TERRAINS PRIMORDIAUX DES ÎLES,
peine subsaccaroïde, excepté dans un banc de tçois pieds, oit il est à la fois et
plus blanc et plus cristallin.
Toute cette région, qui.se lie à la côte de Coelina, est schisteuse, et elle est
également traversée par deux bancs remarquables de Calcaire, que l’on .aperçoit
de très-loin en mer. IÆsqu’on double l’Ue par le sud, ces bancs apparaissent comme
deux grands filons blancs, sépérés par une grande épaisseur de Schistes; ils sont
inelinés, comme les Roches avec lesquelles ils alternent, d’envijpn vingt degrés,
et appuient à l’ouest.
Dans les montagnes du Katomêria, et principalement au village de Monastéria,
on observe en abondance de ces Stéaschikes stéatiteux gris verdâtres, appelés Pas-
pd&o-pétra, associés à des Schistes tégulàires, qui pourraient être employés en guise
d’Àrdoises.
Vers la pointe nord de l’île, en face d’Andros, on trouve un Schiste carburé noir,
et des Stéaschistes gris et verdâtres, contenant de très-belles Pyrites de Fer, d’un
beauv jaûne, que les habitons ne vofs indiquent qu’avec mystère, dans la persuasion
oit ils sont, que c*est de^l’Or ou tout au moins du Cuivre.
Dans les, environs d’Oxoméria existent, au milieu du Terrain schisteux des
filons de Plomb sulfuré cubique (Galène), très-riches et très-susceptibles d’exploitation,^
en juger d’après les échantillons recueillis par les gens du pays, qui furent
qpmiiinhiqués à M. Bory de Saint-Vincent, mais dont on nejyoulut jamais lui
indiquer le gisement. (Voyez la Relation.)
Les belles et grandes exploitations qui fournissent tout, le Marbre qu’on exporte
dans le Levant, sont situées le long de la côte occidentale, à partir de deux
lieues au nord de San-Nicolo fûsqu’à l’extrémité septentrionale de l’île. Parmi
ces JV|arbres il y en a Je blancsfcssez purs, un peu nacrés, et présentant à peu près
le méïne grain que celui de Paros; mais ils soap pour la plupart mélangés de
teifires bleuâtres ou fort élégamment rubannés de bleu turquin. Les carrières de
Tine sont, pour ainsi dire, les seules actuellement en exploitation dans toute
la Grèce. Aussi en transporte-t-on les produits jusqu’à Constantinople, Smyme
et autres points du continent et des îles. L’église de Syra en a été en grande
partie^construite, ainsi que le bizarre et somptueux monastère de la Panagia, qui
domine la ville de San-Nicolo, qu’on regarde comme le plus beau temple de la
Grèce moderne, et qui se distingue dans la vue de Tine, dont M. de Vaudrimey
a enrichi notre Atlas. (Voyez pl. XXXVLfde la i.re série.) Les Gneiss de cette
région, sur lesquels reposent les Calcaires, se pulvérisent facilement et donnent
naissance à un sable très-micacé, luisant, qui couvre toute la côte,
. L’on exploite aussi à Goura, vis-à-vis d’Andros, la variété d’Ophiolitbe que nous
avons citée sous le n,° 2 de la page 47» et représentée dans la fig. 4 de la pl. XVI;
. on l’y appelle pctçpuçov ttçccsivov*, c’est-à-dire Marbre vert. On en a obtenu dernièrement
de belles plaques, quitont été employées pour la décoration du sanctuaire
de la Panagia dont il vient d’être question.
Il serait possible que l’ancien nom d’Ophiussa eût été donné à Tine pour
exprimer la ressemblance d’une grande partiè de ses Roches avec la peau des
Serpens, plutôt que pour indiquer que l’île était^remplie de Serpens ; car il n’y
a aucune raison^pour supposer que ces reptiles aient jamais été plus nombreux à
Tine qu’ailleurs. M. le colonel Bory, qui s’occupait beaucoup de cette classe d’animaux
durant notre voyage, en a même remarqué en moindre quantité que dans les
îles environnantes. Il paraîtrait d’ailleurs que les Ophiolithes y ont été aussi exploitées
dans l’antiquité sous le nom d’OphlÔides ou Opbides, car nous en avons
rencontré des fragmens polis parmi les ruines anciennes ; et la description que
donne Dioscoride de ces Roches, se rapporte très-bien aux diverses variétés de
SerpentineS'de l’île de Tine. Ainsi, quand il dit que dans le genre des Pierres
appelées Ophites1, les unes sont pesantes et de couleur, noire ; d’autres ont une
couleur cendrée et sont marquées de points, et qu’une^çoisième espèce présente
quelques lignes blanches, l’on peut très-bien appliquer cette description aux
diverses variétés d’Ophiolithes qu’on trouve dans l’île, et dont nous avons donné
précédemment l’énumération.
L’on dit que dans les sables de la rivière d’Aghapi il y a des paillettes d?Or, et
qu’un orfèvre en a obtenu ce métal précieux2 ; mais il est probable que c’est un
conte, et que les prétendues paillettes d’Or ne sont autre chose que du Mica
jaune doré.
La Terre végétale de Tine participe ^essentiellement de la nature des Roches de
l’île; elle est généralement argileuse et douce, ce qui tient^particulièrement à la
décomposition des Feldspaths. Dans l’Apanoméria, du côté du midi, où les Roches
serpentineuses et talqueuses dominent, elle est noire, tandis qu’elle est d’un jaune
rougeâtre du côté du nord-est, où l’on trouve des Pegmatites rouges : c’est avec
cette dernière Terre, que dans un endroit appelé Avedo, sur la côte sud-ouest, non
loin d’une sorte de pyramide hellénique de la plus haute antiquité, on fabrique des
poteries. Dans le Katomêria la Terre est en général noirâtre ou d’un brun foncé.
En résumant ici tout ce qui vient d’être dit sur les différentes Roches de*Tine,
on aura pour la masse constituante de l’île les espèces suivantes :
i.° Des Granités gris en grosses boules ; a.° des Pegmatites rouges et brunes,
i . « In hoc lapidum genere, quidam est ponderosus ac niger ; alter cinereo colore spectatur,
« punctis distinctus; ter tins lineis quibusdam candidis intcrcinctus. » (Dios., lib. V, cap. CLXlIÿ)
a. Voyage à Tinos, par le docteur Zolloni.