TERRAINS PRIMORDIAUX DES ÎLES,
s! on ne les examine que dans leurs détails; mais offrant, au contraire, au géologue
qui les envisage dans leur ensemble, un très-haut intérêt pour l’étude des modifications
des Terrains, postérieurement à leur formation. Toutes ces couches si belles,
si cristallines, si variées, ne semblent être en effet que les Hoches fondamentales et
primitives de l’île (Gneiss, Micaschistes et Schistes argileux), modifiées, ou peut-
être même, si l’on peut s’exprimer ainsi, surmodifiées par l’action d’agens volcaniques,
ou le voisinage de quelque Roche ignée, qui, pour n’être pas visible à la
surface, ne nous en paraît pas moins avoir été la principale cause de cette cristal-
lirnté si remarquable. Une circonstance qui doit confirmer cette supposition, c’est
que ces modifications ne sont pas générales dans toute l’île, et qu’elles semblent
surtout liées à l’existence des filons de Fer, toujours plus nombreux au milieu et
dans le voisinage de ces Roches que partout aiÙeurs, où il n’y a que des Mica-
schistes ordinaires.
Serait-ce un de ces réseaux modifiés, enveloppans, que l’on remarque au contact
de certaines Roches ignées, granitique ou autre, qui, en se soulevant, a dû donner
naissance à l'île? Quoi qu’il en soit, il y a dans la réunion de Roches si cristallines,
à élémens si divers, un vaste champ ouvert aux théories des combinaisons chimiques
des corps et des différens modes d’agrégation des molécules entre elles; car
c’est de leur arrangement que résulte peut-être une partie aussi bien des corps
qui jusqu’ici ont été regardés comme simples, que de ceux qui sont composés.
Il est au moins aussi facile, en effet, de concevoir que la plupart des cristaux que
renferment ces Roches, ou l’on peut les regarder comme accidentels j sont dus aux
modifications qu auraient subies les élémens de la Roche primitive, soit par suite
d’actions d’une très-forte chaleur, soit plutôt par suite d’actions électro-chimiques,
que de supposer qu’ils y ont été introduits postérieurement par sublimation ou par
une pénétration réciproque des Roches plutoniques et neptuniennes, surtout lorsqu’on
les voit exister dans celles-ci à des distances souvent fort éloignées des points
de contacta
Toutes ces Roches amphibolifères, micacées, grenatifères, talqueuses et dialla-
giques, associées au Disthène, reposent sur un Gneiss talcifère, d’un gris verdâtre,
argentai, granuleux et dun aspect tigré, qui n’est lui-même qu’une variété de ces
Roches mêlées; il passe à un beau Gneiss argentai, à gros noyaux de Grenat rouge
et cristaux d’Amphibole noire.
L’universalité de ce Système est recouverte par des Calcaires auxquels elle se lie;
sur plusieurs points, par exemple, l’on voit la Diallage schisteuse devenir calcarifère,
puis contenir des noyaux calcaires, et enfin arriver à un Calcaire schisteux, encore
coloré par la Diallage, qui disparaît bientôt tout-à-fait. A travers ces Roches on
trouvé de nombreux filons de Fer spalhique jaunâtre, à larges cristaux rhomboédriques,
et de Fer oxidé jaune, en général peu puissans et imprégnés de Silice : des
deux côtés de la fracture ou fente qui a donné lieu au filon, on voit la Roche
schisteuse toute pénétrée, jusqu’à deux ou trois pouces de profondeur, par le Fer,
qui lui a en même temps communiqué sa couleur. On trouve aussi dans les environs
de nombreux fragmens souvent fort volumineux de Fer oxidé (Hématite brune),
qui annoncent d’autres filons assez considérables.
Plus au nord, on trouve, à la partie supérieure, des Calcaires bizarrement nuancés
bleus et blancs, en zones contournées, en zig-zag, et quelquefois en rayons diver-
gens; ces Calcaires, travaillés, donneraient des Marbres d’un fort bel effet, susceptibles
d’être employés avec avantage ; ils renferment quelques filons d un assez bel
Albâtre calcaire jaunâtre, qui serait également susceptible d’exploitation; et enfin
quelques filons de Fer, mais peu considérables. En suivant toujours la cote, a
environ cinq quarts d’heure de marche de la ville et près d’une petite anse, on
rencontre encore un filon, qui n’a pas moins de deux pieds à deux pieds et demi
de puissance, en Fer oxidé et oligiste; il forme un banc ou filon-couche parallèle
aux assises calcaires au milieu desquelles il se trouve intercalé, et parait, comme
elles, à peu près vertical.
A un quart d’heure plus loin, on rencontre une seconde source salée, qui sort
du milieu des Calcaires, à plusieurs mètres au-dèssus du niveau de la mer; et peu
après on trouve de grandes masses de Brèches, formées de très-gros fragmens ou
blocs de Calcaires marbrés, réagrégés par les mêmes concrétions calcaires dont nous
venons de citer des filons. Ces Brèches sont traversées en outre par de beaux filons
de Quartz calcédoine, postérieurs à sa formation; car ils coupent aussi bien les
fragmens de Marbre que les concrétions calcaires qui les lient.
Un peu plus loin existe une troisième source salée, sortant également du
Calcaire, à plus de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer; et peu après s’ouvre
un large ravin à -gauche, qui conduit au village ou hameau de Prativouni. En
suivant ce ravin, on laisse à droite une montagne très-abrupte, toute calcaire, qui
termine l’île au nord-est. La route sé fait sur des Calcaires d’un jaune citron terne,
schisteux et micacés, alternant avec des Calcaires gris bleuâtres. Le sommet de la
montagne, à partir du point où est situé le hameau, est tout en Calcaire bleu
turquin, mélangé de quelques zones blanches, et la base est entièrement schisteuse :
elle s’élève bien à 5oo mètres de hauteur et termine l’île vers le nord. En revenant
de là vers la ville par le chemin ordinaire, on trouve sur la route, près d un endroit
appelé Périvoli, une assise très-puissante d’un Calcaire gris, grenu, formant sur ce
point une Brèche à très-gros fragmens, qui ont évidemment été remaniés, et réagrégés
par un ciment grenu, gris, ferrugineux: une circonstance remarquable de cette
assise, c’est que la dislocation qu’elle a subie paraît avoir eu lieu immédiatement