et 6 du-tome I.er)v Ces katavothrons, comme nous avons pu le Vérifier pou r plusieurs,
sont de véritables grottes à ossemens, dont le dépôt limoneux ossifère se
forme encore tous les jours.
L e lendemain de notre visite à la grotte de Sillaka, nous comptions y retourner
p ou r vérifier si, comme nous le soupçonnions, le dépôt limoneux contenait des
ossemens; la chose eut été d’autant plus facile que ce dépôt, entretenu dans une
espèce de mollesse par l ’humidité constante de la caverne, n’est recouvert par rien
qui puisse empêcher d’y fouiller; mais la fièvre, qui ne nous laissait .pas un instant
de relâche depuis plus de six mois , nous reprit avec plus de violence et renversa
notre projet d’investigation.
Après avoir examiné toutes les hypothèses, par lesquelles jusqu’à ce jo u r on a
cherché à se rendre raison de la formation des cavernes, et les avoir trouvées
insuffisantes même pou r le cas de Roches solubles comme les Calcaires, nous
avons d u , pou r arriver a une explicaüon théorique probable de la caverne de
Sillaka, remonter a un autre ordre de phénomènes qui puisse s’appliquer à la
formation non-seulement de cette caverne, mais à celle de toutes les autres.
. I l est généralement admis aujourd’h u i que le soulèvement des montagnes est
lé résultat d’actions volcaniques très-considérables; que ces actions, qui paraissent
permanentes, n’étant pas toujours assez puissantes pour opérer un soulèvement de
la surface du sol, et donner lieu à de nouvelles chaînes de montagnes ou à un
nouvel exhaussement des anciennes, se manifestent cependant d’une manière plus
ou moins sensible, soit par des éjections de matières ordinairement en fusion,"
soit par des dégagemens de gaz ; mais le plus souvent par des secousses de
tremblemens de terre, quelquefois très-fortes, d’où i l résulte- une multitude de
fractures, de fentes ou de fissures dans les terrains qui en sonptourmentés. Ces
fentes peuvent t rè s -b ien , dans certains ca s, servir ensuite de passage aux gaz,
auxquels ces actions doivent donner continuellement lieu; et ces gaz, quelle que
soit leur nature, fluorique ou sulfureuse, etp., élevés à une très-haute température
par le fait seul de leur propre formation, devront nécessairement'agir par une
action prolongée sur les Roches qu’ils auront à traverser; et quelle que soit leur
composition, elles seront altérées et corrodées, suivant qu’elles seront plus ou
moins attaquables, ou qu’elles auront été soumises plus long-temps à l’action
corrosive et dissolvante de ces gaz.
Nous aVons observé dans/l’isthme de Cojînthe un fait intéressant, qui prouve
non-seulement 1 existence possible de tels conduits ou cheminées par où peuvent
se dégager des gaz, mais encore l ’action de ces gaz sur les Roches les plus inattaquables.
Nous y avons vu des Jaspes et des Silex être entièrement corrodés et
dénaturés.par l’action prolongée de gaz souterrains, arrivant à la surface avec une
température encore'très-élevée. Ces gaz et les cond uits, par lesquels on les voit
S’échapper, ne sont que la manifestation d’actions volcaniques intérieures, agissant
depuis long-temps dans le voisinage, et auxquels sont probablement dus les Tra-
chytes d’É gine, de Méthana et de Porôs : elles continuent encore aujourd’h u i à
manifester leur activité, d’un côté par ces dégagemens permanens de gaz; de l ’autre,
par la production des eaux thermales* sulfureuses de Méthana et les belles sources
chaudes d e L o u t r o , également situées dans l’isthme, mais du côté opposé à celui
o ù se font les irruptions gazeuses.
La caverne de Sillaka, ainsi que lé canal qui sert encore aujourd’hui de conduit
aux eaux thermales de T h erm ia, ne sont pou r nous que de ces sortes de cheminées
ou fissures par où s’échappèrent d’abord les gaz intérieurs, à une époque où
l’action volcanique qui avait produit ces fissures n’était pas encore assez puissante
pou r produire le relèvement des couches qu’elle avait commencé à fracturer; ce
n’est qu’après ce relèvement que les fentes, auparavant verticales ou fortement
inclinées, s’étant rapprochées de l’horizontalité, ont p u , comme à Sillaka, donner
passage aux eaux de la surface, et devenir seulement alors ces cavernes d on t nou s
cherchons à expliquer l’origine.
Gomme nous l’avons dit précédemment, les formes, les caractères et le dépôt
limoneux de la caverne de Sillaka, ne nous permettent pas de douter qu’elle n’a it,
après le relèvement de la fissure qui lu i a donné lie u , servi de passage à quelque
courant souterrain q u i, en dénudant les parties qui avaient été altérées, l ’a successivement
agrandie et lu i a en grande partie donné ses formes actuelles, en même
temps qu’il y déposait le so l limoneux qu’on y observe.
Les nombreux filons de F er dont il a été parlé précédemment, et qui courent
dans tous les sens^' sont probablement contemporains de la fente ou fissure plus
considérable q ui a donné naissance à la caverne, servant alors de cheminée principale,
par où s’échappaient les gaz et le F er q u i, en së sublimant, est venu remplir
toutes les gerçures du terrain et former autant de filons.
M. Léopold de B u ch , q u i, le premier, a signalé le phénomène du changement
des Calcaires en Dolomie, en admettant que la plus grande partie des cavernes
calcaires étaient situées dans cette Roch e modifiée, leu r a supposé une origine à
p eu près analogue à celle que nous leur attribuons, puisque selon lui elles seraient
dues aux phénomènes volcaniques q u i ont produit la dolomisation des Calcaires.
Bien que cette supposition ne soit-peut-ètre vraie que dans un très-petit nombre
de cas, elle n’en vient pas moins à l’appui de la nôtre; car dans l ’un et l’autre cas
elles seraient toujours dues à des phénomènes volcaniques.
D’après les idées que nous venons d’émettre sur la formation des cavernes en
général, nous sommes .porté à croire q u e , si elles sont plus nombreuses dans les
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