pemens abruptes qu’il projette au-dessus de la mer, les vallées profondes qui le
sillonnent, annoncent que l’île n’a pris son relief actuel qu’après leur dépôt. Son
âge ne saurait d’ailleurs être douteux; il termine dans Egine la série tertiaire.
SANTORIN (rj Ecevroçiutij, l’ancienne Théra (©^os), fut primitivement nommée,
.selon Pline et quelques autres auteurs de l’antiquité rKalliste (K«àà;çoî, la
Belle), après qu’elle fut, disent-ils, sortie du sein des eaux. Considérée dans son
ensemble avec Tliérasia et Asprônisi1, qui faisaient primitivement partie d’un seul
et même tout, elle présente à ^extérieur la forme générale d’un-cône tronqué très-
surbaissé d’environ trente-six milles.(de tôur, et dont la base est à peu près elliptique.
Son centre est un vaste golfe ou cratère également déformé elliptique, d’environ
deux lieues de diamètre du nord au sud et d’une lieue et demie seulement de
l’est à l’ouest.
Santorin, Thérasia'et Aspronisi, dont la séparation s’est faite à une époque reculée,
présentent, lorsqu’on les aperçoit dè loin, une surface blanchâtre; mais quand
on en approche du .côté intérieur, elles montrent des flancs abruptes.et des déchirures
affreuses, d’où se détachent salivent d’énormes rochers, qui roulent avec
fracas et se précipitent dans une mer profonde. Ces esçarpemens, composé^ de zones
rouges, grises, noires ou brunes, se mariant à dés zones blanches du^plus étrange
contraste, ont üri aspect qui a quelque'chose de véritablement infernal.
Après avoir dépassé le canal qui sépare‘Thérasia de Santorin , les trois Kaym-
méni ou îles; brûlées apparaissent à la fois, et leur teinte sombre forme la plus
singulière opposition avec l’azur de la mer qui les environne, ou les niasses blanchâtre^
qui couronnent les surfaces du cirque des îles environnantes. Leur aspect
sombre et horrible, joint aux phénomènes volcâniquesfdont elles ont été le théâtre
dès leur origine , leur ont quelquefois fait dpnner dans le moyen âge le nom
d’îles du Diable.
Un grand nombre d’écrivains, tant anciens que modernes, ont successivement
parlé de Santorin et des petites îles qui surgirent de la mër au milieu de son golfe;
mais tous l’ont fait d’une manière imparfaite et souvent fautive. Tournefort ^Olivier,
Choiseul-Gouffier etM. Fontanier, n’ont dit que fort peu de choses de la: constitution
géognostique.de ces lieux, à peine connus de quelques géôlogistes par les
collections qu’enTapporta M. John Hawkins. Une description complète d’une région
volcanique aussi curieuse restait donc entièrement à faire, et nous avons réuni pôur
l’essayer tous les documens qui, se ^rattachant à l’histoire, ont signalé l’apparition
des Kaymméni ou.les diverses éruptions dont ces lieux furent le théâtre à différentes
époques. Nous avons profité des manuscrits dë'Yilloison, dés diverses relations des
i. Voyez la carte de M. le colonel Boiy dé SainUVincent, Pl. V.
missionnaires dans le Levant, des notes^qui furent insérées dans les journaux du
temps et, de celle que nous a communiquée M. Alby, agent consulaire de France
à Santorin1. M. le capitaine de vaisseau De Lalande nous a aussi fourni les résultats
des nombreux sondages-qu’il a exécutés dans la baie de Santorin durant le mois de
Juin 18^9.
Le sol de Santorin,tomme nous l’avons déjà dit (chapitre II,'page 74)» à l’exception,
des montagnes de Saint-Élie^ de Saint-Etienne', de Saint-Guillaumè et du
monolithe dé Messaria, qui appartiennent aux Calcaires grenus et même, selon
que l’ont assuré quelques-uns, aux Schistes argileux anciens, est volcanique?Il est
particulièrement composé de conglomérats trachytiques et incoKerens, de cendres,
de Trass, de Pépérinos et deRapillis, alternant avec quelques coulées trachytiques.
Thérasia et Aspronisi, qui complétaient le pourtour du cône volcanique dont
Santorin ne forme plus que les deux*tiers, 'sont composées de même, et quand
l’histoire ne nous aurait pas laissé le souvenir de la séparation violente de Thérasia
et de Santorin, leur position dans lé plan d’un même cône, autant que leur composition
minëralogiqùè et la concordance qui existe dans une partie des couches,
des fractures correspondantes, ne permettraient pas de méconnaître qu’elles ont
eu une même origine, qu’elles ont été formées en même temps,’’’de la même
manière et^avec les mêmes matériaux, qu’ainsi elles ont appartenu autrefois
à une seule île ^sortie du sein de la mer et formée par des éruptions multipliées,
ainsi que nous en avons eu des exemples si récens dans l’île de Sabrina', qui apparut
tout à coup le i 3 Juin 1811 à un mille de Saint-Michel , l’une dés Açores, et
dans cellé de Julia, qui surgit en Juillet i 83i entre la Sicile et la côte d’Afrique.
Les descriptions qui nous ont été données ae ces îles nouvelles prouvent qu’elles
présentaient les plus grands rapports de formation avec Santorin, Thérasia et
Aspronisi; mais comme elles ne s’étaient que fort peu élevées au-dessus du niveau
de la mer et n’étaient composées que de matières sans liaison, elles ont dû bientôt
disparaître sous les efforts continus des flots de la mer; tandis, que les grandes
dimensions de Santorin et les coulées de Laves consistantes qui sont venues en
consolider les nombreuses éjections incohérentes, devaient donner à celle-ci une
solidité capable de résister à l’action dès vagues : et ce n’est probablement que lors
de la-'destruction de son grand cône que l’île aura présenté quelques’ prises aux
eaux de la mer, dont la fureur creuse .et élargit journellement les intervalles qu’on
voit maintenant entre Aspronisi, Santorin et Thérasia.
La surface des trois îles est formée par une' couche puissante dè conglomérat
1. Celle-ci a été publiée-par M. le général Andréossy, dans son ouvrage sur Constantinople et
le Bosphore de Thrace.