• trouve également des Micaschistes gris satinés, un peu onctueux, avec quelques
cristaux de Pyrites de Fer assez rares. Ces Roches schisteuses sont associées à des
Diorites granitoïdes à Feldspath décomposé, très-abondant et à structure fragmentaire,
à surfaces brunes métalliques de Manganèse oxidé; des Diorites schisteuses
avec des Kts de Quartz et d’Épidote verdâtre, renfermant des noyaux de Titane
oxidé rouge. C’est sans doute de cette Roche de Diorité dont veut parler Tour-
nefort, lorsqu’il dit qu’on voit à Paros une pierre dure semblable au Porphyre,
mais dont les taches sont pâles. Le Manganèse oxidé est aussi associé à ces Roches,
où il existe probablement en filons; on le rencontre à la surface du sol en fragmens
plus ou moins gros. La Roche dominante, et qui occupe les trois quarts de la
surface de l’île, est le Calcaire grenu, souvent d’une blancheur éclatante. Toutes les
constructions, tant des habitations que des murs qui enclosent les propriétés, sont
faites de ce beau Marbre. Mais les variétés qui sont devenues si célèbres par leur
emploi dans la statuaire, paraissent se réduire à.quelques bancs, qui ont surtout
ete exploités sur le mont Kapresso, l’ancien Marpesse. Les carrières, que nous
n’avons pu visiter, mais ou pénétra le colonel Bory de Saint-Vincent, et qu’il a
décrites dans la Relation, sont situées à environ trois milles de la ville de Pérakia;
elles sont encore aujourd’hui encombrées par des monceaux de déblais, provenant
soit de l’intérieur des carrières, soit du dégrossissage des blocs que les statuaires
travaillaient souvent sur place. Le Marbre en était tiré à l’aide de lampes et de
pointerolles, par des galeries souterraines, en général fort étroites, et qui servent
aujourd’hui de retraite aux troupeaux. Les carrières du mont Marpesse sont depuis
long-temps abandonnées, et l’on ne se sert plus aujourd’hui, pour les constructions
ordinaires de l’île, que des Marbres qu’on tire de Képhalo, et que l’on embarque
au port de Marmara, situé non loin de là, dans la partie orientale de l’île, pour
les porter à Pérakia, dans les îles voisines et jusqu’à Constantinople.
Le Marbre de Paros était devenu si fameux dans l’antiqùité que les sculpteurs
les plus habiles n’en employèrent bientôt plus d’autres; il est cependant d’un
grain assez gros, mais souvent d’un blanc éclatant et d’une grande pureté, un peu
translucide a reflet nacré; quelquefois il a une teinte tirant sur le jaunâtre et se
rapproche un peu du ton des chairs ; c’était surtout en raison de ses belles teintes
et du poli parfait dont il était susceptible qu’il était recherché, quoiqu’il dût
s égrener facilement. L’un des grands inconvéniens de ce Marbre était surtout dans
les nombreuses fissures que présentent les couches, fissures qui ne permettaient
pas den obtenir des blocs de plus de cinq pieds de longueur, en sorte qu’il ne
pouvait être employé qu’à des statues tout au plus de grandeur naturelle; elles
prenaient le nom de Paria ( 7ieeçtct), pour les distinguer de celles qui étaient appelées
Porina (Trouvas)» parce qu’elles étaient faites avec un certain Marbre nommé
Porus ou Marbre Porien, également très-estimé dans l’antiquité, que l’on tirait,
à ce qu’il paraît, des environs de Thèbes, mais qui nous est aujourd’hui tout-à-fait
inconnu. Les Égyptiens, qui n’allaient guère chercher au loin,les matériaux de
leurs constructions, ont cependant,„d’après ce que prétend Pline, employé le
Marbre de Paros à décorer le frontispice de leur Labyrinthe.
Les Marbres de Luni et de Carrare sont en général plus blancs que ceux de
Paros, et ont sur eux l’avantage de présenter un grain plus fin, d’obéir mieux au
ciseau, et de fournir de très-gros blocs, qui permettent d’en faire des statues de
toutes dimensions.
Le relief de l’île de Paros, comme celui de Naxie, est le résultat non d’un seul
Système de soulèvement, mais bien de la combinaison de plusieurs; et quoique la
direction des couches dans les deux îles soit généralement N. O.-S. E., cependant
c’est le Système N.-S. qui y domine.
XIL ANTIPÀROS, l’ancienne Oléaros ( h ïlAlasfoff, aujourd’hui ’AmVafor),
équivaut à peine en surface au tiers de la précédente ; elle est aussi en grande partie
calcaire; on y trouve les mêmes Gneiss, avec des Micaschistes rougeâtres : les
Calcaires y sont également très-cristallins, surtout dans la partie de l’île où est
située la grotte dont elle emprunte sa célébrité ; ils sont gris et bleu turquin-, à
gros grains, à zones blanches et à bancs très-épais. C’est au milieu de leurs assises,
inclinées de 25 à 3o degrés, que se trouve cette grotte fameuse, dont certains voyageurs
ont beaucoup trop exagéré les merveilles. Elle à entièrement été creusée dans
les Calcaires grenus, et la montagne qui la renferme est remarquable par la grande
quantité de concrétions calcaires dont elle est traversée de .toutes parts; ces concrétions
sont de la Chaux carbonatée cristallisée, à formes primitives, à teinte un
peu jaunâtre; mais qui se rapproche beaucoup, pour la pureté et la transparence,
du spath d’Islande. La fièvre, qui nous retenait à bord, ne nous ayant pas permis
d’accompagner M. le colonel Bory de Saint-Vincent lors de sa descente dans la
grotte, nous renverrons, pour ce qui concerne sa description, à ce qui en a été dit
dans la Relation du voyage.
XIII. NIO, l’antique Ios (»j’ioff, et plus anciennement t&oiv/jcrç), est célèbre par
le tombeau d’Homère, qu’on dit y exister : elle n’a guère que vingt-quatre à vingt-
cinq milles de tour, et est située à 4 lieues et demie sud-sud-ouest de Naxie; son
sol est élevé et montagneux, coupé par quelques vallons et de très-petites plaines.
Quant à sa constitution géologique, elle est analogue à celle de Paros et d’Antiparos,
c’est-à-dire que la plus grande partie de son sol est formée de Calcaires grenus à
couches inclinées d’environ 40 degrés à l’ouest, reposant sur des Roches schisteuses
et granitiques, et dont la direction est, comme celle du plus grand axe de
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