il nous a été impossible de vérifier si elle supporte des Schistes alumineux gris
bleuâtres, comme sur le revers oriental, notamment à la fontaine de Vouvalos à
Mis ira. Ce Calcaire massif ne se dissout qu’avec difficulté dans les acides, et laisse
un précipité abondant de Silice ; il ne paraît pas contenir plus de magnésie que les
autres Marbres de la Morée, et, s’il renferme de nombreuses cavernes, il n’a que
rarement la structure poreuse de la plupart des Dolomies.
La citadelle de Mistra est construite sur la pointe d’un rocher de cette" nature,
qui s’élève verticalement de près de 4°° mètres au-dessus de la gorge où coule la
Pantalimonia. On voit dans le col qui unit la citadelle aux montagnes, ainsi
que dans le lit du torrent, que cette énorme masse calcaire est enclavée dans les
Schistes alumineux;' Roche que l’on a rarement observée dans les Terrains secondaires.
Nous pouvons déduire de nos observations quelques conséquences sur la direction
et l’âge de la chaîne du Taygète. Les Schistes anciens avaient déjà été soulevés
et plissés dans la direction du N.-O. au S.-E. Le groupe des Terrains talqueux
avait participé à ce mouvement, lorsque les Marbres siliceux se déposèrent à
leur surface, dans le fond du bassin qu’occupe aujourd’hui la chaîne du Taygète.
Plus tard, une fracture dirigée nord 20° ouest, détacha et souléva à plus de 2000
mètres de hauteur un prisme de 25 lieues de longueur, sur une largeur qui ne
dépasse pas 3 à 4 lieues.
Les Marbres soulevés au sommet du prisme conservèrent à peu près leur caractère;
mais ceux .qui, à l’est et à l’ouest, glissèrent sur ses flancs, furent totalement
altérés, et convertis en une masse compacte sans stratification.
Nous résumerons ainsi les caractères de cette formation: au sommet delà chaîne,
division en bancs multipliés et parfaitement distincts ; le Calcaire constamment à
l’état' cristallin et sans autre matière c.olorante que des substances organiques, qui
lui donnent des teintes grises, bleuâtres ou noires; absence presque complète du
Talc, si abondamment répandu dans le groupe calcaréo-talqueux; et enfin, la Silice
disséminée dans toutes ses assises et unie au Calcaire, non par voie d’agrégation
mécanique, mais par suite d’une"<3issolution chimiqüe’contemporaine : sur les flancs
de la chaîne, masse plus ou moins-homogène, sans stratification, d’un Calcaire
siliceux, passant du grenu au compacte et au terreux.
Il est à remarquer que la précipitation de la Silice a été quelquefois contemporaine
, et quelquefois séparée de celle du Calcaire; que dans ce dernier cas elle a
donné lieu à des couches bien réglées,.ou à des nodules allongés de Phtanite, et
que dans le cas d’une précipitation contemporaine elle produisait du Quartz à l’état
grenu, ou des cristaux^bipyramidaux. C’est à l’abondance de ces grains de Quartz,
disséminés dans tout l’ensemble.de la formation, que sont dus les sables fins et
brillans que l’on trouve dans le lit des torrens du versant occidental du Taygète,
et les jolis cristaux de Quartz, disséminés au milieu des alluvions anciennes. „
Une observation déjà faite à l’occasion des.Marbres de la sérié Aqueuse, trouve
encore ici son application; les Calcaires de laverie siliceuse, les plus voisins de
l’étatcompacte, sont ceux qui reposent sur les Terrains anciens, ou dAmomsoccu-
pent la .parue inférieure de la série ; et les plus cristallins se trouvant 4 la partie
supérieure; observation qui semble infirmer l’opinion assezçn vogue, que la plupart
dés Marbres, grenus ne doivent leur texture’ qu’à üne fusion postérieure à
leur dépôt. _ . .
Partout nous avons Remarqué que les premières»coucnes calcaires, qui succe-
dent immédiatement aux Roches schisteuses, sont plus compactes et plus mélangées
que le reste detiÿformation, ce qui Explique très-bien par l’influence qu’ont
dû exercer, suivies premiers précipités «AStres, les dernières parcelles des Miches
sur lesquelles ils se déposaient; mais on ne pourrait concevoir qu’une cause quelconque,
liée aux phénomènes ignés, eût pu convertir à l’état de Marbre les assises
supérieures, et laisser à l’état compacte les assises inférieures. Une autre considération
vient à l’appui de ce qui précède : c’est la multiplicité des couches, toutes ’
régulières, et parfaitement distinctes par leur couleur et leur composition, qui
forment cette série. Une action capable de modifierja texture de ces Roches, sur
une épaisseur de plus de tjoo mètres, aurait sans dcilAe fait.disparaître ces joints
si délicats de .stratification, si elle i-avaif fondu le tôut dans une seule et même
masse, partout identique de texture et de-couleur. Cest, au reste, ce qui, dans
notre opinion, est arrivé aux parties de ceue'fôimation,qui, du côté de l’Eurotas
et du côté de l a M e s s é n ie , bordent le pied de la chaîne Dans cette position, soumises
à des influences auxquelles échappaient^ coudes redressées du sommet, elles ont
été en grande pan» converties, smon en Dolomie, du moins en une masse cristal-
line, homogène et sans stratification. ' 0 - Æ
Nous avons vu que cette formation avait des limites bien tranchées (Tans sa partie
inférieur^ et qu’elle se séparaithettement des Terrains plus anciens; nous devons
dire qu’il n’en estnas ainsi à sa partie supérieure, éifertaines analogies de gisement
et de composition; pourraient faire penser qti’èlle n’est qtie la partie inférieure du
grand Système shiroil, modifiée dans la Laconie par des circonstances locales. Ainsi
les Calcaires bleus, souvent à l’état de Marbres, du Lycovouno, du Cùurcoula et
de toute la région Monembasique, se montrait à peu de distance du Taygète divisés
en bancs multipliés, reposant également sur la tranche du Terrain schisteux, et
sans l’intermédiaire des Argiles schisteuses ou des coubhes arénacées. En outre,
leJ^tratification, comme celle du Système des Calcaires lithographiques dans la
majeure partie du Péloponèse, est éiâcteinent celle des Marbres siliceux du Tayii.
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