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battei ie. Le piiaiiier soin de M. Vaillant fut de mettre
ordi e, avant la fin du jour, à tout ce péle-méle c[ui menaçait
de devenir fort gênant pour la manoeuvre; et de
faire atlaclier solidement tous les objets <pie le roulis
aurait pu déranger à bord.
7 fé v rie r.
I-a précaution n’élait pas imilile; bientôt, en effet,
le ciel se couvrit de nuages, la mer devint houleuse,
et grossit peu à peu, soulevée par le vent qui avait
passé au N. N. O. Le bâiiment éprouvait des roulis con-
sidéiables, toutefois sans violentes secousses. Au jour,
il fallul serrer la grande voile, pour ne consei'ver (|ue
les huniers à moitié déployés, la misaine et le petit foc.
Le temps devenait de plus en plus mauvais ; la corvette
filait jusqu’à dix noeuds; elle fatiguait beaucoup el faisait
un pouce d’eau à Flieure. Les hublots* laissaient pénétrer
dans le faux pont nue si grande quantité d’eau,
que les cliambres des officiers étaient devenues inhabitables.
La batterie elle-même était inondée de celle qui
s’introduisait par les sabords. Ce fut un commencement
d’épreuves pour l’équipage de La Bonite. M. Vaillant
n’avait pas attendu celle occasion pour le juger; sa faiblesse
, qu’il déplorait do'jà avant le départ, devint ma-
■ Trous ronds, giirnis de forts verres lenticulaires et destinés à
donner du jo u r dans le faux pont.
nifeste. A peine y complail-on quelques hommes propres
au service de gabiers; le plus grand nombre ignorait le
nom, et plus encore l’usage des diverses manoeuvres.
Beaucoup d’entre eux ressentirent bientôt les atteintes
du mal de mer, dont n’étaient pas exempts d’ailleurs
quelques officiers et élèves. Les passagers n’en pouvaient
plus. Cependant les mouvements de roulis augmentaient
d’amjditude et de violence, au point que layóle
du commandant, suspendue en poiTemanteau sur l’un
des côtés du navire, baignait à chaque instant dans la
lame. A midi, la corvette se trouva sur la latitude de
Mabon ; la route fut donnée à l’O. ^S., afin de prolonger
les îles Baléares en se dirigeant vers le détroit de Gibraltar.
Le gios temps continuait avec une intensité toujours
croissante; la voilure du bâtiment fut encore réduite;
bientôt les îles Baléares se trouvèrent au nord de la
corvette, à quinze lieues de distance. M. Vaillant remarque,
dans son journal, (pi’il eut dû gouverner plus à
l’ouest depuis le départ, et ranger ces îles de plus près.
Le veut tomba pendant la nuit, et, bien que la mer
fût moins grosse, on put croire à la fin de celle bourrasque.
Les tempêtes sont fréquentes dans la Méditerr anée,
et souvent très-violentes, surtout dans ia saison où
l’on était alors; mais elles ne sont pas ordinaitemenl de
longue dui’ée. Il en fui ainsi celte fois; la mer se calma
par degrés, si bien qu’au point du jour ou déploya les
voiles pour' faire roule en serrant le vent , Iriliord
atirrrres, avec une bonne lu ise de TN. N. O.