parfaits. L’on a vu par la description que nous avons faite des escarpemens .de Santorin,
de Thérasia et d’Aspronisi, lesquels offrent précisément une semblable coupe,
qu’ils sont loin d’offrir les conditions voulues, puisqu’ils -ne se composent que de
■zones interrompues de Trass et de.conglomérats trachytiques, entrelacées et mariées
à quelques traînées étroites de Traehyte. Les formes de ces coulées et les cavités
huileuses alongées qu’elles présentent souvent , prouvent assez qu’elles se sont
moulées telles qu’on les observé aujourd’hui et qu’elles ont coulé dans les dépressions
alors existantes le long des flancs du cratère d’éruption. Ensuite la ressemblance
que ces escarpem.ens présentent avec les coupes de certains cônes d’éruption,
dont l’origine ne saurait être douteuse, et les rapports d’analogie qu’ont offerts les
massifs de matières incohérentes dont se composèrent momentanément les îles de
Sabrina et de Julia avec Santorin, ne permettent pas de douter que celle-ci n’ait eu
exactement la même origine.
Toutes les Roches composées de matières incohérentes, telles que les Ginérites,
les Pépérinôs, et surtout les Trassoïtes pisolithiques, décrits» sous le n.° 21 de la
coupe de Thirà (page 203), et autres conglomérats qui constituent la plus grande
partie des trois îles.,de Santorin, Thérasia et Aspronisi, ont les caractères les plus
éyidens de Roches de projections ou d’éjections formées sans le concours des
paux; Caractères qu’elles n’auraient point si, dans la supposition d’un cratère de
soulèvement, elles .avaient dû se former horizontalement au fond de la mer.
L’absence d’ailleurs à .Santorin, qui comprend à elle seule plus des deux tiers de
l ’étendue totale du volcan, de vallées d’écartement ou de déchirement qui auraient
pu donner, une espèce de probabilité à l’idée d’un-cratère de soulèvement, prouve
assez que l’île n’eut jamais une semblable origine : si l’on réfléchit un instant aux
conséquences d’un soulèvement circulaire suffisant pour amener un terrain', plan
à former avec une inclinaison de trois ou quatre degrés tout au plus, commç.éëlle
delà surface actuelle de Santorin, un cratère de soulèvement d’un diamètre seulement
de la moitié, du tiers ou même du quart du cratère tel qu’il existe aujourd’hui
(pour tenir, compte de l’élargissement successif que par suite de l’hypothèse, il
aurait éprouvé après son soulèvement il est facile? de voir à priori qu’il faudrait
arriver à des soulèvemens d’une hauteur telle que les plus hautes montagnes du
globe n’offriraient rien de comparable.
Les espaces q ui séparent les trois îles, se trouvant d’un seul côté du cratère,
quoiqu’ils soient, aujourd’hui beaucoup plus étendus que ne le serait la sommé
des écartèmens de toutes les fractùres divergentes qui résulteraient de tout soulèvement
circulaire, nécessaire à la production d’un cratère de soulèvement quelconque,
ne peuvent satisfaire aux conditions qu’exige la théorie; car le résultat indispensable
d’un soulèvement central circulaire pouvant donner lieu .à un tel cratère,
doit être l’existence d-’au moins trois ou quatre vallées de déchirement, divergentes
et à peu; près perpendiculaires entre elles. Les intervalles qui séparent les trois îles
de Santorin, Thérasia et Aspronisi, placées d’un même côté1, ne peuvent donc
répondre à ces conditions; ils résultent d’aillèurs évidemment de dénudations
successives, postérieures à leur formation, ainsi 'que nous l’avons appris par 1 histoire
qui nous a conservé le souvenir de la séparation de Thérasia de Santorin. >
Les surfaces d,e ces îles', dont l’ensemble présente cette forme à peu près ronde,
qui a quelquefois fait donner à Santorin le surnom de Strongylé (SrfoyyuAj?), la
Ronde, étant généralement planes, ne paraissent avoir subi d’autres accidens que
ceux résultant des tremblemens de terre auxquels elles sopt si sujettes, et démontrent
assez clairement qu’elles faisaient partie de l’unique et grand cratère d’éruption d’un
volcan encore brûlant, dont les'masses constituantes conservent les caractères des
Roches fragmentaires, formées en place et d’après la loi de la chute.des corps
graves. Le grand collé d’éruption dont,ces trois îles furent la base, et par le cratère
duquel toutes les matières qui les constituent ont «été vomies , semble avoir été
englouti par quelque puissante catastrophe et avoir donné' ainsi naissance a la baie
elliptique de Santorin, qui ne serait alors qu’un grand cratere d’enfoncement.
Cet événement, donttl’histoire, à la vérité, n’a laissé aucun souvenir, ajira eu lieu
à la suite d’éruptions très-puissantes, comme il^est arrivé quelquefois à certains
volcans, qui, après les plus violens. efforts, se sont affaissés tout a coup. Cëst ce
que semble indiquer en effet l’inspection du- groupe de Santorin, car si 1 on compare
l’épaisseur de l’énorme dépôt de conglomérat trachytique qui recouvre la
surface des trois îles avec le peu d’étendue de la plupart des autres couches de conglomérat
où des coulées trachytiques, l’affaissement qu’a éprouvé ce volcan semble
être.la conséquence de son épuisement, après les efforts considérables quil a du
faire pour émettre une si immense quantité de. matières.
Cette hypothèse de l’engloutissement d’un grand cône d’éruption de Santorin,
.d’accord avec la Théorie des Cirques d ’enfoncement, émise, il y a environ trente
ans,par M. le colonel Bory deSaint-Vincent, dans ses-Voyages en quatre îles des mers
d’Afrique'et-sa Carte en quelque sorte classique de Bourbon, ne paraîtra nullement
contraire à la raison, si on la met en parallèle avec des événemens analogues ,et
comparables à celui de Santorin, qui sont arrives depuis les temps -historiques. Par
.exemple, il est à peu près démontré aujourd’hui que la montagne semi-circulaire
de la Somma, qu’on a regardée comme une partie du cratère de, soulèvement du
Vésuve, est un reste de l’ancien cône d’éruption, que Pline, Denysd-Helicarnasse,
et surtout Strabon, ont décrit Ce premier cône parait avoir été détruit lors de la
fameuse éruption de 79, qui, sous le règne de Titus, ensevelit tout a coup^sous des
■toÉrens .de cendres et de Laves les deux villes de Pompéia et dHerculanUin. -