Méthana est une presqu’île du golfe d’Ëgine, liée au continent par un istlnne
de 2 à 30,0 mètres. Sa circonférence est de 3o kilomètres; on peut la considérer
comme un prisme trachytique de 700 mètres d’élévation, flanqué de lambeaux de
Calcaires secondaires et au pied duquel s’étendent vers l’Est des nappes de Terrain
tertiaire, recouvertes par des agglomérats trachy tiques; c’est, sous tous les rapports,
la même constitution géognostique qu’à Ëgine. Tout le centre de la presqu’île
appartient exclusivement aux Trachytes, qui forment en grande partie les rivages
du Nord et de l’Ouest; ils s’élèvent à 741 mètres au pic Khélona, et atteignent
700 mètres dans plusieurs des sommets du Nord-Ouest
On s’élève, par des pentes de a5 à 3o degrés du bord de la mer au centre de
l’île, où l’on trouve, kS o o mètres d’élévation, des vallées ou dépressions à formes
irrégulières, dont quelques parties sont cultivées en vignobles.
Les Trachytes sont divisés en bancs très-réguliers, du moins dans le centre de
l’île; ils se dirigent vers le N.-68°E., de manière, à se raccorder avec ceux qui
suivent la même direction dans Ëgine, depuis le pic -Oros jusqu’au cap Perdika.
Nous avons dit que cette direction était celle des fentes par lesquelles avait eu
lieu à Ëgine, comme à,Méthana, la première apparition des Trachytes. Cette
direction se retrouve dans les principaux chaînons et dans les fractures du centre
de la presqu’île, ainsi que dans les chaînes calcaires d’Égine et d’Hydra, et dans
tout le Système de rides que nous avons désigné sous le nom de Système de
VÉrymanlhe. En se dirigeant du sommet du Khélona vers le pic des citernes,
pic indiqué R. H. (ruines helléniques) sur notre carte, on traversé deux de ces
fractures, séparées par une espèce de muraille naturelle, très-étroite et haute de 100
mètres. Le Khélona est composé de Trachytes bleuâtres, que nous avons appelés
porphyroïdes; dans la première fracture, la nature de la Roche change et l’on ne
trouve plus que des Trachytes granitoïdes, de couleur grise ou rougeâtre. Le piç
des citernes est entièrement revêtu d’une masse incohérente, formée par les débris
altérés de cette même Roche; les cristaux de Feldspath vitreux ont en grande partie
disparu, et l’agglomérat a pris une teinte oçreuse. Nous croyons néanmoins qu’il
est en place et constitue la partie supérieure du massif soulevé. Au-delà, des
Trachytes rouges èt bleus forment les pics du rivage septentrional.
Si du mont Khélona on se dirige vers le bourg de Mégalokhorio et l’isthme,
on ne rencontre que les Trachytes bleus et rouges, à pâte plus ou moins con*-
pacte, jusqu’à un petit cap au sud de la ville antique. Là on trouve des agglomérats'altérés,,
comme ceux du pic des citernes, des Trachytes noirs, celluleux
et un agglomérat siliceux, formé entièrement de Quartz hyalin. Nous n’avons pu
reconnaître s’il appartenait à la formation des Trachytes ou à quelques couches
altérées de la formation secondaire. Cette dernière opinion nous paraît d’autant
plus probable, qu’à partir de ce point, on ne rencontre plus que le Calcaire
secondaire , qui constitue toute la montagne du Palæokastro et l’isthme de
Taclicopolis.
Telles sont les seules observations que nous avions pu recueillir dans un premier
voyage; l’année suivante, nous, essayâmes de visiter la côte nord, afin de
reconnaître en quoi consistaient les phénomènes -volcaniques décrits par les
anciens; un bateau nous conduisit d’Égine au-dessous, du village de Kounipitsa.
La côte est' occupée par les Calcaires inférieurs du groupe lithographique ; on
voit même paraître, en quelques points, les Eurites ét Diorites du Grès vert inférieur.
Au-delà, en nous dirigeant vers l’ouest, nous nous trouvâmes*au pied des
pics trachy tiques, flanqués encore par quelques collines-^calcaires, qui ne tardent
pas à disparaître. Deux grands pics, presque entièrement dénudés, s’élèvent au-
dessus du rivage; les débris de leur pied et la couleur des escarpemens montrent
que le Trachyte porphyroïde rouge est la Roche dominante. Le Mica y forme des
prismes bronzés ; la pâte est un pétrosilex rouge, terne et très-âpre au toucher.
Après avoir passé un petit torrent qui descend entre les deux pies, on entre
dans la partie que les Grecs désignent sous le nom de Kaymméni (Brûlée); ici
il y a impossibilité de suivre le rivage, que bordent des amas de blocs entassés
sans liaison entre eux et à peine en équilibre. Nous nous élevâmes jusqu’au point
ou ces collines de grands débris s’appuient au pied du pic, en se dirigeant à peu
près de l’Est à l’Ouest; des crevasses alongées et des fentes parallèles au rivage
annoncent que ce fut la direction des fractures lors du phénomène volcanique.
Les blocs de Trachytes, dont quelques-uns ont peut-être 100 mètres cubes,
sont entièrement décomposés à leurs surfaces : la pâte rouge est décolorée et
devenue encore plus âpre et très-friable; d’ailleurs dans les gros blocs les altérations
pénètrent rarement à plus de deux à trois pieds delà surface, tout le centre
est intact. De grandes surfaces, soit sur les flancs de la montagne, soit dans les
masses éboulées, présentent un genre d’altération fort remarquable : ce sont des
cavités polyédriques ou sphériques d’un à deux mètres de diamètre ; résultat de
l’intersection des sphéroïdes dans lesquels la masse se divise. Les blocs entassés
sur les fentes ont leur surface tellement arrondie, que nous pensons que le mouvement
produit par la sortie des gaz, a dû y contribuer autant que la décomposition.
En continuant à suivre, avec les plus grandes diflicultés, la surface des Kaymméni,
nous arrivâmes à une fracture formant une petite anse au milieu des
Trachytes bleus qui succèdent aux Trachytes rouges : ici nous commencions à
rencontrer des témoignages de faction volcanique, dans des Trachytes huileux,
noirâtres, a surfaces vitreuses et luisantes; dans des Calcaires devenus ternes, âpres
a la surface, et fibreux à l’intérieur; et enfin, dans les eaux thermales et sulfu