quelques années, l’utile mission cle protéger l’industrie
de la péclie de la haleine, s’exprimait à ce sujet eu
termes fort piécis, dans un rapport au Ministre de la
marine.
« L ’esl, disait-il, une cliose pitoyable de voir de quelle
« manière nos baleiniers sont armés; les capitaines se
« plaignent de ne pas trouver cle matelots; mais plus ils
« iront, moins ils en trouveront ; car à mesure que ces
« marins acquièrent de l’expérience , et qu’ils s’aperçoi-
« vent (|u’après deux années d’absence ils ont gagné à
« grand’peine de cpioi payer leurs avances, ils désertent
« de plus eu plus ce genre de service ; et de là , nécessité
« d’emliarqiier tout ce qu’il y a de plus mauvais sur la
« place tlu Havre; de là , aussi, les désordres qui arrivent
K en cours de campagne. »
Rien cle plus juste assurément que ces observations.
Faut-il en conclure que raugmentalion de la paye des
matelots amènera sûrement la fin des maux dont on se
plaint encore aujouicriiui ? Hélas , non ! Remarquons
d ’abord cpie les Américains et les Anglais n’en sont pas
exempts eux-mêmes, quoiqu’ils payent mieux les marins
employés à la pêche. L’ofiicier dont je viens de citer les
propres paroles err eut la preuve pendant sa campagne,
car il r errcontra ¡rlttsieurs baleiniers anglais dans un embarras
semblable à celui qu’éprouvent les nôtres. Un de
ces bâtiments ne dut qu’à son intervention officieuse
d’être délie r é de la position critique où l’avait mis l ’in-
sur recliort de son équipage.
Mais il est un fait signalé tout récemment, et qui démontre
encor-e mieux l’insuffisance d’une augmentation
de solde pour prévenir la désertion. On a vu , après des
pêches heureuses cpri avaient à peine exigé huit ou dix
mois de campagne , des matelots et des harponneurs
déserter au Cbili, en abandonnant des sommes de mille
ou douze cents francs qu’ils avaient dcqà gagnées. Etcela,
tandis qrre le hâlimerri faisait sa dernière relâcbe, pour-
revenir immédiatement en France.
Certes ce ne sont pas ceux-là que l’intérêt d’un plus fort
salaire aurait pu r’etenir. Est-ce donc la vie de boucanier
qui leur plaît, un esprit d’aventures qui les pousse?
Peut-être.
Mais on se tromperait assur-émenten assignant comme
cause unique au mal tant de fois signalé l’insuffisance
de salaires généralement reconnus trop faibles. Plusieurs
circonstances réunies concourentensemble â ce résultat.
Pour bien les apprécier, il est nécessaire de se rendre
compte de l’existence des baleiniers à la mer.
On oublie trop, peut-être , combien est pénible le métier
auquel ils sont condamnés. Nous avons vu la Bonite
au milieu des glaces du cap Horn ; que de peines, que
d’inquiétudes pendant les cpielques jours passés dans
ces parages dangereux! qu’aurait-ce donc été s’ il avait
fallu y passer des mois? Eh bien! tandis que nos voyageurs
se bâtaient d ’en francbir les limites, un baleinier
était là , probablement depuis longtemps, se livrant an
sein des dangers à ses rudes travaux. Ce l'eu, qu’ou apci