iluisanl la révolle de 1822, qui ramena de nonvean
sur le sol espagnol, uou plus celle fois avec des projets
de conquête, mais dans un but de pacification, les
enfants de la France, lonjoiirs prêts à voler partout où
se présentent des lauriers à cueillir. Arrêtons-nous sur
cette dernière phase <pii offrit à la marine française plusieurs
occasions de se signaler. Algésiras et ITle-Verle
redisent encore les noms des Desroloui s, des Leniarant
et des Droiiault; et nous retrouvons à Cadix la mémoire
tonte fraîche des exploits de l’amiral Duperré.
Des révolutions nouvelles ont, depuis cette époque,
bouleversé le sol de l’Espagne, et ces révolutions ne sont
penl-étre pas à leur terme. 11 ne m’appartient pas de parler
des faits qui se rattachent à cette dernière période.
L ’histoire contemporaine est aujourd’hui connue de
tout le monde; elle s’écrit chaque jour, avec plus ou
moins d’exactitude, daus une multitude de journaux
qui se contrôlent mutuellement et qui sont devenus la
lectui'e obligée de tous. Qu’il me soit permis seulement
une réflexion, sur le sort toujours le même de celte
péninsule Hispanique, depuis les temps les plus reculés
jusqu’il nos jours. Placée comme un pont entre l’Europe
et r.Afrique , elle fut le premier théâtre des guerres saii-
glaules des Carthaginois et des Romains; tour à toui-
subjuguée par les uns et les autres, elle ne s’aperçut de
la chute du colosse dont la tête était à Rome et les bras
partout, que par de nouveaux envahissements. Aux invasions
des barbares du Nord, succéda pour elle l’iiivasion
des Arabes; ce fut aussi par l’Espagne ipie passèi ent,
pour entrer en Europe, les richesses du nouveau monde
découvert par Colomb; et cette invasion d’nne espèce
nouvelle fut peut-être la plus fatale. Tour à tour ravagée
par le fer et par l’oi-, l’Espagne, avec un beau ciel, de
fertiles campagnes , des fleuves navigables, de nombreuses
rivières d’irrigation ; l’Espagne, habitée par un peuple
énergique et fier, favorisée en un mot de tous les
dons de la nature ; l ’Espagne est pauvre et misérable.
Faut-il eu demander la cause? 11 n’y a que deux sources
d’où puisse découler la prospérité d’une nation. Ces
deux sources sont ragricullure el rindnslrie. Or comment
ragriciilture et riiiduslrie auraient-elles pu vivre
el se développer dans le tumulte des combats, ou dans
l ’oisiveté qui accompagne des richesses acipiises sans
travail ?
Mais revenons à la Bonite, qui, échappée aux contrariétés
de la navigation du détroit, vogue maintenant
sans entraves vers les rivages de Cadix. Déjà les impressions
dont je viens de donner une esquisse s’effacent
peu à peu dans les esprits, pour faire place à d’aulres
pensées. Le commandant, préoccupé du peu de temps qui
lui reste pour atteindre dans la saison favorable le passage
du cap Horn, se plaint en secret de la nécessité
qui liii impose une relâche, dans laquelle il va perdre
peut-être des jours précieux. 11 voudrait pouvoir profiter
des vents qui le favorisent maintenant, pour cin-
glci' vers Rio-Janeiro, et son impatience, bien légitime,
B o n ite. — Rehitinn du voyage. 5