« couvent et la maison achetée par Louis XIV pour les Lazaristes. Nous avions
« de cette manière tourné le mont Jupiter, qui domine l’île entière. »
La manière d’être de l’Émeril à Naxie nous paraît exactement la même que celle
des nombreux gisemens de Fer, soit oligiste, soit oxidé, soit carbonaté spathiquç,
que nous avons reconnus dans l’île de Syra, et dont nous parlerons un peu plus
loin (voyez pge 68). Le Fer s’y trouve en effet, comme à Naxie, tantôt en filons
couchés au milieu des Calcaires grenus, tantôt en filons ordinaires, soit dans les
Calcaires, soit dans les Gneiss ou les Micaschistes, et il présente quelquefois, comme
l’Émenl, une espèce de passage dû à sa pénétration à travers les Roches où les
filons se sont formés.
^ Nous ajouterons ici a ce qui précède la description des différentes variétés qui
nous ont paru caractériser la Roche d’Ëmeril; on le rencontre :
1 ■ h*11 masse irrégulière, d un gris-bleu plombé, sans éclat métallique, à cassure
raboteuse, mélangée de Mica blanc, nacré ou doré, qui paraît s’être sublimé dans
les fissures, ordinairement sales ou terreuses, de la Roche;
a.” En masse d’un rouge.brun, ressemblant, à ïa surface, à une Roche lardée de
petits rognons ou noyaux étrangers : ce sont des parties noirâtres à la surface
seulement; car à la cassure ils sont ou bleus ou jaunâtres, ou bien bleu mélangé de
parties jaunâtres. Ces noyaux, de couleur différente, paraissent être du Corindon pur;
ils sont grenus à la cassure, comme la masse dans laquelle ils se fondent. Cette
Yariété est excessivement dure, très-tenace et très-lourde, à cassure homogène, irrégulière,
grenue, à grains fins, avec quelques petites fissures rares, à teintes bleuâtres-;
3.° En masse à surface de Fer oligiste; à cassure assez brillante, d’un gris-bleu
d’acier, avec parties sales et ternes, «petits filons de Mica en grandes lames blanches
nacrées, intercalé dans les fissures de la Roche, comme s’il était venu s’y sublimer
après sa formation;
4- Enfin en masse plus ou moins mélangée de Mica, et renfermant des parties
de Fer oligiste et de Fer oxidé, résinoïde mamelonné.
On prétend que Naxie possède des mines d’Or et d’Argent, lesquelles passaient
dans 1 antiquité pour être très-riches; ces mines seraient situées près du vieux château
qui domine Drymalia dans le centre du pays. On y exploitait aussi autrefois
une matière probablement serpentineuse, qu’on appelait Marbres ophioïdes, comme
ceux dont nous avons déjà parlé en décrivant Tine ; mais le gisement de ces
Marbres ophioïdes ne nous a pas été signalé par les habitans.
Skinosa, Radia, Karos ou Cbéro, la grande et la petite Gophinisa, qui avoisinent
Naxie vers le sud., sont de peu d’importance et de même constitution géognostique
quelle, et en grande partie granitiques ou calcaires. Nous ne savons rien de la
nature géologique d’Amorgo-Poulo, écueil situé entre l’île de Santorin et celle
d’Amorgo; mais il est probable qu’il appartient aux Roches primordiales, comme
les îles qui l’entourent.
VIII. NAMPHIO ou ANAPHÉ (’Avcitpti). Cette île est entièrement schisteuse et
calcaire; l’on y trouve encore les anciennes carrières, d’où ont été tirés les Marbres
qui ont servi à la construction du temple d’Apollon Églète, principale divinité du
lieu. Si l’on devait s’en rapporter aux traditions mythologiques, qui attribuaient sa
naissance à Apollon, qui l’aurait fait surgir tout à coup du sein de la mer, pour
offrir un port aux Argonautes près de périr, et à son nom d’Anaphé, qui signifie
j e reparais, cette île serait due, ainsi que Délos, à quelque soulèvement récent.
Sans vouloir ajouter trop d'importance à de telles traditions, cependant, quand
on réfléchit au grand nombre de celles qui nous ont été transmises par l’antiquité sur
les catastrophes survenues à la surface de la terre, traditions qui semblent se rattacher
à des phénomènes volcaniques, il est impossible- de croire qu’elles soient
toutes dues au hasard ou à l’imagination des hommes. S’il était possible de rapprocher
les grands événemens qui ont produit, d’un côté les déluges de Deucalion
et d’Ogigès, et de la Samothrace, de l’autre les viol eus tremblemens de terre, qui,
en même temps qu’ils ébranlaient toute la Lycie et la Carie, renversaient Rhodes et
Sycione, de l’événement auquel est due l’apparition de Méthana (le seul soulèvement
avec fracture dont l’histoire nQus ait conservé positivement le souvenir), l’on y
trouverait peut-être l’explication toute naturelle de l’histoire de la flottante Délos
et de l’apparition subite d’Anaplié.
IX. IAOURA (77 Tuccços, rcc Tuuçce )• La position de cette île entre Zéa, Andros
et Syra, doit faire supposer que sa constitution géognostique tient de celle de ces
trois îlés, c’est-à-dire qu’elle appartiendrait au Système des Roches anciennes.
Quoiqu’elle n’ait que'douze milles de circonférence, sa surface, très-montagneuse,
ne paraît guère moins élevée que celles des îles voisines, dont elle présente les
formes et l’aspect. Les auteurs anciens font mention de riches mines de Fer qui
y auraient été exploitées; et, pour faire allusion à la misère de l’île, qui passait
pour être fort stérile, ils disaient que les mulots y étaient réduits, pour vivre, à
ronger ce métal. Iaoura n’est habitée aujourd’hui que par les bergers, qui y conduisent
les troupeaux ^des îles circonvoisines. !
X. SYRA (Zugoff, "Euçcc), située à peu près au milieu des îles que les anciens
nommaient Cyclades («1 jewcÀaiss), méritait, ainsi que nous l’avons dit plus haut,
et à plus juste titre que Délos, d’en être réputée le point central. Elle n’a que vingt-
cinq milles de tour; son sol est très-montagneux et appartient exclusivement aux
Roches anciennes, lesquelles y présentent les plus belles variétés. Le Granité n’y
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