Une ])i'ise assez fraîche du S. S. E. seconda, pendant
la journée du 19, la marche de ia Bonite, à minuit, elle
était déjà parvenue à 60 milles de Valparaiso. M. Vaillant
ne voulait pas s’en approcher de trop près pendant
la nuit. ïl fit régler la voilure de manière à ne pas fder
plus dea ou 3 milles à l ’heure, afin de rester encore à
45 milles de Valparaiso, lorsque le jour paraîtrait, k
quatre heures et demie du malin , on commença à distinguer
les côtes du Cliili; mais sans pouvoir apprécier
la distance à laquelle on en était. On manoeuvra pour
s’en rapprocher, dès que les premières lueurs du crépuscule
permirent de voir à quelque distance. Bientôt
après , le soleil se levant derrière la cordillère des
Andes, dessina la sillionelte de leurs cimes neigeuses,
et permit d’apercevoir aussi très-distiiiclement les côtes
élevées qui bordent la mer, et dont la teinte grisâtre
contrastait avec la nuance azurée des hautes montagnes
de riiitérieur.
Le chef de timonerie de la Bonite était venu plusieurs
fois à Valparaiso; il crut reconnaître l’entrée de
ce port, et bien que M. Vaillant doutât un peu de l’exactitude
de ses remarques, il voulut bien se prêter â diriger
la route suivant findicalion de cet officier marinier.
Mais le point de la côte sur lequel on avançait ainsi,
n’était point l’entrée de Valparaiso. Le chef de timonerie
s’élait trompé. Lorsqu’on s’en aperçut, la Bonite se
trouvait dans une position d ’où le cap de Coroumilla
se projetait sur la pointe plus élevée de Valparaiso. Ces
deux po inte s, qu’il faut dépasser avant d’apercevoir le
p o r t , sont le prolongement de montagnes élevées , qui
viennent se terminer à la mer par une pente assez
douce.
Il fallut donc changer de route pour contourner, à
une lieue au large, la pointe de Coroumilla, qu’il est
bon de ne pas ranger de trop près , à cause des roches
qui l’entourent.
A m id i, Valparaiso n’était plus qu’à 15 milles, et deux
heures après, laBonite ayant dépassé le cap qui porte le
même nom, se trouva en face de la ville En cet endroit,
abrité par les hauteurs de Valparaiso, le vent manqua
tout à fait, el la corvette dut se faire remorquer países
embarcations, pour aller prendre son mouillage
dans la baie.
Ainsi se termina , après quarante-trois jours de mer ,
cette traversée heureuse sous bien des rapports; car elle
avait été contrariée tout juste assez pour donner à l’équipage
de la Bonite l’occasion de s’exercer aux plus
pénibles manoeuvres de la navigation, pas assez pour
occasionner de graves avaries, ou pour retarder le
voyage au delà de ce qu’il dure communément dans les
circonstances ordinaires.
V oir, dans l’Album h isto riq u e, la planche n“ 16.
B o n ite , — Re la tion d u v o ya ge .