L a c a m p a g n e a u x e n v iro n s d e V a lp a ra is o .
M. de Cazotte était déjà parti, quand, après s’ètre
procuré des chevaux, nos voyageurs purent se mettre
en route. Ils l ’eurent bientôt rejoint; et ce fut pour eux
une cbarmante occasion de voir le pays qui s’étend aux
environs de Valparaiso. Jusque-là, les rocbers arides,
suspendus sur la ville en masses menaçantes, n’avaient
] ) U leur donner aucune idée du genre de culture dont
la terre chilienne est susceptible. Quand, après avoir
dépassé le faubourg de l’Almendial, ils eurent gravi la
côte assez rapide que suit la route, ils commencèrent à
jouir de la vue pittoresque de ce p a y s , entrecoupé de
collines et de vallées profondes, dont le climat se prête
à toutes les productions des zones tempérées, mais qui
n’a en revanche rien de comparable à la belle végétation
de la terre du Brésil. Le plus bel arbre qu’on y rencontre
est une espèce particulière de palmier, appelé
dans le pays du nom de Pcdma, et dont le tronc est
lemarquable par sa forme renflée au milieu de sa hauteur.
Le terrain, quoique très-sec, est néanmoins fertile. Les
céréales, les arbres fruitiers et même la vigne y viennent
fort bien. A voir les rares laboureurs qui travaillent
aux champs, et les misérables cases couvertes de feuilles
de palmier qui leur servent de demeure, on est tenté
de piendie une idée fort peu avantageuse de l’agriculture
du pays. 11 paraît, cependant, qu’elle est en progrès
comme tout le reste; car, au lieu de tirer des
États-Unis, comme il le faisait il y a quelques années,
les blés et surtout les farines nécessaires à sa consommation,
le Chili produit déjà assez pour exporter au
Pérou une partie de ses grains, ,1e dois faire observer,
au surplus, que les environs de Valparaiso ne sont pas,
à beaucoup près, les contrées qu’il faut visiter, si l’on
veut se bien rendre compte des ressources territoriales
du pays. C ’est plus loin daus les terres <|uese trouvent
les plaines principalement propres à la culture. A mesure
qu’on approche des Andes, la puissance végétative
du sol paraît augmenter; et ces montagnes volcaniques,
dont les flancs recèlent plusieurs mines d’or, de cuivie
et de fer, nourrissent aussi de vastes forêts, où croissent
des arbres énormes et précieux par leurs qualités. Mais
il n’était pas donné à nos voyageurs de visiler ces contrées
plus favorisées, et je dois me borner à parler de ce
qu’ils purent voir.
M a n iè r e d e v o y a g e r.
Le cabriolet dans lequel M. de Cazotte se rendait ;i
Santiago élait attelé de deux cbevaux et suivi de quatre
autres, destinés à relayer successivement les premiers :
des Guacos les conduisaient.
Nous avons déjà fait connaissance avec les Gauchos
de Montevideo; les Guacos du Chili ont avec eux plu