quable, par les conséquences qu’il aura sur. la géographie physique de cette
région , résulte de l'étranglement du golfe de Lépante, entre les châteaux de
Morée et de Roumélie.
La largeur du détroit, donnée par Pline et par Strabon (moins d’un mille par
l’un, et.cinq stades par l’autre), ferait supposer, d’après la largeur actuelle, 2000
mètres, qu’elle s’est accrue d’une quantité considérable; effet qui peut avoir été
¡produit par quelques tremblemens de terre, avec affaissement du Terrain meuble,
comme il advint à .Hélice .et, à .u n e époque récente, à Ypstitza. Quoi qu’il
en soit, l’effet produit paroles causes actuelles est le resserrement du détroit; les
Sables s’avancent au loin sous la mer, et tendent à rejoindre le cap opposé;
tandis que les eaux qui pénètrent à travers le détroit, arrêtées par l’état station-
mire des eaux du golfe de Lépante, déposent bientôt la totalité des Sables et des
troubles qu’elles entraînaient. H en résulte la prolongation de la pointe de Dré-
panum, qui se recourbait en faux dès le temps de Strabon, ét s’avance sous la
mer en décrivant un demi-cercle, dont le détroit fait le diamètre; phénomène
que nous allons, voir se reproduire dans plusieurs positions analogues, et dont
le résultat sera de fermer le détroit par un port hémicirculaire et de convertir
le golfe de Lépante en un lac d’eau douGe, ou du moins saumâtre, si l’ordre
actuel des choses.est encore rong-temps sans être troublé.
La rade de Navrarin démontre* parfaitement ce mode d’action de la mer (-voyez
la carte, Pl. I de la i.re série, feuille 5). Elle ne communique aujourd’hui à la mer
que par deux ouvertures principales; mais au commencement de la période actuelle,
il eh existait une troisième, qui s’ouvrait à l’extrémité des lagunes de la partie du
nord. Les Sables, entraînés par le courant du golfe Adriatique, pénétrant par cette ‘
ouverture et se déposant dans l’intérieur du golfe, se sont élevés en dunes et ont
créé un port hémicirculaire d’une grande régularité : c’est le Boïdokhylia (ventre
de boeuf), au nord du rocher de Pylos, dont M. le colonel Bory nous a donné une
topographie de la plus grande exactitude (voyez la Pl. V). Le même effet se produit
aujourd’hui en dedans de l’ouverture située au midi de Pylos; les Sables s’amoncellent
en arcs de cercle, et la submersion d’un vaisseau brûlé d’Ibrahim accélérant leur
dépôt, on peut présumer qu’avant un siècle cette ouverture sera entièrement fermée
et formera un nouveau Boïdokhylià En face même de la grande ouverture, les
mêmes causes produisent encore le même effet : les eaux du large, amorties par la
résistance des eaux du gôlfe, déposent des Sables en dunes sous-marinés, dont les
sondes indiquent déjà la disposition circulaire.
• Nous avons cru devoir décrire ce phénomène avec détails, parce qu’il explique
la jonction des îles qui couvrent l’èntrée dés golfes, et la réunion des récifs
interrompus qui entourent lès îles ou les continens; et fait connaître, par suite,
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PHÉNOMÈNES RÉCENS. 357
comment, dans le cours de chaque période, së sont formés au pied des anciens
rivages ces dépôts mixtes ou1-lacustres qui terminent vers le continent, plutôt
qu’ils ne recouvrent, la série des .dépôts marins déila même période.
Dunes et Lagunes. Si nous faisons l’appliçation de ce fait aux côtes de la Morée,
nous voyons dans l’époque actuelle le mont Mavron-Oros du cap Papas lié au
rocher deKounoupéli; celui-ci au cap nord de l’île ou de la. presqu’île de Clarentsa,
dont le cap sud se rattache aux. rochers tertiaires de la presqu’île Scaphidia; enfin;
celle-ci se joindre aux rochers du fort Kléidi. Les bancs de Sables qui les unissent,
deviennent bientôt des dunes, et laissent derrière elles une suite de lagunes
de dix à douze lieues de longueur, et dont quelques-unes ont plus de trente
kilomètres de surface. : c’est le gisement des dépôts mixtes et lacustres de notre
époque; dépôts qui s’accroissent avec rapidité par les alluvions des torrens, les
Sables des dunes et les vases côquillières, que la mer y entraîne encore quelquefois.
Les dépôts des marais de l’Argolide diffèrent de, ceux dont nous venons de
parler#.en ce qu’ils sont exclusivement lacustres. On remarque dans les tranchées
ouvertes pour dessécher la plaine, un Terrain noir presque entièrement formé
de débris végétaux, dont les fossiles sont des ossemens de boeufs et de chevaux, et
une grande quantité de coquilles terrestres et lacustres, parmi lesquelles nous
avons été fort surpris de ne pas rencontrer la Mélanopside qui peuple aujourd’hui
en quantité innombrable tous les-ruisseaux de la plaine. v
On doit regarder toute la plaine de l’Hélos, depuis Skala jusqu’aux dunes à
l’embouchure de l’Eurotas, comme un produit lacustre de l’époque actuelle, mais
dans sa superficie seulement; car les alluvions de l’Eurotas, - qui traversé-1-des
défilés étroits avant d’y parvenir, ne sont qu’une faible partie des matériaux dont
la mer a comblé cette extrémité du golfe. S’il en était autrement, onwerraitun
delta se prolonger en mer à la bouche du fleuve; et au lieu de cela, là côte est
à peu près droite et perpendiculaire à l’action du flot, qui rejette Sables et
troubles.
Les dunes de la Morée, comparées à celles des côtes océaniques, ont peu
d’élévation et d’étendue, comme on doit le présumer d’après l’absence des marées,
le peu de violence des vents et du flot, et la pente rapide des rivages. Quelques
plages en sont même entièrement dépourvues, quoiqu’elles offrent au premier aspect
toutes les conditions nécessaires à leur existence; dans ce nombre est le fond du
golfe de Nauplie, depuis cette ville jusqu’aux Moulins. Nous croyons en voir la cause
dans l’absence des courans marins, qui permet les dépôts vaseux, dont l’action,
jointe à celle des cours d’eau de la plaine, entretient l’humidité des Sables et
s’oppose à leur, transport
Il se forme donc, en ce moment, sur les rivages de la Morée, des dépôts très