Arcadie, auquel 09 doit joindre les Marbres de Tripolitsa, avec fossiles en partie
marins et en partie lacustres, qui représenteraient, fait très-remarquable, les assises
inférieures de la formation crétacée en Angleterre (Purbeck-stone et Weald-Clay),
groupe lacustre, que l’on désigne sous le nom de Veldien, et auraient encore plus
d’analogie avec certaines? eouches inférieures de la Craie du midi de la France, Où
les fossiles sont en partie lacustres , en partie fnarins.
Cet çtâge a éprouvé des modifications remarquables, qui ont produit des Dolomies,
des Rauwackes, des Gypses et des Marbres grenus. Il nous a paru qu’il y
avait eu une dislocation entre son dépôt et celui de l’étage suivant, et que par suite
une partie' de la LacOnie centrale et de la Haute-Arcadie avait été soulevée au-dessus
des eaux ; phénomène qui ^pourrait coïncider ou avec la première apparition des
Serpentines, ou avec celle des Roches entritiques.
2.° A cet étage succèdent les premiers Grès verts, qui paraissent liés intimement
à des Jaspes et à des Ophiolitheà;' et'“au-dessus, la grande formation que nous
avons désignée sous le nom de série des Calcaires lithographiques : elle se compose
de Calcaires compactes de couleurs variées, verdâtres et lie de vin à la base;
puis de Calcaires jaunes, et enfin d’une grande épaisseur de Calcaires gris dé fumée.
L’abondance du Jaspe et.des Silex dans la partie inférieure^ et les petits filons spa-
thiques dans toute la masse, la caractérisent ; les fossiles y ont disparu, et nous n’avons
pu y reconnaître que quelques empreintes d’Hippjirites et d’autres fossiles d’espèces
indéterminables, j C’est l’ensemble de ces deux systèmes de Roches qui constitue
le second étage^de¿noire Térrain crétacé.
3.° Au-dessus, en gisement non concordant, s’étend une grande formation arenacee,
dont les caractères ne nous ont pas paru tout-à-fait uniformes dans l’ArgOr-
lide et dans la Messénie. Dans cette demièreprovince ce sont des Poudingues de
plus de 000 mètres de puissance, et de nombreuses, alternances de Marnes et de
Grès' verts, que,surmontent des Calcaires blancs, compactes, comparables à la
Scaglia dés Italiens ,q u i forme partout en Morée le dernier terme de la série
secondaire. Dans 1’Argolidé‘ nous trouvons à la base du Grès ¡yert un agglomérat
ophiolithique qui, par l’abondance de ses fossiles, présenté une véritable anomalie:
dans le nombre plusieurs se retrouvent dans le Goral-Rag'du noéd-est de la France;
mais la connaissance que nous aVons, depuis les travaux de MM. Élie de Beaumont
et Dufrénoy, du mélange dé ces mêmes fossîles avec ceux de là Craie au mont
Salève et dans le midi de la France, nous permet de croire qu’il en est ainsi en Morée.
A ce premier Système de Marnés et de Grès succède une grande série de Calcaires
com pactes, bréchoïdes, blancs, rouges «et Verdâtres, à fragmens de Jaspes et
de Serpentines, que nous n’ayons point retrouvés dans la Messénie, et un Grès
rudimentaire très-remarquable, eh ce qu’il est formé, en partie de gros fragmens
de Roches primitives qui n’existent pas dans le pays, et qui doivent avoir été
arrachées au sol lors de l’apparition des Serpentines; viennent ensuite,, comme dans
la Messénie, les Marnes-et la- Scaglia. Ce troisième étage paraît avoir Succédé à une
dislocation partielle de la formation crayeuse, lors de la dernière apparition des
Serpentines, peut-être aussi lors de l’épanchement des Spilites.
Nous pouvons donc rapporter toute notre formation secondaire à trois épocjlïes
géognostiqués: 1° Calcaires bleus; 2° Grès verts inférieurs et Calcaires lithographiques;
3.° Grès verts supérieurs et Calcaires blancs.
Toutes nos observations tendent à prouver qu’il y a eu en Môréé, pefidant Kn-
tervalle où s’est déposé ce grand Système crayeux, deux dislocations .principales
du sol, mais qui n’ont pas affecté la formation dans toute Son étendue, et n’ont
point renouvelé complètement les êtres organisés : ainsi les Hippurites et les Dicé-
rates se montrent dans tous les étages, quoique leurs direction et inclinaison soient
souvent différentes, et appartiennent à des dislocations indépendantes de celle du
Système Pindique ou du m'ont? Viso, qui affecta puissamment tous1 lés étages, et
effaça en grande partie la trace des bouleversemens antérieurs.
Le soulèvement du Pinde, en rèlèvant le Terrain crayeux de la Morée, paraît
s’être opposé au dépôt de la partie supérieure de la Craie; mais plus tard, l’abaissement
dm sol permit le dépôt des deux formations tertiaires qu’on y observe, en
sorte qu’il existe entre la Craie inférieure et le dépôt tertiaire le plus ancien, une
lacune dans1 la série des formations. Ce n’est pas la seule qu’offre «¿cette contrée,
et l’on a pu ..voir, dans ce chapitre même, que les Terrains inférieurs à la Craie y
manquent presque entièrement;'car, si la formation des Marbres siliceux du Taygèté
n’était qu’une modification du Terrain crayeux in fér ieu r ;'il y aurait absence du
Terrain jurassique, du Muschèlkalk, du Grès bigarre et du Terrain carbonifère.
Si l’on voulait établir des rapports de composition entre la formation crayeuse
de la Morée et celle du midi delà France ’, on verrait qu’eUes contiennent l’une et
l’autre des couches de Lignites, et très-probablement du Sel gemme, à en juger*par
les sources salées hu saumâtres, qui sourdent dans un grand nombre <3e localités
du milieu des Calcaires dè cette formation; et si, comme cela est très-probable,
les Calcaires à Nummulithes et à Hippurites de la Dalmatie et de l’Albanie appartiennent
à la même formation, ils offriraient un point de ressemblance de plus avec
ceux des Pyrénées, parla présëhce. des dépôts de Gypse et de Sel gemme (voyez
chapitre I.", Résumé de nos connaissances géologiques sur la Grèce continentale,
page 3g).