T i y i e r ' s S t i c h t ln g
b i b l i o t h e e k
H A A R L E M
GÉOGRAPHIE.
T o n s les livres dans lesquels i l est question de la Morée, depuis qu'on en imprime
, Mercator, Baudrand, Moréri, Cautelli, C o ro n e lli, l’abbé Barthélemi, les
diverses Encyclopédies de tons le s pays, à compter de celle q ui mit ce genre de
dictionnaires en vogue peu après le milieu du siècle dernier, ainsi que les traités
dé géographie jusqu’aux plus modernes, ne manquent guère, en se copiant presque
textuellement les uns les autres, de nous dire d’abord, qu’étant environnée
d’eau et ne tenant au continent que par une langue de terre, cette partie de la
Grèce est nue Cherson'ese. Ils ajoutent, que sa figure est, d’après les anciens >,
celle d’une feuille de Plane ou Platane, approchant aussi de celle d’u n M û r ie r 1 ;
c e qui, non moins que l ’abondance des Mûriers qu’on y cultiva dès le temps du
Bas-Empire, aurait bien p u lu i mériter le nom qu’elle porte maintenant. Ce nom
peut néanmoins avoir une autre étymologie; Mercator3 et D o g lion i, cité par Coro-.
nellié, l'attribuent à quelque invasion des Maures, dont ils ne précisent pas lé p o -
q u e ; d’autres, particulièrement Malte-Brun3, disent que Morée signifiait la région
maritime chez les Slaves, q u i, pénétrant aux extrémités de la Grèce dans le moyen
âge, purent y laisser des dénominations à leur manière; enfin, lo p in io n de ceux
qui n’y voient qu’une sorte d’anagramme de R om é e , est également soutenable t
on sait que les T urc s et autres Levantins, durant cette longue agonie du Bas-
Empire, à la curée duquel accouraient des guerriers de toutes les langues, appelaient
Romce ou Rouméa les terres d'obéissance romaine; usage q ui s’est conservé
fort tard, et dont Romanie et Romélie ou R o um ilia , sont demeurés des témoi-
gnages sur les cartes les plus récentes.
On répète encore de livre en liv re , que la Chersonèse péloponnésiaque reçut
dans la première antiquité le nom d’Inachict, d ln a c liu s , fils de 1 Océan, cest-a-
dire.venu par mer, ch e f d’une colonie égyptienne6, et qui fonda Argos 1970 ans
A. J. C. Cette ville d’Inachus devenant comme la capitale de la contrée entière,
(1) Strabon, lib. I I ; Pline, lib. IV , cap. 4; PomponiusMela, etc. — (2) Belin, Golfe de Venise,
pag. 178. — (3) Édit. de 1609, pag. 329. — (4) Description de la Morée, I.™ partie, pag. 2. —
(5) Précis de la Géographie universelle, tom. VI, pag. 172. — (6) Fréret, Défense de la chyon.,
pag. 275,