\ 8 GÉOGRAPHIE.
monde savant sous le nom de G ell, et qui ne porte point de date. Les contours en
sont basés sur les mêmes documens; l’exécution, pou r être d’un tout autre genre,
n’en a pas moins son mérite ; les itinéraires du voyageur anglais, dont un catalogue1
avait été précédemment imprimé, y sont fort soigneusement relatés ; et partout où
G e ll a porté ses pas, on peut le suivre avec confiance; mais les parties qu’il n’a
pas vues sont beaucoup moins exactes que dans M. Lapie, encore que l’auteur eût
sur notre savant compatriote l’avantage d’avoir été dans le pays, où il eût pu facU
lêmént recueillir des renseignemens qu’il était impossible de se procurer à Paris.
Malgré de si bons travaux, on ne possédait pourtant aucun document certain
sur l’intérieur de la contrée; il ne s’y trouvait pas tiriè seule position rigoureusement
déterminée. Une triangulation devenait conséquemment indispensable pou r
corrigée J e s erreurs que les plus habiles n’avaient pu éviter, et pou r empêcher
qu’on n’en ajoutât de nouvelles sur les cartes futures. Aussi le mémorable ministère
qui osa concevoir la grande pensée de mettre un terme à la dévastation de la Grè ce ,
voulant rattacher tous les genres de gloire à l’expédition libératrice qui le devait
immortaliser, ordonna-t-il que cette triangulation serait entreprise dans le plus bref
délai. Une pareille opération a manqué à l’expédition d ’Égypte, dont la carte, n ’ayant
p u être régulièrement construite, est, i l faut l ’avouer, fort au-dessous de sa réputation.
La décision prise à cet égard par M. lé vicomte Decaux, alors chargé du portefeuille
de la guerre, basée sur un rapport fait, le 3o Décembre 18 28 , par M, le
général de la Chasse de Vérigny, remplissant, en l’absence du comte Guilleminot,
les fonctions de directeur du dépôt de la guerre, suivit d e peu de jours la création,
par le département de l ’intérieur, <de la Commission scientifique de Morée. Le ministre
donnant, par sa lettre du 6 Janvier 1829.2, avis de cette décision au général
1. Il en existe une traduction française par M. de Tromelin, in-8.°; Paris ,182,8.
2. Son Excellence le Ministre de la guerre, à Monsieur le Marquis Maison, Pair de France,
commandant Texpédition de Morée, Paris, G Janvier 1829.
Monsieurle Marquis, lors de l’expédition d’Egypte, en 1798, des hommes d’une instruction
reconnue furent chargés de recueillir sur les rives du Nil les documens utiles aux progrès des
sciences. Aujourd’hui l’expédition-de Morée ouvrant une carrière au moins aussi intéressante à
parcourir, le Ministre de l’intérieur vient, d’après les ordres du Roi, de désigner une commission
qui doit, dans le même but, aller explorer le Péloponnèse. Ainsi que moi, vous penserez sans
doute que nous devons prendre d’autant plus de part à une entreprise de ce genre,' que l’armée
possède un grand nombre d’officiers remarquables par l’étendue et la variété-dc leurs connaissances.
Toutes les cartes de la Grèce sont fort imparfaites et ont été dressées d’après des itinéraires plus
ou moins infidèles : il est donc essentiel de les rectifier. Non-seulement la Géographie s'enrichira
de ces recherches, mais on favorisera par là lès intércts^eommerciaux de la France, en rendant
ses relations plus faciles, et l’on sera surtout utile æ"nos forces de terre et de mer, qui pourraient
être dans le cas d’agir dans cette partie de l’Europe.
Péjà le capitaine Pcytier a été envoyé dans cette vue près duPrésident "Corn le Capo d’Istria ;
en ch e f de l ’armée d’occupation, régla en même temps la manière dont les travaux
nécessaires pou r lever la carte qu’i l était question de publier, devaient être dirigés,
et mit à la disposition des officiers chargés de l’opération les instrumens indispensables
pour la bien faire. E n vertu des ordres de son Exce llence, M. le capitaine
Peytier et M. le lieu tenant Puillon de Boblaye furent attachés à la section des
sciences physiques, dont la direction m’était confiée. Tandis que le second, s’embarquant
avec m o i , ,m ’accompagnait de T o u lo n à Navarin, le p remier, q u | | e
trouvait déjà sur les lieu x , mesurait une base provisoire dans la plaine d’A rgos et
faisait diverses observations géodésiques et astronomiques soit à Napoli de Romanie,
. soit dans les environs. Je me hâ ta i, en débarquant (voyez la Relation au tome I.er) ,
d’envoyer M. Boblaye près de son collègue , afin q u e , s’entendant sans perdre de
temps, tous deux pussent entreprendre les opérations géodésiques èt la ipàngula-
tion, qu’ils commencèrent dès la fin du mois de Mars 1829. Ces messieurs se sont
acquittés dé leur tâche difficile avec autant d’activjté que de talent. Leur santé en
ayant été profondément altérée, la fièvre consumait douloureusemeq^tous Ceux de
leurs instans qu’ils eussent dû donner au repos; e t comme les#accès dont ils étaient
incessamment tourmentés leur'causaient de notablès retards, il fallut, p ou r accélérer
l ’achèvement de ce qu’ils avaient si bien commencé, leür adjoindre (en Mars i 83o)
M. le capitaine Servier, digne de partager et de conduire à fin leurs importans
travaux. I c i je dois laisser parler ces savans et consciencieux offic iers, dont, pou r
l ’intelligence de c e qui concerne la partie rigoureuse des cartes jointes à notre
ouvrage, je ne puis mieux faire que de transcrire le rapport.-
«N ous adoptâmes en général pou r points de stations géodésiques, disent ces
Messieurs, les sommets marquans les plus propres à la détermination d’u n grand
mais pour atteindre plus promptement le but que l’on se propose, j’ai pensé qu’il serait convenable
d’adjoindre aux savans destinés pour la Morée un autre ingénieur-géographe. En conséquence
M le lieutenant Puillon Boblaye reçoit l’ordre de partir avec*Ja commission nommée par
S. Exc. le Ministre de l’intérieur, et il restera à la disposition de M. Boiy de Saint-Vincent, l’un
de ses membres, chargé de tout ce qui concerne les sciences physiques, Le capitaine Peytier, qui
se trouve sur les lieux, fera également partie de la commission; il devra correspondre avec M. Bory
de Saint-Vincent, se conformer à ses instructions et l’aider de tous ses moyens , mais autant
cependant que cela seta compatible avec sa position actuelle ; car il est d’une grande importance
que cet officier conservé avec le chef du gouvernement grec des relations qui ne peuvent que tourner
à l’avantage de ceux qui doivent explorer le pays.
Ces deux ingénieurs-géographes s’occuperont des opérations géodésiques, sans lesquelles il serait
impossible d’obtenir un bon résultat; mais comme il est indispensable de faire marcher de front
la Topographie, je crois nécessaire quuüiofficiçr supérieur d’état-major soit chargé spécialement
de tout ce qui aura rapport au figuré du terrlîh. Cet officier supérieur distribuera le travail, en
surveillera l’exécution, réunira les matériaux, les coordonnera entre eux, en un mot, dirigera
les opérations graphiques. Il devra s’entendre en outre avec MM. Bory de Saint-Vincent, Peytier et