qui venant d un milieu rare rencontrent la surface d'un corps
dense, qu a ceux qui, se mouvant dans un corps dense, tombent
sur la surface de séparation de ce corps et du milieu rare contign.
Cela posé, supposons qu’un observateur placé dans un navire
désire apercevoir un écueil un peu éloigné, un écueil sous-
marm situé à 3o mètres de distance horizontale, par exemple.
Si son oeil est à un mètre de hauteur au-dessus de la mer, la
ligne visuelle par laquelle la lumière émanée de pourra
lui arriver après sa sortie de l’eau, formera avec la surface de
ce liquide un angle très-petit; si l’oeil, au contraire, est fort
eleve, s’il se trouve à 3o mètres de hauteur, il verra l ’écueil
sous un angle de 45“. Or, l ’angle d’incidence intérieure, correspondant
au petit angle d’émergence, est évidemment moins
ouvert que celui qui correspond à l’émergence de 45“ . Sous les
petits angles, comme on a vu, s’opèrent les plus fortes réflexions ;
donc l’observateur recevra une portion d’autant plus considérable
de la lumière qui part de l ’écneil, qu’il sera lui-même
placé plus haut.
Les rayons provenant de l’écueil sous-marin ne sont pas les
seuls qui arrivent à l ’oeil de l ’observateur. Dans la même direction,
confondus avec eux, se trouvent des rayons de la lumière
atmosphérique réfléchis extérieurement par la surface de la
mer. Si ceux-ci étaient soixante fois plus intenses que les premiers,
ils en masqueraient totalement l ’effet ; l’écueil ne serait
pas même soupçonné. Posons une moindre proportion entre les
deux lumières, et l image de l’écueil ne disparaîtra plus entièrement;
elle ne sera qu’affaililie. Rappelons maintenant que
les rayons atmosphériques, renvoyés à l ’oeil par la mer, ont
d autant plus d’éclat qu’ils sont réfléchis sous un angle plus
aigu, et tout le monde comprendra que deux causes différentes
concourent à rendre un objet sous-marin de moins en moins
apparent, ii mesure que la ligne visuelle se rapproche de la
surtace de la mer, savoir, d'une part, l’affaiblissement progressif
et reel des rayons qui émanant de cet objet vont former
son image dans l'oeil; de l ’autre, une augmentation rapide dans
l’intensité de la lumière réfléchie par la surface extérieure des
eaux, ou bien, qu’on me passe cette expression, dans le rideau
lumineux à travers lequel les rayons venant de l’écueil doivent
se faire jour.
Supposons que les intensités comparatives des deux faisceaux
superposés soient, comme tout porte à le croire, l’unique cause
du phénomène que nous analysons, et nons pourrons indiquer
à MM. les ofiiciers de la Bonite un moyen d’apercevoir les
écueils sous-marins, mieux et beaucoup plus facilement que ne
l’ont fait tous leurs devanciers. Ce moyen est très-simple : il
consiste à regarder la mer, non plus à l ’oeil nu, mais à travers
une lame de tourmaline taillée parallèlement aux arêtes du
prisme et placée devant la pupille dans nue certaine position.
Deux mots encore, et le mode d’action de la lame cristalline
sera évident.
Prenons que la ligne visuelle soit inclinée à la surface de la
mer de Sy“. La lumière qui se réfléchit sons cet angle à la surface
extérieure de l’eau, est complètement polarisée. La lumière
polarisée, tous les physiciens le savent, ne traverse pas les lames
de tourmaline convenablement situées. Une tourmaline
peut donc éliminer en totalité les rayons réfléchis par l’eau qui,
dans la direction de la ligne visuelle, étaient mêlés à la lumière
provenant de l’écueil, l ’effaçaient entièrement, ou du moins
l’affaiblissaient beaucoup. Quand cet effet est produit, l ’oeil
placé derrière la lame cristalline, ne reçoit donc qu’une seule
espèce de rayons : ceux qui émanent des objets sous-marins; au
lieu de deux images superposées, il n’y a plus, sur la rétine,
qu’une image unique; la visibilité de l ’objet que cette image
représente se trouve donc notablement facilitée.
L’élimination entière, absolue, de la lumière réfléchie à la
surface de la mer, n’est possible que sous l’angle 3y“, parce que
cet angle est le seul dans lequel il y ait polarisation complète;
mais sous des angles de lo à I2° plus grands ou plus petits
que Sy“, le nombre de rayons polarisés contenus dans le faisceau
réfléchi, le nombre de rayons que la tourmaline peut ar-
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