plantes marines qui s'attachent ordinairement à la carène des vaisseaux. Ce résultat
était vraisemblablement dû à l’action des gaz qui les faisaient mourir, après quoi on les
détachait facilement On-y envoya à cet effet plusieurs de nos bâtimens de guerre,
et entre autres le vaisseau de ligne le Breslaw; mais, soit que l’action ne fut pas
permanente ou qu’elle ne -s’exerçât pas sur tous les points, cela ne réussit pas toujours.
M. le commandant De Lalande a fait à ce sujet diverses expériences, dont
aucune n’a paru bien concluante. On prétend, qu’il y a un courant se dirigeant du
nord au . sud vers la ville de Phira, à travers le petit canal de Diapori.
Néo-Kaymméni présente dans sa partie méridionale un petit port, appelé J^ulcano,
où il se dégage encore aujourd’hui une odeur méphitique. Il peut recevoir tous les
bâtimens, ayant onze brasses de profondeur à l’entrée et six vers le milieu, avec un
fon,d de Sable mêlé de Roches. Ce Sable volcanique assez fin est d’un gris-noir foncé ;
il est principalement-composé de petits grains de Titaniatè de fer et de Quartz hyalin.
C’est dans cette anse, formée en partie par l’Ile-Blanche et les derniers accroissemens
de File-Noire, que coulaient encore long-temps après que le volcan fut éteint ces
matières jaunâtres et rougeâtres qui troublaient la mer jusqu’à une assez grande
distance ; il s’en exhale encore parfois une odeur très-fétide.
La partie méridionale de l’île, occupée par le cône d’éçuption qui a enveloppé
File-Blanche et Fa couverte presque entièrement par l’accumulation successive des
matières rejetées de son cratère, est bien plus élevée que'la septentrionale; celle-ci
forme les trois quarts de la surface de l’île et n’est due qu’au soulèvement de Laves
consolidées. Vue de près, elle ne présente que des rochers noirs, luisans, entièrement
riùs, brisés et tranchans : ils sont composés d’Obsidienne porphyroïde brune
ou noire, smalloïde, passant au Traehyte et présentant souvent des surfaces scoriacées,
rugueuses, d’une très-grande ténacité, à cassure conchoïde ou'droite ; cette
région est d’un accès d’autant plus difficile, qu’elle a été fracturée, sillonnée de
fentes ou crevasses profondes, et qu’elle est uniquement formée demasse^,entassées
pêle-mêle et confusément, ainsi qu’on pourrait se le figurer d’une surface de glace
qui aurait été brisée et successivement soulevée et abaissée à plusieurs reprises. Ce
n’est donc pas sans quelque danger que, les premiers peut-être, nous l’ayons parcourue
dans son entier avec M. le colonel Bory de Saint-Vincent : le moindre faux
pas sur des surfaces d’émail expose l’explorateur à tomber dans quelque précipice
ou sur des rochers tranchans comme des lames d’acier. Toutes ces masses si déchirées
ont évidemment coulé et paraissent-s’être éparichées au fond du grand cratère;
leur surface présente des plaques scoriacées et huileuses, comme on en observe sur
presque toutes les coulées du Vésuve, et que le-:colonel comparait à ces -Scories
intraitables appelées gratons à Mascareigne.
Les Roches dont les débris composent le cône, consistent principalement en
plusieurs variétés de très ^belles Obsidiennes porphyroïdes, noires, à nombreux
cristaux de Feldspath, quelquefois à éclat -résinoïdë ou vitreux; les unes passent
ait Traehyte, ét d’autres sont scoriacées et ponceuses. Nous y avons.aussi observé
la variété verdâtre, légèrement poreuse, assez semblable à certains Pechsteins,
qui compose une grande partie du cône de Mikro-Kaymméni ; et que l’on trouve
également à Santorin. Parmi les conglomérats qui se sont formés à la surface de
Néo-Kaymméni, les uns à ciment rougeâtre, les autres .à ciment blanchâtre ou
jaunâtre, nous avons observé quelques Trass légers, blanchâtres et pénétrés de
cristaux de Soufre.
La végétation commence à peine à. s’établir sur cette île, qui ne date que de
Cent vingt-sept ans, et encore n’est-ce. que sur les dépôts de Cendres, de Scories
et de Rapillis qu’elle se rencontre. La partie rocheuse n’en présentera probablement
pas de long-temps, si ce n’est ce Lichen du genre Slereocaulon, décrit dans la Flore
sous le n.° 1428 , et qui commence à se dévélopper le premier dans les fentes de
ces masses vitreuses si dures.
Le caractère tiré de la végétation à la surface des trois îles aurait donc pu très-
bien servir, à défaut de documens historiques, à établir leur ancienneté relative.
Ainsi la surface gazonnée et en partie couverte de Lentisques-de Palæo-Kaymméni
aurait suffi pour la faire regarder comme beaucoup plus ancienne que les deux
autres, lesquelles, nées seulement à cent trente-quatre ans de distance, présentent
cependant déjà des différences sensibles.
Depuis l’apparition de la Nouvelle-Kaymméni, le fond s’est sensiblement élevé
entre cette île et la Vieille-Kaymméni, et l’espace où les bâtimens peuvent mouiller
a beaucoup augmenté en étendue. Au nord-ouest de là nouvelle île, en un endroit
où l’on ne pouvait trouver le fond avec la sonde, on trouve aujourd’hui la Roche à
quatre-vingt-dix brasses, tandis- que très-près de Skoro on n’atteint le fond qu’à
cent soixante ou cent soixante-dix brasses, et près d’Àkrotiri, on ne le rencontre
pas même à deux cents. Alexandre le Grand fit sonder la rade en plusieurs endroits,
sans pouvoir y trouver le fond.
Un nouveau banc de Roches qui paraît s’élever de jour en jour annonce la formation
prochaine d’une nouvelle île. Ce banc est situé entre la Petite-Kaymméni
et le port de Thira, à peu près vers la moitié de la distance. Du temps d’Olivier,
qui visita l’île de Santorin dans les premières années de la République française, les
pêcheurs assuraient que le fond de la mer s’était considérablement élevé depuis
peu dans cet endroit, et la sonde ne donnait plus alors que quinze a vingt brasses;
mais on n’y pouvait jeter l’ancre, parce que c’était un fond composé de Roches
dures et tranchantes qui coupaient les câbles aussitôt. En Juin 1829, M. De Lalande
sonda ce banc avec le plus grand soin, et n’y4trouva plus que quatre brasses et
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