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somie. Ceux (jui voienl dans les révolulious un progrès
des peuples vers une civilisalion plus parfaile, une simple
transiliou â des deslinées meilleures; et ceux qui les regardent
comme de grandes calamités, qu’aucune amélioration
vraie ou supposée ue saurait compenser, s accordent
du moins à reconnaître (parce que c’est un fait
qui frappe tous les yeux), les malheurs actuels qu’elles
iraîueut après elles, et qui n’épargnent guère plus leurs
adeptes que leurs adversaires. Cadix en a fait la triste
expérience. Les idées nouvelles devaient trouver dans
celte ville de nombreux partisans; les esprits tournes vers
les spéculations commerciales sont toujours un peu aventureux,
et il est bien rare qu’un changement, quel qu’il
soit, n’ait pas pour eux des charmes, à moins qu’ils ne
se trouvent encore sous l’impression de malheurs récents.
Nous voyous en effet que c’est principalement
chez les peuples adonnés au commerce (pie les agitations
ont de tout temps été plus fréquentes et l’autorité
moins stable. Celle observation s’applique également à
tous les degrés de civilisalion ; il suffirait pour le prouver
de citer les noms de T y r , de Carlbage, de Venise, de
Gênes, de la Hollande el de l’Angleterre, sans parler
d’une foule d’exemples moins sensibles, qui confirmeraient
au besoin celte vérité. Là les révolutions partielles
ou générales sont , pour ainsi parler , dans leur élément.
Elles s’accomplissent ordinairement par le concours du
plus grand nombre, et produisent moins de déchirements
dans le corps social, constitué de telle sorte qu’il
peut les subir sans trop de dommage. Mais chez un peuple
où q u e l q u e s bommes seulement, se disant bbcraux,
cherchent à entraîner les masses dans un mouvemeni,
dont la plupart de ceux qui possèdent doivent redouter
les effets, il n’est pas surprenant (pie les lliéories les
plus séduisantes avortent le plus souvent, étouffées
comme toul le reste sous les ruines des inslilulioiis anciennes
, et (pi’il ne ixsle des perfeclionnements tant
rêvés que la coiilusion el le désordre.
11 airive d’ailleurs que ceux même qui se disent libéraux
n’ont qu’une idée fort imparfaite de la véritable
signification de ce mot, devenu de nos jours le signe de
ralliement des passions les plus opposées. On se croyait
libéral à Cadix; mais pas un homme n ’a u r a i t donné un
maravédis pour soutenir la cause cpi’il exaltait; pas uii
n’aurait payé de sa personne, s’il eiit fallu la défendre les
armes à la main. Heureusement ce dernier effort ne leur
était pas demandé; aussi la garde nationale suffisait-elle
au service de la place, dont un seul bataillon de marins
formait toute la garnison.
Le peu de temps que M. Vaillant avait à passer à Cadix
ne lui permettait pas d’entreprendre une étude plus
approfondie de la situation morale, politique ou commerciale
de celle partie de l’Espagne. Les quelques mots
(jui précèdent résument tout ce qu’il |)ut en apprendre
dans ses entretiens avec le consul de France, ipi’d quitta
bientôt pour retourner à bord de son bâtiment. M. de
Mornard, cédant sans doute au désir mal dissimule de