dant, mais dont la nature annonce la suspension des causes régulières qui avaient
présidé à cet immense dépôt. C’est une Brèche ou plus exactement un Calcaire
réticulé etbréchoïde, à la manière des Marbres de Campan; la masse est de couleur
grise, divisée par des veines: rouges et vertes, et pourrait fournir des Marbres de
la plus grande beauté.
Au-dessus de cette grande série commencent les Roches arénacées; mais avant
d’aller plus loin dans la description de, cette coupe, nous devons faire connaître
quelqueSypartiés de l’Argolide où l’on rencontre la formation calcaire que nous
venons de décrire, et qui forme pour nous un Groupe moyen dans le Terrain
secondaire; nous citerons comme second exemple la montagne de l’Hagios-Élias à
l’est de Tirynthe.
La stratification y présente la même singularité qu’à la Palamide : tandis que les
couches de la partie orientale s’appuient vers le S. O., celles de la partie occidentale,
dirigées comme à la forteresse d’Itçhkali, s’appuient en sens inverse Ou vers le N. O.
Mais ce n’est pas là où s’arrête la discordance de stratification, la masse occidentale
paraît avoir éprouvé un renversement comp|èt; il en resuite qu’a partir du centre
de la montagne, qui répond à la gorge où sont des carrières antiques, on trouve
vers l’ouest et vers l’est toutes les superpositions en sens inverse.
Coupe de l’Hcigios - Elias.
i.° La couche qui nous a paru inférieure à toute la série est un Calcaire compacte
un peu schisteux / rouge violet ou fleur de pêcher, traversé de veines blanches*
c’est le banc exploité par les anciens.
Au-dessus se voient, comme à la Palamide, des Calcaires schisteux violets,
avec Jaspe rouge,
3.° Des Calcaires blancs et violets, quelquefois rouge de chair, avec les plus
beaux Jaspes jaune de miel et rouge grenat.
4 ° D’autres Calcaires jaune-paille, pénétrés de petits traits fins de couleur violette
ou rouge de sang.
g f Enfin, de nombreuses couche^sinueuses de même couleur et blanc jaunâtre.
Ces diverses couches c, d , e, peu épaisses et très-contournées, comme celles
de la Palamide auxquelles elles correspondent, supportent aussi un énorme Système
de Calcaires gris de fumée en bancs réguliers,'dont l’épaisseur totale atteint
3 à 400 mètres,
L’Argolide offre un grand nombre d’autres localités, où l’on pourrait étudier
cette partie du Terrain secondaire. Nous pourrons citer les montagnes au sud de
la roùte d’Argos à Épidaure, notamment le mont Vélonidia, qui s’élève au-dessus
TERRAIN SECONDAIRE. 463
du Hiéron d’Eseulape; la chaîne abrupte des montagnes de Phanari jusqu’à l’Qr-
tholithi, chaîne déchirée dans toute son étendue par des fentes étroites et profondes,
dontTorigine est due, sans doute, aux phénomènes volcaniques qui, près de
là, ont bouleversé récemment Méthana; les Calcaires compactes des îles d’Æginè,
d’Angistri, Moni, et ceux de Méthana, dans lesquels M.Virlet a trouve des Diçérates;
les Calcaires de l’Herniionie, ceux qui dominent Damala, parmi lesquels on en
voit de couleur lie de vin, à texture cristalline et filons spathiques;une partie du
mont Parthénius, du côté d’Aglado-Campo, etc.
Nous avons choisi les deux localités que nous venons de décrire, comme les
mieux étudiées et les phis faciles à vérifier, à raison de leur proximité de Nauplie;
piflis un motif de plus recommande à notre attention la montagne de l’Hagios^Élias,
près de Tirynthe,, c’est l’intérêt qu’elle offre sous le rapport archéologique.
Nous nous sommes assuré, en effet, que cette montagné avait fourni une grande
partie des blocs de l’Acropole cyclopéenne de Tirynthe, que l’on croyait extraigj
du rocher même sur lequel elle repose. L’espacé de 6 à 800 mètres qu’ils ont dû
parcourir, ajoute encore à 1’étonnem.ent que la vue de leurs masses fait éprouver.
Les uns appartiennent aux Calcaires gris de fumée; les aùtres au Calcaire violet
compacte; et les premiers pouvaient seuls provenir du rocher de Tirynthe, dont
le Calcaire est de cette nature : nous dûmes chercher l’origine des seconds dans les
collines du voisinage
La partie occidentale de l’Hagios-Élias, où dominent les Calcaires gris de fumée,
nous offrit bientôt des traces incontestables d’exploitation, quoique aucune carrière
n’y eût été ouvertè; je trouvais partout le rocher à nu, dés arêtes vives, des?sur-
faces sans altération sensible, des blocs qui, sans avoir été enlevés, avaient été
écartés de leur posiqon : l’état inaltéré des surfaces au milieu de rochers rugueux et
sillonnés indiquait la' période actuelle (voyez notre mémoire sur les altérations des
rochers calcaires); les dêplacemens des blocs et leurs cassures multipliées annonçaient
les travaux des hommes. On voyait que l’on avait profité de la multiplicité
des couches de im à i “,5o d’épaisseur, et de leur division par des fissures transversales
pour enlever tous les parallélipipèdes irréguliers, susceptibles d’être détachés
sans grands efforts, et qu’on n’avait abandonné, au pied de la pente, que des blocs
d’un faible volume au milieu d’un amas de débris.
Les Calcaires gris de fumée avaient donc été eux-mêmes transportés à Tirynthe,
et on n’avait pas, comme il pétait facile de le prévoir, détruit une partie du petit
rocher noyau de l’Acropole pour élever ses murailles.
En avançant vers l’est, au point où les couches brisées changent de direction
et d’inclinaison, on rencontre la carrière de laquelle sont sortis les blocs de Calcaire
compacte rouge, qui forment à peu près le quart des matériaux de Tirynthe.