de la mer, si puissans sur les côtes de l’Océan, në-se montrent, en quelque sorte,
qu’en miniature sur les rivages de la Méditerranée?
D’un côté, la nature et la forme des rivages, et de l’autre, lasdirection et l’intensité
du flot et des courans, déterminent la nature des dépôts dans chaque position.
Ainsi, les vases ne peuvent se déposer qu’au fond des golfes ou des rades peu
agités par lès Courans, tels que ce&x de Messénie ou de l’Argolide, ou dans des
ports presque fermés, comme$Poros., Navarin; ou, enfin, dans des embouchures
de fleuve, .où l’action du "flot est entièrement amortie: Les Sables se déposeront
déjà sur . les plages, d’où les vases seraient entraînées , et les galets et fragmens
grossiers pourront seuls .s’amonceler sur les côtes droiteslongées par des courans
ou battues par une mer violente. Telles sont les'conditiojis d’équilibre qui
déterminent dans toute position la nature ,des 'dépôts ; il en résulte, qu’il ne
pourrait y avoir uniformité minéralogique,. dans les dépôts contemporains d’üne
formation, qu’autant que lâ^onfiguratipn des rivages et les autres circonstances
seraient généralement les mêmes, et en outre que les sous-divisions fondées sur la
nature des dépôts et même des êtres organisés qu’ils renferment, doivent être une-
source continuelle d’erreurs, si l’on n’admet pas que chacun d’eux peut'représenter
l’époque entière. '-■*
Breche ferrugineuse. Parmi les dépôts littoraux antérieurs à l’époque actuelle,
le seul qui nait pas disparu, est la Brèche?ferrugineuse, qui-flanqué^partout le
pied des anciens, rivages. Elle forme un talus dont l’inclinaison approche de /j5°
aux pieds des montagnes de la plaine- de l’Argolide et sur une partie de ses
rivages. Sa nature varie de la partie supérieure à la partie inférieure; dans la première
, elle offre 1 analogie la plus complète avec les alluvions anciennes dés^gallées,
et n a comme elles qu une faible cohésion, qui augmente graduellement jusqu’à la
base. La nature des fragmens varie également, depuis les fragmens anguleux jusqu’aux
galets parfaits, qu’on ne trouve qu’à la partie inférieure mélangés de quelques
fossiles marins très-résistans, tels que. des Strombes et des Spondyles (Slrombus
mercali).- j-
Sur : les côtes très-escarpées, comme celles-de Monembasie, où le rivage est
resté, à peu près le même daiis toute la période qui nous occupe, les anciens
talus littoraux ont presque entièrement disparu; et il ne reste plus, pour preuve
de leur existence, que la Brèche osseuse, qui comble encore toutes les fissures
de la Roche ou elle a acquis une grande solidité. Nous, m’y avons pas trouvé
d’ossemens, tuais nous savons que très-près des’ côtes de Morée, à Cérigo, elle en
renferme, en grand nombre, comme sur tout Y ancien rivage de la Méditerranée.
Cette Brèche a comblé non-seulement les fissures, mais les cavités et les cavernes
des rivages anciens. Ainsi derrière Nauplie, au pied de la forteresse (voyez planche
VII, CbUp. 4), elle forme à la surface d’un dépôt marin récent, dont nous parlerons
bientôt, un talus incliné à 45 et coupé verticalement par la mer sur une hauteur'
de 20 à 3o mètres; elle comble, en outre, d’anciennes cavernes littorales, que
l’ouverture dé carrières dans le Calcaire récent venait de mettre à découvert au
moment où nous, les observâmes. Ici, la Brèche ferrugineuse présente des caractères
zoologiques intéressatis, et qui expliquent bien les diverses circonstances signalées
dans les*;’ Brèches osseuses : pendant que la partie"inférieure est remplie de "gros
Strombes roulés, et de" charnières et fragmens de Spondyles, la partie moyenne,
qui comble la caverne, ne contient que des Hélices (Hélix algira); et la partie
supérieure^est caractérisée par les débris de poteries, sans qu’il soit facile d’établir
la séparation entre les trois époques que les fossiles semblent indiquer.
Il a dû en être ainsi sur>tous les;anciens rivages escarpés, qui ne pouvaient
recevoir d’autres dépôts que de semblables Brèches; leur partie inférieure ou sous-
marine pouvait seule renfermer, soit dans les fissurés des rochers, soit au-dessus
quelques fossiles marins,, mais toujours très-rares et brisés; tandis que lé grand
talus 'continental, dont la partie inférieure^ncore lavée par le flot a autant de
duç^té que la partie sous-marine, n’énveloppait que des fossiles terrestres.
Les mêmes observations peuvent se répéter dans le col qui' sépare Navarin de
Modon, et dans tous ceux qui, en Messénie, occupent le même niveau; partout
les fissures des Calcaires, soit de la Craie; so#du Terrain tertiaire, et les
cavités tortueuses produites .par l’action de la mer- sont remplit par la Brèche
ferrugineuse, et principalement par la terre ocreuse qui en fait le ciment.
L’existence d’anciens rivages15se manifeste dans toutes ces localités, soit sur les
rochers auxquels la Brèche est appuyée, soit sur la Brèche elle-même. Ainsi à
Modon une ligne de cavités, dues aux Lithodomes, est tracée à la haUtèur de la
Brèche ferrugineuse, va en s’élevant vers l’intérieur du continent, et se retrouve
à Navarin creusée dans la Craie compacte, à une hauteur de 25 à 36 mètres au-
dessus de la rade; tandis que sur la côte dé l’Argolidéy depuis Nauplie jusqu’au
port T o lo n , on trouve ces mêmes cavités creusées dans la Brèche elle-même- et
que jusqu’au fond de la plaine d’Argos les rochers qui dominent la Brèche ferrugineuse
sont sillonnés par les stries produites par l’action de Y aura marina.
Les mêmes effets se produisent dans l’époque actuelle sur tous les rivages escarpés :
des amas de débris, mêlés de terre rouge, s’élèvent du fond du rivage, atteignent
la surface'de la mer, où- leurs caractères changent alors par l’addition des véritables
galets marins qui se forment à la surface, et par les corps flottés qui y sont rejetés;
les débris continuent à s'amonceler, mais leur consistant diminue à mesure qu’ils
s écartent de la surface de la mer, et la partie supérieure est tout-à-fait incohérente.