L’âge et la position de ces Calcaires une fois bien établis, il ne peut plus rester
d’incertitude à l’égard du conglomérat vert ophiolithique, à grains fins, à peine
agrégé; des environs de Nauplie, qui fait partie du Système des Calcaires compactes
et lithographiques supérieurs aux Calcaires bleus, mais où la présence de
nombreux fossiles, tels que* des Dicérates, plusieurs Nérinées, des Turbo, etc.,
parfaitement identiques avec ceux du Terrain jurassique de Saint-Mihiel, auraient
pu laisser de l’incertitude, et nous amener même à les placer dans cette formation,
avec laquelle la Craie de la MoTée a d’ailleurs une si grande ressemblance minéra-
logique. Il résulte donc de là, que des fossiles que l’on avait cru propres à l’étage
jurassique que l’on a surnommé Coral-rag, entrent dans la formation de la Craie;
fait qui a également été constaté par MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont pour
les Alpes et les Pyrénées;*'.;,
Il paraît que c’est à la première apparition des OphiolitBes qu’il faut attribuer
la dislocation des Calcaires bleus à Nummulithes, auxquels ont succédé les Grès
verts inférieurs; et bien - que tout annonce que cette dislocation n’a pas été générale
, puisqu’elle ne paraît avoir amené auCun changement notable dans la série des
êtres organisés vivant à cétte époque dans la contrée, elle n’en a pas moins déterminé
pour la Grèce deux époques bien distinctes dans son Terrain de Craie inférieure.
Cette première dislocation des Calcaires bleus, antérieure au dépôt des Calcaires
lithographiques, pourrait peut-être servir à expliquer pourquoi, dans la plus
grande partie de la Laconie, ils n’ont pas été recouverts par les assises supérieures
de la Craie.
Etage moyen, composé du Grès ve r t inférieur e t des Calcaires compactes
e t lithographiques.
Les Roches d’épanchement antérieures aux Trachytes, qui, à différentes époques,
ont été soulevées dans la Grèce, étant-presque toutes à bases vertes, ont dû
naturellement influer sur les couleurs et la nature des Roches arénacées, auxquelles
leur soulèvement, et ensuite leur désagrégation, ont donné lieu.’ De là, les différens
Grès verts qu’on rencontre dans cette contrée; circonstance qui augmente encore
les difficultés que présente déjà l’étude des Terrains secondaires de cette contrée.
Cependant dans la partie occidentale de la Morée, et principalement en Messé-
nie, ou ïes Systèmes de soulèvement Achaïque, del’Érymanthe et Argolique se sont
beaucoup moins fait sentir que dans la Haute-Arcadie et l’Argolide, l’étude des
différens étages de la,formation de la Craie et du Grès vert nous a paru généralement
plus facile qu’elle ne l’est dans ces dernières provinces,-où les Serpentines,
qui percent à peine sur quelques points des provinces de l’ouest, en pénétrant de
toutes parts à travers les différens étages de cette formation, sont encore venues
ajouter à la difficulté de leur étude.
Nous avons reconnu en Morée deux formations bien distinctes de Grès vert,
déterminées par leur position et leurs caractères de composition-: l’une, qui a immédiatement
succédé aux Calcaires bleus et noirs, à Nummulithes et Hippuntes,
est inférieure à tous les Calcaires compactes ,et lithographiques ; elle se distingue
surtout de l’autre par une formation de Jaspes qui lui est ordinairement subordonnée,
et par ses liaisons plus ou moins constantes avec les Roches ophiolithi-
ques. Nous la désignerons. sous le nom de premier Gris verl, ou Grès vert
inférieur. L’autre est au contraire supérieure à toute la série des Calcaires compactes
et lithographiques : elle se lie ou plutôt est subordonnée à une formation;
argilo-manjeuse, très-puissante; en Messénie elle est caractérisée par un Poudingue
entièrement composé de galets de Calcaires compactes et lithographiques, de Silex,
de Jaspes et de Grès de l’étage moyen, cimentés par la pâte du Grès vert lui-même,
qu’il remplace. Nous la désignerons sous le nom de second Grès vert, ou Grès vert
supérieur; elle ne se lie jamais, comme l’inférieure, aux Jaspes ni aux Ophiolithes,
ce qui indique que l’apparition de ces Roches pyrogènes est antérieure a son dépôt.
Groupe du Grès vert inférieur, ou prejnier Grès vert, et Jaspes■ Le Grès vert
inférieur a, en général, une teinte assez foncée; il est tantôt solide et tantôt friable,
composé de grains feldspathiques ou de Jaspe vert, qui paraissent venir en grande
partie de la désagrégation du Terrain de Prasophyre; ou bien quelquefois il paraît
n’être qu’un conglomérat ophiolithique à grains fins, jouant a 1 égard des Serpentines
le même rôle que certains Grès rouges par rapport aux Porphyres rouges,
ou bien encore que les Roches bréchoides du Terrain entriûque par rapport aux
Prasophyres. Ce Grès vert se lie à des Jaspes rouges, bruns et verts, auxquels il
passe par des Roches de transition, et forme quelquefois avec eux plusieurs alternatives!
L’ensemble de ces Jaspes acquiert parfois une puissance très-considérable, et
il arrive qu’ils remplacent entièrement le Grès vert Les couleurs dominantes de
ces Jaspes sont le rouge ferrugineux et le brun foncé; souvent une même couche
présente plusieurs couleurs réunies par zones ou simplement nuancées. Les Jaspes à
teintes vertes, en devenant translucides, passent au Silex corné ; enfin, ils offrent aussi,
piais plus rarement, des parties rubanées d’un assez bel effet Ils forment toujours
une nombreuse suite d’assises, généralement de deux à quatre pouces de puissance,
et atteignent rarement jusqu’à huit pouces. Ils ont été affectés de contoùrnemens
remarquables, et sont presque toujours fendillés et comme hachés perpendiculairement
au plan des couches, ont une cassure très-irrégulière et. esq.uilleuse, sont
souvent très-friablés, et donnent lieu, en se délitant, à un sol grésilleux, craquant
sous les pieds, comme les Rauwack.es calcaires du lac Phonia et de la presquîle
du cap Malée.