voyageurs citent encore dans cette grotte du Fer oxidé mamelonné en grappes,
qu’pn appelait autrefois Botroïdes.
BÉLO-POULO on KAYMMÉNI, est une très-petite île, située en face des côtes
orientales deMorée, à neuf lieues est-nord-est de Monembasiej elle a environ deux
milles «^étendue du riord-ouest au sud-est, et tout au plus six de tour; on n’y
trouve pour toute habitation qu’un métokhi, où résident ordinairement quelques
religieux. Nous avons tenté de nous y rendre plusieurs fois de Monembasie et de
Lénidi, mais toujours'les vents contraires nous en ont repoussé; nous ayons
cependant pu très-bien reconnaître qu’elle est, ainsi que l’indique son nom Ile-
Brûlée, qu’on lui donne indifféremment avec celui de Bélo-Poulo, volcanique:
elle se compose de deux massifs principaux, qui semblent avoir été séparés par une
grande fracture, d’où résulta un large filon jaunâtre, probablement de Tuf calcaire,
comme nous en avons reconnu plusieurs dans les Trachytes d’Égine : on aperçoit
une grande quanlitéed’autres petits filons de même nature à la surface; dont nous
nous sommes assez approché pour distinguer qu’elle est formée de Roches portant
toutes l’empreinte de la volcanicité : elles sont nuancées de teintes grises, violâtres,
blanchâtres et rougeâtres; aspect que certaines parties de Milo, Cimolis et Polyno
présentent aussi, vues de quelque distance en mer.
Nous n’avons pas visité non plus l’île de Phalkonérà, ni l’écuèil de Karavi,
également, situés dans la .direction de Milo, Polykandros et Santorin, entre la première
de ces Iles et la côte orientale de la Morée; mais un officier de marine, qui
avait été chargé d’aller les reconnaître, nous a assuré qu’ils étaient, ainsi que les
écueils de Kténia et des Annades, qui avoisinent de plus près Milo, de nature volcanique.
CHRISTIANIA (Xçioncivicc). Les îles, très-escarpées, connues actuellement par
ce nom, sont des pitons trachytiques, situés à quatre lieues au sud-ouest de Santorin;
lès anciens les nommaient Lagusæ ( Axy ovtjcu ) , nom qu’Athénée1 fait dériver
du grand nombre de lièvres,qui s’y trouvaient; mais il a probablement confondu
ces îles avec celles qui sont situées en face des côtes de la Troade, dans le voisinage
de Ténédos, et dont l’une porte encore aujourd’hui le nom de Lagousa, ou bien
avec d’autres petites îles du golfe de Smyme, qui portaient le même nom. Strabon
n’en indique qu’une «seule sous le nom de Acc-yoma, et au lieu de là placer au sud
de Sikino, il la place à l’ouest;
Pline, en parlant de trois petites îles, qu’il place à l’est de Santorin et qu’il désigne
parles noms d z Leo, Asçania et Hippuris, a voulu sans doute indiquer les rochers
de Christiania, On a prétendu qu’ils devaient leur nom moderne à ce qu’ils servirent
i. Page 3o , édit. de Casaubde
retraite à quelques chrétieùs, obligés de fuir à cause des persécutions qu’on leur
fit éprouver lors ^e l’établissement du christianisme; enfin, on a prétendu aussi
(Malte-Brun, Chorographie de la Grèce, tome X de sa Géographie universélle)
qu’elles avaient eu la même originë'que Santorin : bien que le fait soit vrai et qu’on
puisse les considérer, en quelque sorte, comme les témoins de l’existence dans cet
endroit d’une beaucoup plus grande île d’origine volcanique, à quelle époque s’est-
elle formée et quand a-t-elle été détruite? On l’ignore complètement, puisque les
auteurs anciens n’ont fait aucune mention d’un événement semblable; rien non
plus, dans les circonstances géologiques qu’on y .observe, ne nous a démontré que
ce fut un événement de l’époque actuelle.
Christiana, la plus considérable de ces îles, et qui paraît être l’ancienne Ascania
{ 'K okocvIoc) , est la seule sur laquelle, à cause de la nuit qui nous surprit bientôt,
M. Bory de Saint-Vincent nous put mettre à terre; mais les deux principales sont
assez rapprochées l’une de l’autre, pour que nous puissions assurer que leur nature
géologique est identiquement la même; la troisième, située à l’est de celles-ci, ne
peut pas être considérée comme une île, mais comme un simple écueil. Nous avons
trouvé dans l’île d’Askania :
1.° Diverses variétés de Trachytes die de vin, gris et bleuâtres, dans un bloc
desquels nous avons reconnu un beau fragment de Granité empâté;
2.° Des Trachytes gris-bleus porphyroïdes, à nombreux cristaux de Feldspath,
et à noyaux verdâtres, mélangée®de très-petits cristaux d’Amphibole, à grains plus
fins et variant de l’avellanaire au pugilaire ;
3.° Des Trachytes lilas ou gris ferrugineux et blancs, à teintes rougeâtres, altérés
et passés en partie à l’état de Trachytes alumineux et même d’alunite;
4*° Dès Breccioles à ciment lie de vin ou de teinte brunâtre, d’un bel aspect,
à très-gros fragmens trachy tiques, tirant au grisâtre, devenues aussi dures et aussi
consistantes que les Trachytes eux-mêmes ( voyez Pl. X, fig. 5, à.® série); ■
5.° Des conglomérats jaunâtres ferrugineux, endurcis, en partie altérés, à teintes
violâtres et blanchâtres, à fragmens de Trachytes divers et à pâte remplie de grains
de Quartz et de Feldspath, semblable à une pâte de Trachy te; ils contiennent une
assez grande quantité de Muriate de Soude;
6.° Des conglomérats à teintes ou surfaces jaunes, et à fragmens de Porphyre
trachytique, gris, bleuâtre et noirâtre: ce conglomérat est tout-à-fait semblable,
quoique un. peu plus consistant, à celui que nous avons observé dans le cratère
de Néo-Kaymméni à Santorin, et il paraît devoir, comme celui-ci, ses teintes
jaunef à des vapeurs de Soufre.
On a pu voir; par tout ce qui précède, que l’Alunite est une'des Roches les
plus répandues de la formation trachytique en Grèce : nous en ayons décrit à