vallées; dans ee nombre nous citerons comme le plus remarquable, celui,nommé
Bouilla, au nord de la presqp’île Xili (Laconie); nous l’avons vu, sortant au pied
de la falaise et au-dessous du niveau de la mer, repousser entièrement ses flots à
plus de 20. mètres : il paraît couler sous les alluvions anciennes qui descendent en
nappes depuis l’intérieur de la vallée de Phiniki (Leuce) jusqu’au rivage delà mer.
Il est possible, en outre, que dans certaines circonstances la plus grande densité
de l’eau de la mer ait contribué à repousser- au-dessus de son niveau une partie
de ces sources, si nombreuses sur les rivages, si rares dans l’intérieur; nous avons
du moins une preuve certaine de ce fait dans le lac d’Ino, près d’Épidaure Liméra,
auquel sa singularité avait valu les honneurs d’un oracle : c’èst une cavité circulaire
de 4 à 5 mètres de diamètre, au milieu des Calcaires compactes fendillés et redressés;
elle n’est pas a plus de 100 mètres de distance de la mer, s’élève à peine à 2
mètres au-dessus de son niveau, et quoique sa profondeur soit inconnue ( 3o mètres
de sonde n’ont pu en atteindre le fond), elle est remplie, en toute saison, d’une
eau à peine saumâtre.
Il nous semble que les diverses circonstances du phénomène ne permettent de
regarder cette source que comme l’une des branches d’un syphon, dont l’autre
aboutirait au-dessous du niveau de la mer à une profondeur que l’élévation de 2
mètres des èaux du lac et la différence de densité de l’eau douce et de l’eau salée
fixerait à 77 mètres.
Température et nature des eaux dans les Képhalovrysi. Nous avons observé en
différentes saisons de l’année les Képhalovrysi des rivages de la Grèce, et nous avons
vu aveq^surprise que leurs eaux conservent la même température, la même pu-
reté ^et à peu près le même volume après la fonte des neiges,, dans la saison des
pluies et dans la longue sécheresse de l’été. Lorsque les gouffres des plaines de
Stymphale et de Tripolitsa ne reçoivent que des eaux limoneuses et d’un rouge
foncé, les sources de Leme et de l’Érasinus sortent pures et limpides. Leur seul
dépôt, encore est-il très-faible, consiste en un Sable calcaire très-fin. On doit en
conclure qu’il- existe dans l’étendue de leur cours souterrain des lacs très-vastes où
se.font les dépôts des Sables et des troubles, et que les eaux ont ensuite à traverser
des passages étroits qui ne permettent l’accroissement du volume des sources qu’en
raison de l’augmentation de la pression. La grande quantité de bulles d’air qui se
dégagent au printemps dans les sources de Lerne et de l’Érasinus, indiquent bien
cet accroissement de pression dans l’air des cavernes intérieures. Nos observations
sur la température des Képhalovrysi conduisent encore aux mêmes résultats. Nous
avons pris avec soin et à différentes époques de l’année la température des Képha*
lovrysi de Vélonidia près du cap Malée, de Scala dans l’Hélos, de Mousto près
d’Astros, de Leme et de l’Erasinus, tous situés à quelques mitres seulement au-*
dessus du niveau de la mer, entre les latitudes 36° 3of et 37° 341- Leur température
a été trouvée la même en toutes saisons et a décru avec-l’accroissement de la latitude
depuis i8°7k jusqù’à 170; la moyenne étant-i f f ô i et il est à remarquer que non-
seulement ce résultat moyen est d’accord avec celui donné par la formule de Meyer
( T = 270,5 cos.2 Z«)‘pour la latitude moyenne 36° 67-*, mais qu’il en est encore
ainsi de chacune des observations séparées.
Si l’on observe que la température des lacs et des torrens des hauts bassins intérieurs
n’excédait pas 70 a 8° au mois d’Avril, moment où celle des Képhalovrysi
indiquait 170 à 180, on sera conduit à conclure de la température comme du cours
et de la nature des eaux, qu’il existe sous les montagnes de la Morée de vastes lacs
et de longs canaux souterrains, résultat auquel l’observation avait également conduit
les anciens : « Il existe dans le Péloponèse de grandes cavités dans les entrailles de la
« terre, où de vastes lacs se forment par le concours dés eaux.1 »
Lacos ou pe.tils bassins fermés. Indépendamment de ces grands bassins sans
issue, à formes irrégulières et résultats immédiats du soulèvement des montagnes,
il existe des dépressions beaucoup moins étendues et à formes plus régûlières sur
tous les plateaux, sur les montagnes et principalement dans les cols, mais seulement
dans la région occupée par les Calcaires secondaires. Les Grecs leur donnent le
nom de Lacos (heenxos), quoiqu’ils ne renferment jamais d’eau, du moins pendant
l’été. Certaines montagnes à larges sommets en sont tout crevassées comme de dénies
volcaniques ou comme'là surface de la lune. Il est très-rare que dans les çols on
n’en trouve pas un ou plusieurs, suivant leur étendue. Ces Lacos fixèrent d’autant
plus notre attention, qu’ils nous offraient sur les montagnes les plus hautes et les
plus rocheuses un abri sûr. pour l’emplacement de notre tente.
Parmi ces cavités, les unes résultent de la dislocation même du sol et de l’indes-
trùctibilité de la Roche qui en forme l’étroite enceinte; mais le plus grand nombre
nous paraît provenir d’affaissemens postérieurs, et nous y voyons la confirmation
de l’existence des cavernes intérieures. Dans le nombre de ces dernières nous citerons
celles que l’on rencontre à chaque instant depuis les massifs traehytiques de Poros
jusqu’à l’île d’Hydra et à Cranidi; on en voit au sommet des montagnes, sur leurs
flancs, et, ce qui nous a prouvé leur origine récente, au milieu même des alluvions
du bassin fermé de Didyme on trouve à un quart-d’heure au nord-ouest de ce
village situé dans le centre d’un joli bassin fermé, une cavité circulaire à parois
verticales, dont la profondeur est de 20 à 25 mètres et le diamètre de’ 2 à 3oo; les
parois ne montrent que des alluvions ferrugineuses, dont les caractères sont lés
mêmes du fond de l’entonnoir au niveau de la plaine. Toutes ces cavités du pays
de Cranidi, ancienne Hermionie, où, suivant les anciens, était la,route ^a plus
j . Diodore de Sicile, lib. II, cap. 4i*