des alluvions anciennes près de Nauplie et dans la Laconie (plaine de Lebetsova),
ainsi que des terrasses successives dans les alluvions d’une même vallée, c’est elle
que nous devons adopter.
Les alluvions des plateaux présentent quelques phénomènes particuliers et se
rapprochent par leur nature de ce que l’on a appelé produits diluviens. Le plus
remarquable de ces dépôts est celui qu’on observe depuis Arcadia jusqu’à Navarin,
à la surface des derniers gradins du Terrain tertiaire; il est composé de Sables et
de Graviers anguleux, fortement colorés en rouge. La même contrée renfermant de
véritables alluvions, dans des vallées basses creusées au milieu du Terrain tertiaire
et dans les hautes vallées des monts Mali, le diluvium des plateaux pourrait n’être
que le produit de leur destruction lors des soulèvemens très-récens qui ont précédé
l’époque actuelle de la Grèce.
Dans la Laconie, le plateau inférieur de Lebetsova près du gisement de l’Ophite
nous présente encore les débris d’une alluvion formée en grande partie de débris
euritiques; mais ici on est, à n’én pouvoir douter, sur la limite d’un ancien rivage;
les blocs calcaires roulés, mais encore adhérens au pied des collines, portent les
traces des Pholades.
.Dans la presqu’île Monembasique, les alluvions anciennes, toujours d’un rouge
foncé, descendent en grandes nappes du pied dés montagnes vers la côte occidentale,
où elles forment des falaises escarpées; elles sont uniquement composées de
débris schisteux et de terre rouge, sans un seul fragment calcairê, quoique toutes
les crêtes des montagnes .soient composées de cette Roche ; exclusion que nous
ne saurions expliquer, quoique nous ayons reconnu, à l’occasion des bassins
fermés, que les Roches calcaires étaient infiniment moins destructibles que les
Schistes. -
Les plateaux tertiaires du rivage nous ont donné le moyen de constater la position
relative des alluvions anciennes et du Terrain tertiaire. Dans l’ArgolïcIe, au
pied de la forteresse de Nauplie (Ichtkalé), elles reposent sur un Calcaire sablonneux
et contiennent dans leur partie inférieure de gros Strombes roulés par la mer
(Slrombus mercati), que M. Deshayes regarde comme devant provenir du Terrain
subapennm. Dans leur partie moyenne, elles renferment l'Hélix algyra, et à la
partie supérieure, des débris de poteries en très-grande quantité.
Dans la Messénie, et surtout dans la Laconie, depuis le cap Matapan jusqu’à
Chimo va, nous les avons vues recouvrir le Terrain tertiaire subapennin, avec lequel
elles semblent alors s’unir; les Poudingues d’alluvion ne se distinguant de ceux
du Terrain tertiaire que par l’absence des’galets et la plus grande abondance du Fer;
mais, en outre, dans les mêmes localités, des alluvions ferrugineuses, qui ne nous
vont pas paru différer des précédentes, comblent les vallées creusées dans le Terrain
tertiaire, qui aboutissent à la mer et sembleraient, d’après cela, appartenir à une
époque plus récente, quoique très-éloignée de l’époque actuelle.
On ne peut douter qu’il n’existe en Morée des dépôts d’alluvions d’époques tres-
variées; mais le plus remarquable par son grand volume et sa nature ferrugineuse,
celui qui comble les vallées et forme des talus sur les anciens rivages, nous paraît
avoir suivi la première dislocation du Terrain tertiaire subapennin et être-.contem-
porain de la Brèche osseuse , avec laquelle il se confond.
Alluvions de la période actuelle. Dans les vallées torrentielles et sur les plateaux
d’allûvion dont nous venons de parler, il n’y eut depuis le commencement de notre
périodè que destruction ; les débris entraînés par les torrens ont formé sur les bords
de la-mer des deltas de Sables et de Cailloux, dont la pointe s’avance en face du
débouché du torrent; il en résulte une configuration du littoral tout-à-fait singulière.
Ainsi, sur la côte de l’Achaïe, ce sont des caps et non des anses ou des ports
qui répondent à l’ouverture des vallées. Les torrens, à leur débouché dans les
plaines, déposent une énorme masse de débris qui, s’entassant en plus grande,
quantité vers le centre de l'ouverture de la vallée que sur les parties latérales, lui
donnent une forme bombée, toute opposée à celle des vallées où coulent des cours
-d’eau réguliers.
Chaque torrent, chaque ville antique des vallées de la Morée, donneraient lieu
à des observations sur les progrès des alluvions depuis les temps historiques ; mais
dans un pays aussi accidenté .les résultats seraient si différens, à raison des localités,
qu’ils n’offriraient qu’un-.faible intérêt.
îPhénomènes récens dans la vallée de VEurotas. Ne pouvant décrire les produits
de cette période dans toutes les grandes vallées, telles que celles de l’Alphée, du
Pamisus et de l’Eurotas, qui n’ont qu’en partie les caractères des vallées torrentielles,
nous nous contenterons de signaler rapidement les faits remarquables que
présente la vallée de l’Eurotas.
Depuis le soulèvement et la dénudation du Terrain tertiaire, la vallée de l’Eu-
rotas présente quatre bassins étagés : le plus élevé, au nord de Mistra, communique
par des gorges avec le bassin principal qui de Sparte s’étend jusqu’aux montagnes
du Lycovouno; un troisième bassin comprend toute la plaine de Hiéraki, et les
marais de l’Hélos forment le quatrième. Les deux premiers paraissent avoir été mis
à découvert dès les premiers soulèvemens du Terrain subapennin; le troisième
était encore.sous-marin, comme on en peut juger à la nature et la disposition des
matières alluviales; son entier dessèchement ne doit dater que du soulèvement des
alluvions anciennes; et enfin, les marais de l’Hélos sont le produit de l’époque
actuelle.
La destruction du Terrain tertiaire a été telle dans toùte cette vallée, qu’il n’en