A la suite des violens tremblemens de terre qui signalèrent l’éruption de 1444 ^
l’Etna, le sommet du grand cône fut détruit; il en résulta un grand cirque d’enfoncement
de plusieurs milles de diamètre, auquel il ne manquait, pour être en tout
semblable à celui de Santorin, que d’être baigné par la mer; l’escarpement de la
Casa Inglese, qu’on a aussi regardé comme le cratère de soulèvement de l’Etna,
montre encore, dans le val di Bove, une partie de son segment.
M. Lyell, dans son Traité de géologie, rapporte qu’en 1772 le Papandanyand,
lun des volcans les plus élevés'de l’île de Java, s’étant mis en éruption,'il y eut
une sècousse de tremblement de terre'si violente, qu’une portion de la montagne
et du terrain avoisinant d’environ quinze milles de longueur sur six milles au moins
de large, fut abymée. Quarante villages furent détruits, les uns engloutis, les autres
ensevelis sous les substances rejetées par le cratère. Près de trois mille personnes,
avec un nombre considérable de bestiaux, périrent dans àe désastre ; et la plupart
des plantations du voisinage restèrent entièrement couvertes par les éjections volcaniques.
Le cone fut réduit de neuf mille à cinq mille pieds de hauteur, en sorte
qu’un massif très-considérable a tout à coup disparu dans les entrailles de la terre;
que la montagne a perdu quatre mille pieds en hauteur et qu’il s’y est formé un
cirque d’enfoncement double de celui de Santorin. Ce volcan continuant à fumer,
il est probable qu’un nouveau cône surgira quelque jour des ruines de l’ancien,
comme le Vésuye actuel s’est relevé au milieu des ruines de la Somma : le cône, de
lEtna s’est aussi reformé; quant à celui de Santorin, il tehd-également à se rétablir;
mais comme ce dernier volcan paraît avoir perdu beaucoup de son activité première
et qu’il ne se manifeste plus que fort rarement, il n’est encore parvenu, depuis
1 affaissement de son sommet, qu’à former, dans le centre de son cratère^des trois
petites îles et l ’écueil sous-marin que nous avons décrit.
Les faits qui précèdent prouvent suffisamment que-, sans avoir recours'à des
hypothèses, dont, la possibilité n’est rien moins que démontrée, il est facile de se
rendre raison de l’existence du grand cratère de Santorin, dont la formation est
tout-à-fait comparable aut nouveau cirque du Papandanyand et à celui de Masca-
reigne, que le colonel Bory a fait connaître. Si on ’rétablit par la pensée le cône
d’éruption de Santorin, tel qu’il devait être avant son enfoncement, on yoit qu’en
lui supposant la pente, beaucoup trop exagérée, de quarante-cinq degrés, ce qui
donne une hauteur .égale à la base, il ne devait pas atteindre à trois mille mètres de
hauteur , c’est-à-dire qu’il était moins élevé que l’Etna, le Papandanyand et le volcan
de Bourbon.
MILO^ ( v Cette île a environ soixante milles de tour, à cause de la
multitude de sinuosités que forment ses côtes; sa belle et vaste rade, qui pourrait
contenir plusieurs escadres, la rend un des points les plus importans de l’Archipel :
elle est la station ordinaire des bâtimens de guerre français, et presque tous les
navires qui se rendent à Constantinople, à Smyrne et dans les autres Échelles du
Levant, y relâchent pour prendre ou des pilotes, ou des vivres. La forme presque
circulaire de son port situé au centre de l’île, l’a fait comparer à celui de Santorin
et regarder aussi comme le cratère d’un immense volcan dont l’îlé niaurait été que
le sommet. Tant qu’on n’en put juger que par l'inspection des cartes et les indications
vagues de quelques voyageurs peu-habitués aux observations géologiques,
les rapports de formes rendaient- ces rapprochemens assez naturels; mais ils s’évanouissent
dès le premier coup d’oeil. Santorin et son golfe présentent, ainsi qu’on
vient de le voir, le cirque d’enfoncement d’un volcan brûlant bien caractérisé, tandis
que Milo, au contraire, n’offre aucune apparence de cratère; c’est plutôt une île
volcanisée qu’une île volcanique; son golfe n’est pas plus un cratère d’éruption
qu’un cratère de soulèvement. Ainsi c’est à tort que M. de Buch, s’étayant des rapports
du voyageur Ricjiardson V ÿ voit encore un cratère de soulèvement.
La partie sud-est de Milo, où s’élève, à 766 mètres au-dessus du niveau de la mer,
la montagne de Saint-Élie, appartient en grande partie aux formations anciennes,
Calcaires grenus, Schistes argileux, Micaschistes, Gneiss, Granités, Diorites et
Roches serpentineuses; le Fer se trouve en assez grande abondance dans toute la
région située entre le caj> Raisso et le Saint-Élie, pour lui avoir valu le nom de
quartier de Sainl-Jean-dé-fer (*Kyios ’ laotvvtjs ütëriçcs ) , par lequel on désigne aussi
le port situé en facè de la petite île de Prasonisi. La partie nord - ouest appartient
au Système trachytique, et tout l’espace qui s’étend depuis la pointe nord ou
cap Kerdhari jusques et* y compris la montagne de Kastron , élevée en forme>de
pain de sucre’ à au moins 5oo mètres au-dessus du niveau de la mer, se compose
de Tihchytes bruns. Le bourg principal dont cette montagne porte le nom est bâti
sur son point culminant, et sa partie inférieure prend le nom de Plaka, à cause
de sa position horizontale ■: il est habité par une population composée de pilotes
et de marins. Les écueils d’Akradhiès qui avoisinent, à l’ouest, le cap Kerdhari et
dominent l’èntrée du .port, appartiennent au même Système trachytique. Nous
avons des raisons de croire que l’île déserte d’Antimilo ou de Rémomilo, comme
l’appellent quelquefois les Grecs modernes, est aussi trachytique. La ville antique,
dont remplacement est aujourd’hui nommé Klima, était située sur ce Terrain de
Traehyte, et ses murs étaient construits en Trachytes bruns; elle s’étendait sur le
devers sud-ouest de la montagne de Kastron jusque vers le cap Bombarda. Les
collines qui existent entre ce cap -et le débarcadaire sont en Trachytes gris blan-
1. J).' Richardsoris Tratvels L. B. I I ; 5,'$25.