armés en guerre, bien tenus et manoeuvrés par un bon
équipage, ne laissent pas de présenter un aspect imposant.
Ils sont merveilleusement propres à de longs
voyages, à cause de leur solidité et de la grande quantité
d’approvisionnements de tout genre que leurs vastes
flancs peuvent contenir.
I.orsque, par ce motif, l’amiral Duperré affecta la
Bonite à la mission dont on va lire l ’histoire, cette corvette
se trouvait à Toulon sans emploi. Elle avait servi,
deux ans auparavant, à transporter aussi des agents
consulaires sur les côtes de l’Amérique méridionale. Les
emménagements disposés à celte époque pour le logement
des passagers, les réparations exécutées au retour,
ne laissaient aucun doute sur la parfaite convenance du
choix de ce bâtiment, q u i , dans la pensée du ministre,
devait se trouver tout prêt à entrer en armement, à recevoir
ses passagers, et à partir ensuite sans retard.
L es r é p a r a t i o B S à fa ire à la B on ite r e t a r d e n t so n e x p é d itio n .
Cependant, l’événement ne confirma pas de si raisonnables
prévisions. L’armement de la Bonite, commencé
avant la fin d’octobre i 835, ne fut terminé que
dans les premiers jours de février i 836. Ceci peut sembler
étrange aux personnes qui ne connaissent pas la
marine, et pourtant de tels mécomptes sont très-
ordinaires.
Un bâtiment déjà ancien , plusieurs fois radoubé, est
réparé de nouveau au l etour d’uiie longue navigalion;
on remplace avec soin, par des pièces neuves, tout ce
<|ui, dans sa coque ou dans son armement, est trouvé
eu mauvais étal ; les calfals regarnissent toutes ses coutures,
ses installations sont rétablies; enfin, une couche
de peinture propre et brillante achève d effacer la
trace des fatigues de la campagne. Si ce n’est pas un
Irâlimenl neuf, c’est du moins un bâtiment eu bon état,
souvent préférable, pour un service ordinaire surtout ,
â celui qui sort du chantier, parce qu’il est déjà lait aux
mouvements de la mer, et qu’il se prête mieux au jeu
c|ue doivent supporter, sans se désunir, ses diverses
parties.
Qu'on l’expédie alors, vous verrez s’embarquer avec
joie les marins qui naguère traversaient avec lui l’océan.
Ils connaissent leur vieux compagnon, ils l’ont vu dans
le calme et dans la tempête; ils savent comment le conduire,
dans les diverses circonstances de la navigation.
Mais si l’heure du départ n’a pas encore sonné, s’il
faut que, inactif et sans vie, le navire attende dans le port
un tardif emploi, craignez les suites de ce funeste repos.
Exposée à toutes les causes de détérioration , sa
carène s’imprégne de substances nuisibles, les vers rongent
ses bordages, sa membrure se desunit, tout dépérit
insensiblement. Son aspect est toujours le même, mais
le vernis qui le recouvre cache mille plaies.
La corvette la Bonile se trouvait précisément dans
ce cas. Quand, en arrivant à Toulon, le commandant