T.e baromèire montait; tout présageait à la campagne
un début favorable. Aussi la confiance était-elle générale
à bord, où chacun attendait avec impatience le moment
du départ.
D é b a rq u em e n t d ’u n n o v ic e m a la d e d e p e u r.
Je me trompe : là-bas, sous le gaillard d’avant, au
poste des malades, un jeune novice, ébranlé sans doute
par les récits des tempêtes effioyables et des terribles
aventures dont les matelots se plaisent parfois à frapper
fimagination des débutants, ne rêve que périls et naufrages;
il regrelte la terre qu’il va quitter; il étouffe à
peine ses gémissements et ses plaintes amères; rien ne
saurait le distraire des sombres images que la peur enfante
dans son cerveau malade : ni les plaisanteries de ses
compagnons, ni la confiance dont ils se montrent remplis,
ni les sarcasmes que provoque sa pusillanimité.
La nostalgie, ce terrible mal de l’absence, s’empare de
lui avant la sortie du port. Ne le blâmons pas trop;
plaignons-le plutôt, lui, pauvre jeune homme, que le recrutement
esl allé prendre peut-être au fond d’un obscur
village, pour le jeter dans un monde fout nouveau pour
lui , dans une vie d’agitations et d’alarmes, si opposée
au calme paisible pour lequel il était né. Ifenfant du littoral
est, comme Jean Bart, marin avant d’être homme;
il a respiré, dès sa naissance, l’air frais et salé de la
mer, il a été bercé sur les lames, il s’est joué sur la
grève, au bruil de la tempête; ses premiers exercices
furent de manier le lourd aviion , de lutter dans un
frêle canot contre les flots écumants ; à lui la mer, à lui
les courses aventureuses : il est la dans son élément,
comme la mouette et l’albatros. Mais le paysan de l’intérieur
des terres, dont la main n’a jamais touché que
la bêche ou le b o y au , que voulez-vous qu’il fasse de
cette longue rame? lui qui marcha toujours sur la terre
ferme, comment se tiendrait-il debout sur le pont roulant
d’un navire? quelle apparence qu’il puisse aller
courir de vergue en vergue pour serrer une voile? Son
coeur défaille au moindre balancement de son étroite
prison; quelle énergie pourrait-il avoir? sous quel aspect,
je vous prie, peut-il envisager la carrière étrange
dans laquelle on le lance malgré lui? Je sais bien que
toul cela doit changer avec temps. Nonobstant d’anciens
préjugés , l’expérience a démontré que, même après
vingt ans, l’homme le plus étranger aux habitudes maritimes
peut devenir aussi un bon matelot. Mais le premier
jour! ab! ne soyons pas étonnés qu’il ne puisse
supporter fidée d’être emporté à l’aventure à travers
l’immensité de l’océan; que cette pensée soit une torture,
qu’elle l’abatte et le rende véritablement malade;
car il était malade, le pauvre jeune homme dont je
rappelle le souvenir ; et si bien, que dès le point du jour,
M. Vaillant dut le faire conduire à terre, où il entra à
l’hôpital. Ce novice se Ironvait heureusement en dehors
du nombre d’hommes fixé pour l’équipage de tu