IVinl (le reitli elieii pei inaiiciil d’idie force navale . INe
serions-nous pas, disaient-ils, constaiumeul iuft'rieurs
sous ce rapport à de puissauls rivaux? Ces bâtiments,
construits à grands frais, armtis avec tant de soins, aménagés
avec tant de luxe, ne deviendraient-ils pas, dès
le déluil d’une guerre avec rAiiglcTerre, la proie de celle
reine de la mer, donl ils grossiraient liientôl les escadres?
Pourcpioi donc jeter tant de millions dans cegoulfre
sans fond?
La marine militaire est-elle, d’ailleurs, l’école obligée
oi( se forment les grands capitaines ? Jean Bart, le type
du marin |)armi nous, tant d’autres bardis corsaires,
dont les liants faits ont fondé notre gloire maritime,
n’étaient-ils [las sortis de la marine marcbande, vraie
pépinière des loups de mer?
Ces rpiestions, et d’antres de même force, sans cesse
reproduites, ipiand la marine venait demander aux
Chambres, non pas des ressources superflues, mais l’absolu
nécessaire pour ne pas tomber tout à fait, et pour
se prépa'rer à répondre un jour par des faits à tant de
dédains, ces cpiestions n’étaient jamais sans réponse;
mais, pour convaincre ceux qui les proposaient de
bonne foi, comme pour réduire au silence ceux qui
s’en faisaient une arme contre l’administration, il fallait
aulre chose (|ue de bonnes raisons : il fallail des
acies éclalanls, dont les récils, en initiant le public
aux fails relalil's à la marine militaire, répandissent
dans le pays de plus justes notions sur cet élément de
1)K 1,A liOMrrK. A
la puissance iialioiiale.-I.a marine française était inconnue
dans la France du dix-neuvième siècle. On so souvenait
bien de qnebpies vieux succès reuqtoiTés par des
aventuriers bardis, au temps m'i l’art naval élail encore
dans son enfance; mais, depuis celle époque jnstpi’a
nos jours, nos rivaux seuls sembiaieni avoir grandi ; et
tandis que, Iriompbanles sur terre, nus légions illustraient
par leurs victoires toutes les contrées de fFurope,
tandis (|ue chacun répétait avec orgueil les noms d’Aus-
lerlilz et d’iéna, la somlu e image des désaslres d’Aliou-
kir et de Trafalgar résumait seule, aux yeux du plus
grand nornlne, les fastes de l’armée navale.
Les idées se sont modifiées depuis (juelques années.
Les expéditions de Grèce, d’Alger, de Lisbonne el du
Mexi(|ue ont révélé au pays sa puissance sur mer; jieu
s’en faut aujourd’liui ((u’uné réaction d’enlbousiasmc ne
nous présente comme supérieurs à des rivaux aux(|uels
' naguère on semblait abando4iner sans contestation, et
liresque sans regret, la domination de l’Océan.
Sans pousser ainsi à l’exlrénie ropinion ayanlageuse
([ue nous devons avoir de notre lorcc navale, il est vrai
de dire qu’elle doit compler pour Ijeaucoiq) dans le
calcul des élémemis de puissance el de pros|)érilé do
notre pays. Il est vrai parliculièremcnl d’y voir l’a|)pui
de notre commerce, el le moyen le plus cilicace de pi (i-
légcr ses opérations dans toutes les parties du monde.
Gomltien de contrées, en effet, oii la [irésence de
(piebpies forces navales esl encore pour les navigateurs
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