,
en même temps la mer sembla s’aplanir en se couvrant de tous côtés
d’écumes blanches; alors la tempête se déclara : nous étions à la cape
sous le toiirmentin, les amures à tribord. Avec cette seule voile, la
corvette se comporta à merveille, ne faisant que de très-]ietites arrivées,
et malgré les lames monstrueuses qui venaient incessamment se
briser sur ses flancs, nous n’avons eu que les caillebotis de nos grands
porte-baubans et la lisse des grands bastingages de tribord enlevés
par la mer. La rage du vent a duré jusqu’il six heures du soir; alors il
ne soufflait plus qu’en coup de vont. Le i/i au matin, le vent s’est
modéré ; nous nous trouvions alors par 58° de latitude et 68“ de longitude;
la brise ayant ensuite passé au S. S. O., je fis prendre bâbord
amures, et le i5, dans la soirée, nous étions en calme.
n Dans la nuit du t5 au iG , les vents varièrent au N. O. et au N.
N. O.; je fis aussitôt gouverner pour nous élever dans l’Oiiest. Ce
vent de N. O., étant devenu très-fort cri inclinant vers le Nord, nous
a fait couper le méridien du cap Horn le 1 6 , et, le 1 7 , nous étions
déjà par 7 5 “ 10' de longitude et S;° 33' de latitude. I.e 1 7, à midi, les
vents commencèrent à varier du N, O. à l’O. N. O. ; la nuit suivante,
ils passèrent à TO. S. O., et le 18 au matin, il ventait de nouveau en
coup de vent très-violent de la partie du S. O. au S. S. O. La mer était
aussi monstrueuse que dans la tempête du i3 ; mais la corvette que
j’avais mise à la cape tribord amures sous le tourmentin, se comporta
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