rendant. Quelles fui’eiit les circonstances de sa pei te ?
Nul ne le sait, que celui dont les décrets ont fixé la fin
de toutes chose s, et assigné à cliacun de nous sa
dernière heure , et son genre de mort.
L’hivei- de cette année fut au surplus fertile en
naufrages dans la Méditerranée. La marine militaire y
perdit , à peu près dans le même temps, la corvette
de charge le Rhône, vers la plage de Marseillan ; le
bateau à vapeur la Sahimandre, sur la côte d’Afrique,
et enfin VEstafette, dont le sort fut le plus malheureux;
car du moins on put sauver la totalité des passagers et
des équipages da Rhône et de la Salamandre, tandis
que la malheureuse goélette s’abîma tout entière, sans
laisser un seul homme pour nous dire la fin de ses
compagnons.
Le 9 février à midi, la corvette la Bonite encore
sur le méridien du cap Ténez, le temps toujours beau,
le ciel magnifique, la mer unie comme une glace ;
cependant la brise tombait peu à peu, le sillage du
bâtiment diminuait à vue d’oeil, vers le soir aucun
souffle n’enflait plus les voiles. La corvette, immobile,
semblait se reposer et dormir sur les flots. Toute la
journée avait été employée utilement au profit de
l’instruction de l’équipage et de la tenue du bâtiment ;
l’ordre et la propreté commençaient à régner à bord ,
où déjà tout prenait nn aspect militaire. Dès ce moment,
fut placé sous la dunette un journal sur leque; on devait
noter d’heure en heure les olisei vations sur l’état du
temps , la direction et la force du v ent , la température
de l’air et de la mer, les mouvements du baromètre
et du sympiésomètre, enfin toutes les l emarqiies dont
l’ensemble pouvait conduire à des résultats utiles sous
le double rapport de la science et de la navigalion.
Pendant toute la nuit, le calme qui paralysait la
marche de la corvette ne fut interrompu que par des
brises insensibles, variant du N.-O. à l’O.-N.-O.; mais
dans le milieu du jour suivant, le vent s’étant fixé à
rO.-S.-O., M. Vaillant se bâta d’en profiter pour pousser
une bordée vers la côte d’Espagne, non loin du cap
Palos. Bientôt on se trouva assez près de terre pour
distinguer aisément tous les détails de la côte. Plusieurs
navires de commerce, alors en vue, semblaient attendre
un vent favorable pour s’engager dans le détroit. A
quatre heures du soir , la Bonite vira de bord , entre
Isola Grossa et Torre Vieja, à cinq milles de terre, pour
reprendre la bordée du large ; car ce n’était qu’en
louvoyant qu’on pouvait avancer quelque peu vers
l’Ouest.
Le cap Palos ne fut doublé que le 11 â midi. La
Bonite continuait à louvoyer sous toutes voiles. Vers
le coucher du soleil, elle vint virer près de la côte,
afin de profiler des brises de terre, qui, d’ordinaire ,
s’élèvent à cette heure ; mais elle y fut quelque temps