XVI. THERMIA ( toc ©eç/Aiù), la Cythnos (y YivQvos) des anciens, appelée
quelquefois par corruption Fermia et Fermina, a environ douze milles de longueur
du sud au n o rd, sur une largeur moyenne de trois à quatre; sa circonférence
est de trente milles environ, et sa surface, fort montagneuse, est entièrement
composée de Roches primordiales.
La direction des couches est N. O.-S. E ., plongeant au N.-0 . avec une inclinaison
de 45 à 5o degrés. Cette direction, qui correspond exactement à celle du Système
de l'Olymp e, est indépendante de deux lignes parallèles de reliefs, voisines de la
ligne N .-S ., qui sont venues modifier la première direction de l’île. Comme elle ne
présénte au-dessus des Roches primordiales aucune formation dont le relèvement
aurait pu permettre d’assigner un âge relatif à ce soulèvement, nous ne chercherons
pas à le rapprocher, soit du Système de la Corse, soit de celui du Ténare;
car rien ne peut nous autoriser à le rapporter plutôt à l’un qu’à l’autre, si ce n’est
peut-être qu’i l semble plus en rapport avec le premier par sa direction N- quelques
degrés Ê.
Les Roches principales qu’on rencontre à Thermîa sont : i.° des Gneiss talcifères
verdâtres, avec petits cristaux cubiques de P y r ite de F e r et quelques Grenats
rares;.2.0 des Micaschistes grenatiières et amphiboleux verdâtres et gris argentai;
3 .° des Schistes argileux grisâtres, satinés ; quelquefois amphiboleux, souvent
très - quartzeux et ferrugineux, à filons et noyaux de Quartz b lanc , renfermant
parfois de la Chlorite, ou bien mélangés de F er carbonaté spathique, et des filons
de F er oli giste et de F e r oxidé hydraté : c ’est la Roche prédominante de l’île et
celle q ui la constitue eu grande partie; 4 ° des Stéaschistes verdâtres passant à un
Stéaschiste calcarifère et alternapt avec des bancs de Calcaire grenu ; quelques bancs
de ces Stéaschistes sont grisâtres et amphibofifères; 5.° enfin, des Calcaires saccha-
ro ïd e s, fort peu développés et essentiellement subordonnés aux Stéaschistes. On
rencontre ces Calcaires d ’abord près du yillage de SilJaka, vers la partie centrale
de l’île i ils sont d’un bleu tur.quin, rubannés; tandis que près de la ville de
Thermia leur teinte est grisâtre, mélangée d’un peu de Calcaire ferrifère, et dans
la partie nord ils deviennent tou t-à-fa it ferrifères 5 seulement ils sont mélangés
alors de Chaux carbonatée' n oire , à gros grains, colorée par du Carbone, qui
leur donne un aspect tout particulier, difficile à décrire. Tous ces Calcaires sont
généralement schisteux, un peu talqueux, magnésifères, ferrugineux et fétides.
Dans une petite plaine de la partie orientale et septentrionale de l’île , dominée
par une masse d ’environ quarante à cinquante p ieds de puissance de ces Calcaires
d ’un gris bleuâtre, schisteux et en couches fort minces, on voit sortir d u milieu
d u soh schisteux plusieurs sources chaudes autrefois très-renommées,
lesquelles on t valu à l ’île son nom moderne ; elles sont situées dans le fond du petit
bassin que forme le port de Saint-Érini, éloigné de trois milles environ au nord de
la ville. Ce lieu s’appelle Loutro (hourços), c’est-à-dire Bains, nom générique que
l ’on donne en Grèce à toutes espèces d’eaux thermales. Toutes ces sources, élevées
seulement de quelques mètres au-dessus du niveau d e la mer, fournissent une eau
salée, plus ou moins amère, contenant peu de gaz et sans odeur aucune; elles
sortent en bouillonnant et se réunissent pou r former un petit ruisseau, qui va se
jeter à la mer à peu de distance. I l y avait anciennement dans ce lieu un établissement
de bains, dont on aperçoit encore les ruines, vers le milieu du vallon , et
o ù l’eau de la principale source était conduite par une rigole en maçonnerie.
Maintenant elles se rendent dans un petit bassin au milieu d’une mesquine chapelle,
consacrée à Sainte-Irène, seule construction du lieu ; elle est située au pied de la
montagne. L e bassin destiné aux malades n’est plus guère fréquenté que par les
habitans du voisinage qui viennent y laver leur linge. Quoique très-rapprochées
les unes des autres, cependant ces sources diffèrent sensiblement de température :
celle dont les eaux se rendent dans le bassin dont il vient d’être parlé, n’a fait
monter le thermomètre qu’à 4'ô°, tandis que celle qui est située tou t auprès et a
l’extérieur, l’a fait monter à 5o°; une autre, la plus chaude de toutes, a élevé le
mercure jusqu’à Sy0 centigrades.
Peu de temps après avoir visité cette île avec M. le colonel Bory de Saint-Vincent,
une autre commission, dont nous faisions aussi partie', et qui se composait de
MM. K y b e r , médecin en ch e f de la flotte russe; Cabissol, chirurgien du vaisseau
français le Conquérant; Zuccarini, ce même m édecin en ch e f du corps régulier grec
auquel la plupart des membres de la Commission de Morée doivent la v ie , et Mahn,
pharmacien attaché au même corps, se rendit à Thermia, sur l’invitation deM. le comte
Capo d’Istrias : sa mission était d’examiner la nature et les propriétés de ses eaux,
pou r reconnaître si elles étaient susceptibles de donner lieu à un établissement utile.1
i . Voici l’analyse qu’elle en a donnée : 4 onces d’eau, après évaporation, ont laissé' un résidu
de 83 grains, composés ainsi qu’il suit :
Carbonate de F e r .......................................... a
— de Chaux.............. 8
— de Soude ...................... 2
Muriate de Soude , ....................................... 28
— de Magnésie.................................... 21
— de Potasse;...................... 9
Sulfate de Chaux ................. 4
de Magnésie......................................... 2
Muriate de Chaux et traces de Silice............... 6
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Cette analyse, vu le manque de tout ce qui aurait pu être nécessaire dans une opération aussi
délicate, aurait besoin d’étre répétée avec soin.