restées inaltérées, soit a cause de leur isolement, soit qu’en contact plus immédiat
avec l’air, elles aient pu ^échapper à l’action de la chaleur et des autres agens
chimiques. Au sud de ce mont,-le long des rivages escarpés de la mer, existent
plusieurs grottes ; l’une d’elles, qu’on nomme la Soufrière (SsteeQsiov) , émet une
source thermale salée très-abondante, qui fit monter le thermomètre centigrade
à 58“ j elle se jette presque aussitôt à la mer. Cette grotte est toute tapissée de Soufre
et de Sels alumineux, dont M. le colonel Borÿ de’Saint-Vincent a rapporté de très-
beaux échantillons. Il s’en dégage une certaine quantité de gaz, qui ne permettraient
pas de pouvoir y rester long-temps sans être incommodé ; Us s’échappaient avec
bien plus d’abondance;autrefois, et lorsque Tournefort la visita, il n’était pas possible
d’y pénétrer-,.parce que, dit-il, le Soufre y.brûlait sans cesse. .
Alunites. Tous les conglomérats trachytiques, les Trassoïtes, les Pépérinos, etc.,
ont été convertis en Alunites et en Roches alunifères ; qui présentent des variétés
nombreuses, résultant de la différence des élémens de chacun d’eux. Les uns, contenant
beaucoup de SUice, ont été silicifiés et sonjt passés à l’état de Silex alunifères,
homogènes ou scoriacés ; les autres, où l’Alumine prédominait, sont restés à l’état
de Roches tufacées, ' tendres et quelquefois pulvérulentes.’ La principale variété
d’Alunite présente l’aspect d’une Brèche d’un gris blanchâtre, à fragmens blancs,
au milieu d’une pâte ou réseau bleuâtre : elle est souvent remplie de cavités qui
paraissent dues à la dissolution de certains fragmens j tandis que d’âutres fragmens,
au contraire, d’une nature moins altérable, sont restés comme pour témoigner de
l’origine arénacée de cette Roche. Une autre variété. d’Alunite devient sur quelques
points silicifère et passe même à un Silex d’un blanc laiteux, presque toujours
poreùx et rarement homogène, au milieu duquel on reconnaît encore des noyaux
de Roches qui n’ont pas été entièrement décomposés. Une variété remarquable est
résultée de l’altération:-de Trass à grains fins, devenus d’une blancheur éclatante :
cette Alunite, ordinairement très-légère et. friable, devient dure et cassante sur les
points où elle a commencé à se silicifier, prenait alors des teintes d’un rose de
chair d’un effet assez agréable. Il y en a d’un rose rouge, à fragmens ferrugineux;
d’autres d’unifouge de brique,' à zones blanches et jaunâtres, contournées, quelquefois
concentriques, d’un aspect bizarré (Cdyez Pl. XI,fig. 5, 2.°série); il y en a-
enfin d e blanches, marbrées de teintes rouges, jaunâtres et lie de vin ou violettes,
souvent piquetées- de nombreux grains ferrugineux, formant une espèce de semis
très-fin, qui diffère de?grosseur suivant les zones. Nous ne pousserons pas plus
loin l’énumération des accidens que nous avons reconnus dans ces Roches variant
à l’infini; mais nous ferons remarquer que la variété d’Alunite tufacée, pulvérulente,
d’une blancheur éclatante et ressemblant à de la Magnésie pure, déérite ci-dessus-,,
¿est bien plus vraisemblablement que la Cimolithe, ce dont les anciens faisaient usage
en peinture et qu’ils connaissaient sous le nom de Terre de Melos. La description
que Théophraste1 donne de cette Tèrfe de Mélos, concorde parfaitement avec la
nôtre. Pline dit aussi2 que la couleur blanche des peintres se mettait aisément en
poudre,, et que de son temps la meilleure sç lirait de cette île. iL'es Alunites et
Roches alunifères formant une grande partie du sol de Milo, pourraient devenir
le sujet d'exploitations* très-importantes.
A la ji ( ‘¡irúrrílg-lú, •ïvji'is, d’bù est venu notre, mot stjptiquy). Les principales
mines d’Alun, aujourd’hui abandonnées, étaient situées sur Jes coteaux qui bornent
la plaine, à environ une demi-lieue au nord-est de la vieille ville, du coté de Sainte-
Vénérande; elles l’étaient'déjà du* temps de .Tournefort, lequel rapporte que les
consuls étrangers avaient fait, fermer les principales, dans la crainte que les Turcs ne
se livrassent envers eux à de nouvelles exactions, par la supposition qu’ils devaient
feire de grands bénéfices, sur l’exploitation de l’Alun : celles de ces mines encore
ouvertes et que nous avons pu visiter, consistent en excavations- cOmposees d une
ou plusieurs pièces, où l’on arriye par une rampe étroite et inclinée, fort maladroitement
établie et ne permettant pas à l’air de circuler facilement dans les travaux,
en même temps quelle obligeait à élever le minéraiîà bras d'hommes, ce
. qu’il eût été si facile d’éviter.
Le Sulfate double d’Alumine et de Fer ou Alun de plume, se trouve en petits
filons blancs, -fibreux, soyeux et nacrés, au milieu des Roches alunifères,^dans
lesquelles des excavations ont été creusées; il se forme journellement sur leurs
parois et y est mélangé de Gypse en aiguilles très - déliées. L’Alun de plume existe
également en filons dans les Roches des environs de Kalamo; on le reconnaît
encore dans les grottes et cavités des falaises escarpées qui forment les rivages- de la
mer, au sud de la montagne. Dans l’une de ces grottes, peu éloignée de la Soufrière,
on remarque des concrétions alumineuses, du Gypse fibreux et de l’Alun de plume
se former journellement; mais la plupart de ces produits, souvent d’une grande
blancheur, sont enlevés par la mer, qui pénètre dans la grotte lorsqu’elle est agitée;
les vapeurs qui s’en échappent par quelques issues font l’effet dé bouchés de chaleur
et n’ont qu’une très-faible odeur d’Acide sulfureux. C’est le Gypse fibreux ainsi
formé que Dioscoride a comparé à l’Alun de plume, tout en faisant observer qu’il
en différait cependant en ce qu’il était sans goût et sans stypticité, en même temps
qu’il différait aussi fie l’Amiante.
Nous avons vu s.uinter de quelques-unes des excavations si communes a Milo
une liqueur très-épaisse, blanche, d’une très-grande stypticité, assez,corrosiyepour
que nous éprouvassions, peu de temps après y avoir plongé le doigt, une légèie
1 . Page a o 5* trad. de H ill.
2. Lib. XXXV, cap. 6 et 7.