224- TERRAIN TERTIAIRE*.
forrffent le col, sont fortement corrodés et percés de trous arrondis, remplis d’Argile
ocreuse; phénomène sur lequel nous reviendrons plus tard, en parlant des érosions
dues à la mer.
Aprè'&'avoir dépassé le col,' On ne tarde pas à retrouver le Calcaire tertiaire,
et avec lui*la ligne des Lithodomes, qui descend vers la radé de Navarin, comme
tout à l’heure nous l’avons vue descendre vers Modon. Depuis la fontaine au-dessous
du col jusqu’à la citadelle, on trouve des nappes de Calcaires entremêlés de couches
de Brèches, à ciment ferrugineux; les bancs calcaires, exploités pour les travaux de
la citadelle, sont moins cristallins que ceux de Mbdon, mais donnent néanmoins
une excellente pierre de taille. C’est un Calcaire jaunâtre, grenu, à grains très-fins;
dans lequel, indépendamment du Sablé çalcarifère, on voit ces petites parties d’un
beau blanc que nous avons remarquées partout dans les’Calcaires sablonneux de la
Morée, et qui, selon nous, ne seraient que de très-petits débris de coquilles à moitié
d?écompôsées, tels que ceux dont nos dunes océaniques sont remplies dans certaines
localités.
Les Calcaires Poros de Navarin reposent sur la Craie compacte qui, un peu au-
dessus du niveau tertiaire, est toute corrodée par les cavités sinueuses et irrégulières
dont nous avons déjà parlé; et il est à remarquer que le Calcaire .tertiaire nepénètre
pas dans ces cavités, et qu’elles ne sont remplies que d’une terre oéreuse, qui
donne une couleur de sang au sol des environs deÎNavarin. Au-delà du faubourg
de*cette ville, en se dirigeant vers l’hôpital de la Marine, on ne trouve plus que
les Argiles bleues, depuis le niveau, de lamer jusqu’à la hauteur de 5o à 60 mètres;
en sorte qu’il y a euiéneore ici, comme à Navarin, une dislocation avec'failles,
suivant le lit du torrent, ou dans la direction du nord au sud. Les Argiles bleues,
dans leur partie supérieure, contiennent beaucoup de fossiles, dans lesquels les plus
abcmdans, sans exception, sont le Pectunculus Glycimeris, le Cerythium vulgatum
et le Cardium edule. Nous avons’trouvé dans les Marnes bleues* de la falaise^, à 3o
ou 40 mètres au-dessus du niveau de la mer’, un banc de Lignite^-qui mériterait
d’être exploité; son épaisseur dépasse un pied, et il parait formé.par de gros débris
de conifères, ddnt le bois et l’écorce ont encore conservéeleur/tissu; des-chapelets
dè -|outtelettes. de ^résine se trouvent au milieu de la masse dés Lignites et souvent
dans les Argiles qui les supportent.
On trouve un lambeau des Sables’ supérieurs‘aux Marnes bleues sur le bord de
la rade» au-dessous du";consulat de Fçancèf il renferme beaucoup de fossiles,
entre^iutres les Terebratula inflexa et vilrea ,<$v.êc des oursin» et des fragmens
de la Coronulla, qui n’avait pas encore été trouvée fossile.
Gisement jße Marathonisi (voyez planche VI, fig. 1). Les dépôts tertiaires du
plateau de la Messéni» semblent s’être formés sur des bas-fonds éloignés dès
terrain tertiaire. J125
hautes montagnes littorales et à l’abri des produits-fluviátiles; ceux que nous allons
décrire ori#des caractères tout différens et se reconnaissent pour des dépôts formés
au pied&le images escarpés et sillonnés par les torrens. A un quart d heure
au nord de Marathonisi, avant d’arriver sur l’emplacement de l’antique Gÿthium,
où M. le colonel Bory de Saint-Vincent fit établir nos tentes, la mer baigne le pied
d’une falaise de 60 mètres d’élâyàlion, taillée dans les divérs étages^de la forma--
tion tertiaire; on y observe de bas en haut:
Premier étage. Une Argile rpugë, avec cristaux de Sélénite, paraît au niveau de
la mer et est recouverte par uñ grand agglomérât de graviers schisteux et quàrtzeux,
enveloppés dans du Sable .et de la terre rouge, sans un seul débris calcaire; le
Sable forme en outré, dans la masse, des-ppdules alongés plutôt que des couches.
On y remarqué encore quëlques lits de Marnes rougeâtres et de terré gri^e chargée
de°Carbone, qui paraît résulter de la destruction d’une ancienne terre, végétale.
Deuxième étage. Au-dessus de ce premier étage, qui a nu moins i5 nôtres Se
puissance, paraissent Quelques couches d’Argiles ferrugineuses, rouge de brique,
«.os 3, 4, 5 de la coupe; puis d’autres, bleues et noirâtres, avec un Lignite pici-
forme, qui a l’aspect de l’encre ^de la Chine. Ces couches sont pyriteuses, renferment
des cristaux de Gypse, et donnent naissance à des efflorescences salines r
formées de Sulfate de Fer et 11’Alumine ; nous crôyons même y avoir observé de
l’Alun en aiguilles très-fines. La couché n.° 8 est presque entièrement formée gar le
Cardiüm edule et par des Cérithes. Une couche de Sable verdâtre, calcarifère, toute
rçoeplie, comme à Coron, de tubulures ferrugineuses, sépare cette couche coquil-
fière du premier grand banc d’Huîtres, n.° 10, qui a près d’un demi-mètre de puissance.
Les Huîtres adhèrent fortement entre elles, sans ciment et sans mélange
d’aucun autre .-.fossile; elles appartiennent à l’espèce nommée Ostred Cornucopia.
Des Sables micacés, gris-verdâtres, succèdent et sont recouverts par un second
banc d’Huîtres, plus épais encore que le précédent. Les trois couches coquillières,
et surtout les deux bancs d’Huîtres, présentent seuls quelque consistance, en sorte
qu’ils font corniche-du côté de la mer.
Un troisième^étage est formé de Sables gris ou verdâtres, très-micacés, comme
tous les débris de .là décomposition du Grès vert; son épaisseur est de 4o mètres,
et il est séparé en deux parties, égales par un petit banc calcaire, n.° 17, tout
rempli de Cardium edule. Enfin, lesommet de la colline, n.° 19, qui supporte une
chapelle, est composé de quelques ctsmches assez minces de Calcaire Poros qui recouvrent
cet énojyne amas de matières-iqcohérentes, et constitue le quatrièmeâtage.
Nous voyons ici les Marnes bleues remplacées presque entièrement par un Terrain
détritique, agglomérat de terres et de graviers jetés dans ime mer profonde par des
torrens qui traversaient une région schisteuse ; le fond s’étant exhaussé et le régime
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